"Notre Espérance c’est Jésus", homélie du pape Léon lors de la messe finale du jubilé des jeunes à Tor Vergata
Devant plus d’un million de participants, 7.000 prêtres et 450 évêques, le pape Léon a prononcé l’homélie et donné un message d’espérance aux jeunes et au monde. "Nous sommes faits, non pour une vie où tout est acquis et immobile, mais pour une existence qui se régénère constamment dans le don, dans l’amour".
Le pape prononce une homélie inspirante lors de la messe finale du Jubilé des Jeunes à Tor VergataCe qu'il faut retenir :
- Messe finale à Tor Vergata en présence de plus d'un million de fidèles, dont 7.000 prêtres et 450 évêques
- Le pape explique l'espérance à partir d'un champ de fleurs
- S'inspirant de Saint Augustin, le pape invite les jeunes à chercher le bonheur en soi, c'est là que Dieu nous attend
- Il encourage les jeunes à s'engager avec humilité et persévérance pour se rendre meilleurs, pour améliorer la société, en la rendant plus humaine et plus fraternelle.
Résumé de l'homélie du pape Léon aux jeunes à Tor Vergata
La version complète est reprise plus bas.
Le pape Léon XIV a rappellé la veillée partagée et l’importance de l’Eucharistie comme « sacrement du don total de soi », à l’image du Christ. Le Pape a comparé cette célébration au chemin des disciples d’Emmaüs : « Ils pensaient qu’il n’y avait plus rien à attendre », mais leur rencontre avec le Ressuscité a transformé leur cœur et ouvert leurs yeux « à la fraction du pain ».
La liturgie invite à méditer sur la fragilité de l’existence, comme le dit le psaume : « une herbe changeante… le soir, elle est fanée et desséchée ». Cette finitude n’est pas une faiblesse mais une beauté : « La fragilité fait partie de la merveille que nous sommes ». Le Pape a exhorté à reconnaître la soif intérieure de sens : « Une soif si grande et si brûlante qu’aucune boisson de ce monde ne peut étancher ». Plutôt que de fuir cette soif, il propose d’en faire « un tabouret sur lequel nous pouvons monter » pour rencontrer Dieu.
En citant saint Augustin, il souligne que Jésus est la véritable espérance : « Tu m’as touché et je me suis enflammé pour ta paix ». Comme le disait aussi le Pape François à Lisbonne, il faut « se confronter à de grandes questions » et ne pas craindre d’être « assoiffés de l’intérieur, inquiets, inachevés ». Ce n’est pas une maladie, « soyons vivants », dit-il. À la question du bonheur, il répond que « la plénitude de notre existence ne dépend pas de ce que nous accumulons », mais de ce que nous savons « accueillir et partager avec joie ». Il appelle à élever le regard « vers les réalités d’en haut », et à cultiver des sentiments « de tendresse, de bonté, de douceur, de paix », comme ceux du Christ.
Enfin, il a exhorté les jeunes à viser haut : « Aspirez à de grandes choses, à la sainteté où que vous soyez », à l’exemple de Pier Giorgio Frassati et Carlo Acutis. Il les encourage à rester unis à Jésus par « la prière, l’adoration, la communion eucharistique, la confession fréquente, la charité généreuse », pour faire grandir la lumière de l’Évangile.
Il a conclu en confiant les jeunes à « Marie, la Vierge de l’espérance », les invitant à « contaminer tous ceux que vous rencontrez avec votre enthousiasme et le témoignage de votre foi ».

Homélie complète du pape Léon XIV a Tor Vergata au jubilé des jeunes
L’Eucharistie, sacrement du don total, de soi, que le Seigneur a fait pour nous
Très chers jeunes,
après la veillée vécue ensemble hier soir, nous nous retrouvons aujourd’hui pour célébrer l’Eucharistie, sacrement du don total, de soi, que le Seigneur a fait pour nous. Nous pouvons imaginer revivre dans cette expérience le trajet parcouru par les disciples d’Emmaüs lors du soir de Pâques. D’abord, ils s’éloignaient de Jérusalem, déçus, ils pensaient qu’il n’y avait plus rien à attendre. Après la mort de Jésus, plus rien à espérer. Et pourtant ils l’ont rencontré, Lui précisément. Ils L’ont accueilli comme compagnon de voyage. Ils L’ont écouté pendant qu’Il leur expliquait les écritures, et enfin ils l’ont reconnu à la fraction du pain. Alors leurs yeux se sont ouverts et l’annonce joyeuse de Pâques a trouvé place dans leur cœur.
La liturgie d'aujourd'hui ne nous parle pas directement de cet épisode, mais elle nous aide à réfléchir sur ce qu’il raconte. La rencontre avec le Christ ressuscité qui change notre existence, qui éclaire nos affections, nos désirs et nos pensées. La première lecture tirée du livre de l’Ecclésiaste nous invite à faire comme les deux disciples dont nous avons parlé, c’est-à-dire l’expérience de notre limite de la finitude, des choses qui passent. Le psaume 89 propose l’image d’une herbe changeante. Elle fleurit le matin, change et le soir, elle est fanée et desséchée. Ce sont deux rappels fort, et même un peu choquant, qui ne doivent pas nous effrayer comme s’il s’agissait de sujet tabou. La fragilité fait partie de la merveille que nous sommes. N’est-ce pas magnifique un pré en fleurs ? Certes, les fleurs sont délicates, vulnérables, susceptibles de se plier, de se briser, de dessécher. Mais en même temps, elles sont immédiatement remplacées par d’autres qui poussent après elles, et dont les premières deviennent généreusement nutriments et engrais en se consumant sur le sol. C’est ainsi que vit le champ en se renouvelant continuellement, et même pendant les mois froid d’hiver. Quand tout semble silencieux, son énergie frémit sous terre et se prépare à exploser au printemps en 1000 couleurs.

