Mort du pape François : Mgr Cador retient de lui « sa fraternité universelle »
Mgr Grégoire Cador nous partage sa réaction après l’annonce du décès du pape François, ce 21 avril 2025, et ce qu’il retient de celui qui l’a nommé évêque de Coutances et Avranches.
Mgr Cador a eu l'occasion de saluer le pape plusieurs fois ©DRRCF : Quelle a été votre réaction à l'annonce de la mort du pape François ?
Mgr Cador : Tout d'abord, une grande surprise, parce que, honnêtement, je ne m'attendais pas à ce que cela arrive si vite. Même si on savait que le pape arrivait un peu en fin de course. Mais après, je me suis dit que c'était évident. Vu la visite qu'il a faite à son peuple dimanche et vu l'état de fatigue dans lequel il était, on aurait dû comprendre qu’il venait dire au revoir à son peuple. Et ma deuxième réaction, ça a été de me dire, c'est magnifique que cela soit vécu dans le sillage de la résurrection du Christ. Quelqu'un m'a dit en sortant de la cathédrale après la messe hier matin : « Le pape n'a pas voulu voler la vedette à Jésus hier, donc il l’a laissé ressusciter et ensuite, il s'est enfilé dans son cortège pour monter au ciel ».
« Un homme très proche, très attentif »
RCF : Vous avez eu l'occasion de le rencontrer quelquefois. Quels sont les souvenirs personnels que vous avez avec lui?
Mgr Cador : La toute première fois que je l'ai vu, c'était quelques jours après mon ordination épiscopale, quand j'accompagnais les jeunes confirmands à Rome. Lors de l'audience générale, les évêques ont la chance de pouvoir le saluer personnellement. Je lui ai dit que j’avais été ordonné 10 jours avant, alors il m'a regardé malicieusement avec un grand sourire et puis il s'est frotté le bout du nez en me disant : « Tu sens encore le saint-chrême ». C’est une parole qui me reste. Et une autre fois dans les mêmes circonstances lors d’une audience générale, je lui ai dit que j’étais l'évêque du diocèse dans lequel saint Jean Eudes a fondé le premier séminaire. Alors il a fait le geste du pouce levé en disant « Yes ». Je retiens un homme très proche, très à l'écoute, un bonhomme au vrai sens du mot, sympathique, et jovial, mais en même temps attentif.
Le pape François et sa référence permanente à la miséricorde
RCF : Quels sont les enseignements du pape François, les facettes de sa personnalité justement qui vous marquent dans votre propre ministère ?
Son attitude pastorale de proximité et son souci de rejoindre chacun là où il est, pas seulement les chrétiens, mais aussi tous ceux et toutes celles qui sont aux périphéries de l'Église ou aux périphéries du monde. Son souci de mettre, au cœur de la pastorale et de l'annonce de l'évangile, les pauvres, les petits, les marginaux, les blessés, ceux et celles qui sont victimes de toutes sortes d’événements ou de brutalité, que ce soit des situations de guerre, d'abus, les victimes des conditions climatiques et puis toute la question des migrants… Le mot que je retiens de lui c'est fraternité universelle. Il avait ce souci de faire le travail que le Christ est venu faire : rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés. Il nous montre une manière de faire qui est, pour moi en tant qu’évêque, tout à fait édifiante. Et puis sa permanente référence à la miséricorde, en disant, c'est sur la miséricorde de Dieu qu'il faut s'appuyer et non pas sur nos capacités à organiser. C'est une invitation à vraiment faire confiance et à se mettre à l'écoute de l'Esprit.
RCF : On commence déjà à parler de la suite. Pour vous, quelle direction devra prendre le prochain pape ?
Mgr Cador : Il faudrait demander à l’Esprit Saint, ce sera plus sûr que moi. Ce n’est pas à moi de donner les consignes. Quand on me pose des questions sur l'avenir et sur le choix du prochain pape, j'ai envie de répondre : « Le pape est mort, vive le pape ». Le pape, c'est le pape, donc celui que l'Esprit nous enverra à travers le vote des cardinaux, c'est celui à l'écoute duquel il faudra se mettre. Quand je regarde les papes successifs que j’ai connus en tant que séminariste ou prêtre, ils avaient des personnalités extrêmement différentes, mais il y a une sorte de continuité dans la diversité de façon de faire et de façon d'être qui montre bien que l'Esprit travaille à travers des personnes, au-delà de leurs qualités, de leurs défauts, de leurs limites. C'est le travail des cardinaux actuellement d'essayer de dresser un profil type et puis ensuite d'élire celui qui aura la charge de Pierre. Comme je le rappelais à la messe chrismale, on ne peut être chrétien catholique que cum petro et sub petro, c'est-à-dire avec Pierre et sous sa houlette. Quel que soit le pape qui sortira des urnes, c'est celui-là avec lequel on marchera.
Quel que soit le pape qui sortira des urnes, c'est celui-là avec lequel on marchera
RCF : Vous irez à Rome pour participer aux obsèques samedi matin.
Mgr Cador : Oui, pour moi, c’était une évidence. C’est lui qui m’a appelé pour le service de la communauté chrétienne de Coutances et Avranches et donc ça me semblait naturel d'aller lui dire au revoir et de lui demander de continuer à veiller sur le ministère qu'il m'a confié et puis de représenter ainsi toute la communauté chrétienne de la Manche. Lui m’a envoyé au service du diocèse et là, je vais à Rome au nom du diocèse pour remercier Dieu du pape qu'il nous a donné.
Une messe de requiem sera célébrée vendredi soir à 19 h 00 à la cathédrale de Coutances, présidée par le vicaire général, le P. Thierry Anquetil.



