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“Morts pour la France” : la mention pourrait essaimer en Alsace et en Moselle 

“Morts pour la France” : la mention pourrait essaimer en Alsace et en Moselle 

Un article rédigé par Marie-Lucie Walch - RCF Alsace, le 2 octobre 2025 - Modifié le 2 octobre 2025

C’est l’espoir du Souvenir Français et de la Région Grand Est qui ont signé ce 1er octobre une convention pour réhabiliter notamment les 13000 soldats alsaciens et mosellans morts sous uniforme allemand sur les monuments aux morts.

Monuments aux morts de Strasbourg / RCF AlsaceMonuments aux morts de Strasbourg / RCF Alsace

Si les incorporés de force ont droit à la mention « Mort pour la France » depuis 1945 par décision du Général De Gaulle, une loi de 2012 rend obligatoire l'inscription de tous les morts pour la France, et donc aussi des incorporés de force, sur le monument aux morts ou une stèle de la commune. Dans les faits, ce n'est pourtant pas toujours le cas en Alsace et en Moselle.

Un choix qui revient aux maires

D’après la Région, entre 20 et 30% de monuments sont “silencieux”, c’est-à-dire qu’ils ne portent pas la mention ni les noms des soldats tombés sur le front. Certaines communes comme Strasbourg ou Metz ont par exemple fait le choix de ne faire figurer aucun nom sur leur principal monument aux morts. Ces inscriptions sont en effet du ressort du maire. 

Ce silence s'explique notamment par la difficulté de dénombrer précisément les morts juste après la Libération puisque sur les 130 000 mosellans et alsaciens incorporés de force dans l'armée allemande (et recensés depuis), 40 000 d'entre eux ne seraient jamais revenus du front russe.

Monument aux morts de Reichstett

A contrario, les monuments aux morts d'Obernai dans le Bas Rhin sont déjà pourvus de la dite mention. Son maire, Bernard Fischer, également conseiller régional, est un fervent défenseur de cette réhabilitation des "incorporés de force, des résistants et tous ceux qui ont donné leur vie ou souffert du nazisme." 

 

Cicatriser une "blessure encore vive"

La décision ne fait pourtant pas l'unanimité. Pour certains maires, la notion de "victimes du nazisme" semble plus juste que "morts pour la France" puisque la plupart de ces soldats Malgré-Nous sont partis au front pour éviter les représailles sur leur famille plus que pour défendre le pays dont ils étaient exclus depuis l'Annexion de fait par l'Allemagne. La commune de Folgensbourg dans le Sud Est de l'Alsace a quant à elle choisi la mention de "victimes" élargissant les noms aux civils dont une jeune personne assassinée pour son handicap. 

Monument aux morts de Folgensbourg, près de Saint-Louis (Haut Rhin)

 

Le sujet reste donc sensible. Interrogé sur le sujet, l’archevêque de Strasbourg Mgr Pascal Delannoy a toutefois reconnu en la convention un moyen de “contribuer à cicatriser la blessure encore vive des personnes qui ont vécu cette réalité douloureuse”. 

 

Une réhabilitation 80 ans plus tard

Le Souvenir Français et le Conseil Régional ont pourtant bon espoir que la situation évolue. Le Souvenir français proposait au moment de la commémoration des 80 ans de l'Alsace et de la Moselle à toutes les communes des trois départements du Haut-Rhin, du Bas-Rhin et de Moselle, de "compléter la liste des « Morts pour la France » entre 1939 et 1945 inscrits sur leur monument aux morts ou de créer cette liste dans le cas de monuments silencieux". L'initiative a trouvé un bon écho auprès de Frédérique Neau-Dufour, cheffe de projet pour la stratégie mémorielle de la région Grand Est et porteuse du Mur du nom au Mémorial d'Alsace-Moselle. D'où la signature d'une convention entre le Conseil Régional et l'association de la mémoire ce 1er octobre "pour que ces soldats soient totalement intégrés et fassent partie de la grande famille de la commune".

Les Malgré-Nous ne sont pas seuls concernés par la convention. D'après le Souvenir français, la liste complète des personnes mortes originaires du territoire s'élève à 38 500 noms, dont 300 00 incorporés de force. Un chiffre significatif mais pas exclusif pour Serge Barcellini, président du Souvenir français : "Nous proposons aux communes d'inscrire la totalité des noms des "Morts pour la France". Il serait incompréhensible de refaire un tri à l'intérieur de cette liste qui comprend également des résistants, des déportés, et les combattants sous uniforme français."

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