Une soif si grande qu’aucune boisson de ce monde ne peut étancher
Nous aussi chers amis, nous sommes ici. Nous sommes faits pour cela, non pour une vie où tout est acquis et immobile, mais pour une existence qui se régénère constamment dans le don, dans l’amour et ainsi nous aspirons continuellement à un plus qu’aucune réalité créée ne peut nous donner. Nous ressentons une soif si grande et si brûlante qu’aucune boisson de ce monde ne peut étancher. Face à cette soif, ne trompons pas notre peur, en essayant de l’apaiser avec des substituts inefficaces. Écoutons-là plutôt, faisons-en un tabouret sur lequel nous pouvons monter pour nous pencher comme des enfants sur la pointe des pieds à la fenêtre de la rencontre avec Dieu. Nous nous retrouvons face à lui qui nous attend, et même qui frappe gentiment à la vitre de notre âme. Il est beau même à 20 ans de lui ouvrir grandement le cœur et de le laisser y rentrer pour ensuite nous aventurer avec Lui vers les espaces éternels de l’infini.
Soyons vivants
Saint-Augustin, en parlant de sa recherche intense de Dieu se demandait quel est l’objet de notre Espérance. Est-ce la terre ? Non. Est-ce quelque chose qui vient de la terre comme l’or, l’argent, la moisson, l’eau ? Ces choses plaisent. Elles sont bonnes et il conclut : “Cherche, c’est Lui qui les a faites. C’est ton Espérance.” Puis, repensant au chemin qu’il avait parcouru. Il riait en disant : “Toi, Seigneur, tu étais au-dedans, et moi au-dehors et c’est là que je te cherchais… Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi… Tu as appelé, tu as crié et tu as brisé ma surdité. Tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité. Tu as embaumé, j’ai respiré et haletant j’aspire à toi. J’ai goûté, et j’ai faim et j’ai soif. Tu m’as touché et je me suis enflammé pour ta paix.”
Ce sont de très belles paroles qui rappellent ce que le Pape François disait à Lisbonne lors de la journée mondiale de la jeunesse, chacun est appelé à se confronter à de grandes questions qui n’ont pas une réponse simple ou immédiate, mais qui invitent à accomplir un voyage, à se dépasser, à aller plus loin. un décollage sans lequel il n’y a pas de vol. Ne nous alarmons pas, alors si nous nous trouvons assoiffés de l’intérieur, inquiets, inachevés avides de sens et d’avenir, ne soyons pas malades. Soyons vivants.

Qu’est-ce vraiment que le bonheur ?
Il y a une question qui brûle dans notre cœur a besoin de vérité que nous ne pouvons ignorer. Qui nous amène à nous demander : qu’est-ce vraiment que le bonheur ? Quel est le goût de la vie ? Qu’est-ce qui nous libère des marécages de l’ennui et de l’absurdité ? Ces derniers jours vous avez vécu de nombreuses expériences enrichissantes. Vous avez rencontré des jeunes de votre âge venant de différentes parties du monde et appartenant à différentes cultures. Vous avez échangés vos connaissances, partagé vos attentes. Vous avez dialogué avec la ville. Vous avez fait du sport; Vous avez eu des activités culturelles et artistiques. Au Cirque Maxime, vous vous êtes approchés du sacrement de la pénitence. Vous avez reçu le pardon de Dieu et vous avez demandé son aide pour mener une vie bonne.
La plénitude de notre existence est plutôt liée à ce que nous savons accueillir et partager avec joie.
Dans tout cela, vous pouvez trouver une réponse importante. La plénitude de notre existence ne dépend pas de ce que nous accumulons, ou comme dans l’Evangile, de ce que nous possédons. La plénitude de notre existence est plutôt liée à ce que nous savons accueillir et partager avec joie. Acheter, accumuler, consommer, ne suffisent pas. Nous avons besoin de lever les yeux, de regarder vers le haut, vers les réalités d’en haut. Pour nous rendre compte que tout a un sens parmi les réalités du monde, dans la mesure uniquement où cela sert à nous unir à Dieu et à nos frères, dans la charité, en faisant grandir, en nous, des sentiments de tendresse et de compassion, de bonté d'humilité et de douceur, de pardon, de paix comme ceux du Christ.
Dans cette perspective, nous comprendront toujours mieux ce que signifie “l’espérance ne déçoit pas”, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné.
Aspirez à de grandes choses, à la sainteté où que vous soyez.
Très cher Jeunes, notre Espérance c’est Jésus, c’est Lui, comme le disait Saint Jean-Paul II, qui suscite en vous le désir de faire de votre vie quelque chose de grand, la volonté de suivre un idéal, le refus de vous laisser envahir par la médiocrité, le courage de vous engager avec humilité et persévérance pour vous rendre meilleurs, pour améliorer la société, en la rendant plus humaine et plus fraternelle. Restons unis à Lui. Restons dans son amitié, toujours, en la cultivant par la prière, l’adoration, la communion eucharistique, la confession fréquente, la charité généreuse, comme nous l’ont enseigné, les bienheureux Pier Giorgio Frassati et Carlo Acutis, qui seront proclamés saints le 7 septembre prochain. Aspirez à de grandes choses, à la sainteté où que vous soyez. Ne vous contentez pas de moins. Vous verrez alors grandir chaque jour en vous et autour de vous la lumière de l’Évangile.
Je vous confie à Marie la vierge de l’espérance avec son aide. En retournant dans les prochains jours dans vos pays dans toutes les parties du monde, continuez à marcher avec joie sur les traces du sauveur, et contaminez tout ceux que vous rencontrez avec votre enthousiasme et le témoignage de votre foi.
Bonne route.




