Motion de censure : pourquoi Ursula von der Leyen en ressort-elle affaiblie ?
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a été visée par une motion de censure débattue et votée le 10 juillet dernier. Si elle n’a pas été destituée, elle risque d’y laisser des plumes politiques à court et moyen terme.
Ursula von der Leyen / DR / CC-BY-4.0: © European Union 2019 – Source: EPCe qu'il faut retenir :
- La présidente de la Commission européenne a dû faire face à une motion de censure déposée par un eurodéputé d'extrême droite.
- Le 10 juillet dernier, une majorité de 360 eurodéputés a rejeté cette motion (175 ont voté pour la censure).
- Cet épisode de tension annonce-t-il d'autres motions probables ?
Des accusations multiples et ciblées
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dû faire face à une motion de censure déposée par l’eurodéputé roumain Gheorghe Piperea.
En réalité, cette initiative était largement pilotée par George Simion, figure de l’extrême droite roumaine, récemment battu au second tour de la présidentielle du 18 mai dernier.
George Simion, connu pour ses positions anti-vaccins, s’appuyait notamment sur l’affaire des « Pfizer Files ». Il accuse Ursula von der Leyen d’avoir refusé de rendre publics ses échanges de SMS avec le PDG de Pfizer lors des négociations sur les livraisons de vaccins anti-Covid.
Autre point de discorde : l’utilisation controversée de l’article 122 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, qui a permis de lancer un programme militaire de 150 milliards d’euros d’emprunts sans consultation suffisante du Parlement européen selon lui.
Enfin, la motion prenait appui sur des soupçons d’ingérence électorale en Roumanie (dont il aurait été la cible) et en Allemagne, via le Digital Services Act.
Une motion de censure sans succès mais pas sans effet
La motion avait obtenu le nombre de signatures requis pour être débattue. Cependant, dès le départ, elle ne faisait pas l’unanimité, y compris au sein même du groupe des Conservateurs et réformistes européens (ECR), dont elle émanait.
Pour qu’elle aboutisse, il aurait fallu réunir 361 voix pour, soit la majorité absolue des eurodéputés, un scénario d’emblée très peu probable. Le jeudi 10 juillet, 360 eurodéputés ont rejeté cette motion et 175 ont voté pour la censure.
Circulez, y’a rien à voir ?
Cet épisode met en lumière les tensions croissantes au sein de la Commission européenne. Cet espace de discussion politique se politise de plus en plus et devient le théâtre d’oppositions plus que de conciliations. Par capillarité, la tension croissante et généralisée se ressent également au sein même du Parti populaire européen (PPE), la famille politique d’Ursula von der Leyen.
Cet épisode pourrait donc fragiliser à moyen terme sa position et son aura au sein de la Commission et au sein de son propre groupe ; elle qui n’a pas échappé aux critiques récentes et répétées de la gauche et du centre lui reprochant sa gestion jugée trop verticale de la Commission. La gauche accuse par ailleurs le PPE de cultiver de plus en plus l’ambiguïté avec l’extrême droite à des fins strictement politiques (pour se maintenir en position dominante et pour remettre en cause plus facilement certaines normes environnementales).
En somme, si la censure a été massivement rejetée, y compris par certains opposants farouches de Mme VDL, c'est principalement du fait de l'origine isolée, populiste et radicale de cette motion.
Cela dit, cet épisode préfigure de futures expressions appuyées de méfiance, voire de défiance et de volonté concertée que l'on passe à autre chose à la tête de la Commission européenne.
Julien BAL @Chrom_MOSS


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