Normandie : les forêts s’étendent mais subissent le changement climatique

Elle est l’une des régions les moins boisées de France. En Normandie, seulement 15% de la surface est couverte par des forêts. Mais ces forêts s’étendent ces dernières années, comme le montrent les nouveaux résultats de l’Inventaire forestier national, paru en octobre 2025.

On a un peu plus de forêts aujourd’hui qu’on en avait il y a 10 ou même 40 ans en Normandie.

La surface des forêts normandes a augmenté de 10%

« On a un peu plus de forêts aujourd’hui qu’on en avait il y a 10 ou même 40 ans en Normandie », explique Nathalie Derrière, cheffe du département des résultats d'inventaire forestier de l’IGN, Institut national de l’information géographique et forestière. En une quinzaine d’années, la Normandie a gagné 10% de surface forestière. La région compte désormais 440 000 hectares de forêts.

Des forêts qui se développent malgré un taux de mortalité des arbres en forte augmentation en France : + 125% en 10 ans, selon l’Inventaire forestier national. « En Normandie, il n’y a pas eu d'évolution aussi forte, précise Nathalie Derrière. La forêt reste encore en assez bonne santé. » La quantité d’arbres morts recensés en Normandie est deux fois moins élevée que la moyenne française. « Globalement, les arbres de Normandie vont assez bien. »

Quand il y a des années plus sèches, ça peut poser problème [aux arbres] parce qu’ils n’ont pas l’habitude et ça les met en stress.

Sécheresses, températures… Les forêts à l’épreuve du changement climatique

Les forêts jouent un rôle important dans la lutte contre le changement climatique mais elles en subissent également les conséquences. En Normandie, les forêts sont confrontées à la hausse des températures estivales : « Quand on passe le seuil de 40 degrés ça peut poser problème à certaines essences d’arbres », souligne Nathalie Derrière. Les précipitations sont aussi moins importantes. « La Normandie est quand même assez bien pourvue en eau, les sols sont assez riches, assez profonds donc les arbres ont l’habitude d’avoir ce qu’il leur faut. Quand il y a des années plus sèches, ça peut leur poser problème parce qu’ils n’ont pas l’habitude et ça les met en stress. » Une situation de stress qui rend l’arbre plus sensible aux attaques extérieures, telles que celles de parasites.

Acteurs majeurs dans la lutte contre le changement climatique, les forêts agissent comme des puits de carbone. En France, le stockage de carbone s’est réduit ces dernières années. Les forêts françaises ont séquestré en moyenne 39 millions de tonnes de CO2 par an entre 2015 et 2023 contre 63 millions de tonnes sur la période 2005-2013, selon l’IGN. Les arbres produisent en effet « moins de bois et donc stockent moins de carbone et ils meurent un peu plus globalement en France », explique Nathalie Derrière qui ajoute que la Normandie est aujourd’hui relativement épargnée par le phénomène.

Le risque de forêts émettrices de carbone dans le futur

« En Amazonie, on dit que des forêts deviendraient émettrices. » Au lieu de nous aider à stocker du carbone afin qu’il y en ait moins dans l’atmosphère, la tendance pourrait s’inverser et les forêts rejetteraient du carbone. Elles deviendraient donc émettrices de carbone. Un changement dont la cause serait notamment la mortalité des arbres. L’IGN indique que cette mortalité importante réduit le stock de bois, qui a mis des décennies à se constituer.

« Si le rôle s’inverse et que les forêts deviennent émettrices comme nous, là ça devient dangereux puisque les forêts comme les océans font partie des rares potentiels de stockage » du CO2, précise Nathalie Derrière. « Si on n’a plus rien qui stocke et que tout se met à émettre, ça va accentuer encore plus la quantité de CO2 dans l’air et donc accentuer encore plus l’effet de serre et les problèmes de changement climatique. »