Moselle : 26 personnes accusent un abbé d'agressions sexuelles
Selon des informations de nos confrères de Radio France, l'Inirr (Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation) a été saisie par 26 personnes pour des faits d'agressions sexuelles commis par un abbé dans le collège-lycée Saint-Augustin de Bitche, en Moselle.
Collège-lycée Saint-Augustin de Bitche © Raimond Spekking / Wikimedia CommonsL'Inirr, l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation, mise en place par la Conférence des évêques de France en 2022, a recueilli des témoignages venant de 26 personnes, anciens élèves du collège-lycée Saint-Augustin de Bitche, aujourd'hui fermé. Ces témoignages concernent des faits d'agressions sexuelles commis par l'abbé Joseph Didelon, décédé en 2021.
D'après les témoignages, ce dernier a visé non seulement des garçons, mais aussi des jeunes filles, dès que l'établissement scolaire catholique est devenu mixte en 1985.
Auprès d'Ici Lorraine (ex-France Bleu), une femme raconte avoir été agressé hors du collège, à une période où elle était trop jeune pour être élève. "Joseph Didelon était le curé de mon village. Il venait souvent visiter mes grands-parents. Je me suis déjà retrouvée seule chez lui, car c'était un homme de confiance. Je sens encore son souffle, ses baisers, je revois ses yeux. J'étais petite, entre mes 3 et 5 ans", dit-elle. "Je savais qu'un adulte n'avait pas à faire ça. Un jour, mon père s'est aperçu que l'abbé Didelon était en érection en ma présence, et ça l'a mis dans une colère noire".
Des viols, en plus des attouchements
Par ailleurs, des viols commis par l'abbé ont aussi été rapportés. C'est notamment le cas de Marc, élève dans les années 80.
Il raconte : "Même pour un mal de tête ou un mal de gorge, il me faisait me déshabiller, baisser mon pantalon. Pour prendre ma température, il me faisait m'allonger sur lui, et il introduisait ses doigts à l'intérieur. On me dit qu'il y a eu pénétration, mais paradoxalement il n'y a pas eu violence".
Marc révèle également avoir subi des attouchements répétés. Il était alors chargé de rapporter à l'abbé Didelon, responsable du club de philatélie du collège, ses commandes de timbres passées au magasin de la commune de l'élève.
Dans les récits recueillis par Ici Lorraine, une autre personne serait impliquée dans des agressions. Il s'agit de Claude Tuaillon, éducateur sportif dans l'établissement à partir de 1977.
La direction de l'établissement informée des faits
Selon les informations reprises par France Info, la direction du collège-lycée Saint-Augustin avait été alertée du comportement de certains encadrants, notamment l'abbé Joseph Didelon.
En 1979, l'abbé Raymond Poirson, alors directeur de l'établissement, a répondu à un ancien élève, victime d'agressions quelques années plus tôt par le père Didelon, de "cesser ses turpitudes".
Face aux témoignages, le diocèse de Metz déclare à Ici Lorraine que "toutes les personnes victimes du père Joseph Didelon, ou d’autres personnes relevant de l’Église" peuvent saisir sa cellule d'écoute. Les appels reçus ont "tous obtenu une réponse à ce jour, et les personnes qui en ont fait la demande seront reçues dans les prochains jours par des membres de cette équipe".
Depuis sa création en 2022, l'Inirr a été saisi par environ 1600 victimes, dont 31 en février dernier. Sur l'ensemble des saisines, 765 décisions ont été rendues, dont 99% impliquent une compensation financière.



