Nord–Pas-de-Calais : procès d’un vaste réseau de passeurs soupçonné de la mort de migrants
Le tribunal de Lille a ouvert hier l’audience d’un procès importants concernant les traversées de la Manche. Dix-sept prévenus, une vingtaine d’avocats et de traducteurs, dix jours d’audience annoncés : la justice se penche sur un réseau de passeurs particulièrement actif dans le Nord–Pas-de-Calais.
Illustration Envato. Le tribunal de Lille a ouvert hier l’audience d’un procès importants concernant les traversées de la Manche.Un réseau international soupçonné d’être impliqué dans sept morts
Selon la police aux frontières, ce réseau serait responsable de plus d’une cinquantaine de traversées illégales entre avril 2023 et août 2024.
Il serait aussi impliqué dans la mort de sept exilés, dont une jeune Érythréenne retrouvée sur la plage de Sangatte le 26 septembre 2023.
Quatre des prévenus sont ainsi poursuivis pour homicide involontaire. Les autres sont jugés pour mise en danger de la vie d’autrui et association de malfaiteurs.
Le réseau serait principalement composé de Syriens, mais aussi d’Afghans, de Soudanais, d’Algériens, de Koweïtiens, de Tunisiens et d’Irakiens : un ensemble très composite, fait rare dans ce type d’affaires.
Une juridiction spécialisée face à un dossier hors norme
L’ampleur des faits a conduit à mobiliser une juridiction spécialement constituée, habituée à traiter les dossiers liés aux traversées mortelles.
Dès la première matinée, la présentation des prévenus a été longue. Tous sont étrangers et assistés de traducteurs. Le tribunal a également dû faire face à une série de contestions d’identité.
Des identités multiples : un casse-tête pour les juges
L’un des prévenus, présenté sous le nom d’Ali S., est accusé d’avoir utilisé plusieurs identités selon les pays. Son avocat, Me Abbas Kamel, a expliqué cette confusion à la sortie du tribunal :
C’est une personne qui a donné plusieurs identité[s], comme majeur et comme mineur. Majeur en Allemagne, pour ne pas être remis aux autorités françaises, puis une identité de mineur en France peut-être pour bénéficier des droits des mineurs isolés. Mais je n’ai pas vraiment d’éléments pour justifier cette minorité.
Une situation loin d’être isolée, selon l’avocat :
Certains recherchent peut-être à être considérés mineurs pour avoir des peines moins lourdes, pour être condamnés par d’autres juridictions, pour bénéficier du statut de mineur isolé, tout est possible.
Dix jours d’audience pour tenter d’établir les responsabilités
Le procès doit se poursuivre pendant encore dix jours. L’enjeu : comprendre le fonctionnement du réseau, établir les responsabilités individuelles et lutter contre les filières qui, au péril de vies humaines, organisent les traversées vers l’Angleterre.


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