C’est de saison : la Coupe du monde va éclipser à peu près tout autre sujet pendant un mois. Mais le foot que j’évoque ce matin, ce n’est pas le football - littéralement, « balle au pied » - mais le footprint, l’impression du pied ; en français, l’empreinte. Les éditions Ecosociété ont en effet eu la bonne idée de rééditer, en mars 2018 et dans une version augmentée, l’excellent ouvrage des chercheurs à la très prestigieuse Université de la Colombie-Britannique, à Vancouver, au Canada, William Rees et Mathis Wackernagel, justement intitulé « Notre empreinte écologique »[1].
Inventé par les auteurs de ce livre en 1996, le concept d’empreinte écologique désigne le poids réel de l’activité humaine sur la Terre. Partant du constat simple que les ressources de la planète ne sont pas infinies et qu’il faut à la nature un certain temps pour renouveler les stocks, William Rees et Mathis Wackernagel ont converti en hectares ce que consomme chaque habitant de la planète. Vous imaginez bien qu’il y a de très grandes disparités selon les pays.
Ainsi, selon le concept d’empreinte écologique, si tous les habitants de la planète vivaient comme un Américain, il faudrait disposer de plus de 5 planètes Terre. Ou presque 3 planètes Terre si tous les habitants vivaient comme un Français.
Et l’on voit très vite l’impasse ! Car cela signifie que, pour maintenir leur niveau de vie, les pays développés tapent clairement dans les ressources des pays pauvres, les empêchant, en même temps, d’accéder à un niveau de vie décent. Il n’y a, dans l’analyse de Rees et Wackernagel, aucune idéologie ; juste un constat. Certes, on peut rêver à des parades - comme aller chercher de nouvelles ressources sur la Lune, par exemple - mais c’est un pari fou et une totale utopie.
D’autant que nous sommes déjà dans le mur, puisqu’aujourd’hui, les habitants de la planète consomment ensemble 25% de plus que ce que la Nature est capable de produire. L’équilibre a été rompu en 1970 et, depuis cette date, nous puisons dans notre capital naturel au lieu d’optimiser et de mieux répartir les intérêts qu’il produit.
A cet égard, l’humanité serait bien inspirée d’instaurer très vite une Coupe du monde de l’empreinte écologique si elle veut, dans les années à venir, continuer à vibrer aux exploits de ceux qui tapent dans le ballon. Rond, au demeurant. Comme la Terre…
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