Mort du pape François : la réaction de Mgr Bruno Valentin, évêque de Carcassonne et Narbonne
Alors que le pape François s’est éteint le lundi de Pâques, Mgr Bruno Valentin, évêque de Carcassonne et Narbonne et responsable de la communication pour la Conférence des évêques de France, revient sur un pontificat marquant à plus d’un titre. Témoignage.
Le Pape François au cours d'une audience générale de décembre 2015. © LajoumardQuelques heures après l’annonce du décès du pape François, survenu le lundi de Pâques, Mgr Bruno Valentin partage une émotion vive mais aussi pleine d'espérance. "J'ai été surpris mais pas étonné", confie-t-il. "Surpris, parce qu’on l’a vu apparaître encore récemment pour la bénédiction Urbi et Orbi. Son décès paraît alors un peu irréel. Et en même temps, pas étonné, tant sa fragilité était visible depuis plusieurs mois."
La symbolique de cette disparition un lundi de Pâques n’échappe pas à l’évêque : "Il conclut son pontificat un peu comme il l’avait commencé : sur le balcon de la basilique Saint-Pierre. C’est là qu’il est apparu au soir de son élection, et c’est là qu’il a donné sa dernière bénédiction. Il y a une vraie beauté dans cette boucle."
Le souvenir d’un pape attentif et engagé
Mgr Valentin a eu l’occasion de rencontrer à plusieurs reprises le pape François, comme tous les évêques en mission. De ces échanges, il garde le souvenir d’un homme profondément impliqué et à l’écoute. "Il était très attentif, non seulement aux grandes questions, mais aussi aux situations individuelles qu’on pouvait lui confier. C’était un pasteur au cœur ouvert."
Un lien méconnu mais réel avec la France
Longtemps perçue comme distante, la relation entre François et la France a souvent été mal comprise. "On a beaucoup dit que le pape François n’aimait pas la France, ce qui est largement faux", rappelle Mgr Valentin. "Aucun autre pays, hors Italie, n’aura bénéficié d’autant de visites en douze ans de pontificat : Strasbourg, Marseille, Ajaccio… Et dans ses textes, même les plus personnels, les références à la culture et à la littérature française sont nombreuses."
Selon lui, le pape François estimait profondément la France et était conscient de ce qu’elle pouvait offrir à l’Église : "un patrimoine spirituel et religieux immense."
Un magistère tourné vers les périphéries
Si le pontificat du pape François est unique, c’est aussi parce qu’il a ouvert l’Église à de nouveaux horizons, en abordant des sujets jusque-là peu traités dans le magistère pontifical : "Ce n’est pas tant la quantité des textes publiés que leur contenu qui marque son héritage", insiste Mgr Valentin.
L’écologie intégrale, les migrations, la fraternité entre les peuples et les religions… Autant de thématiques qui, grâce à François, sont devenues des priorités dans la parole de l’Église. "Il a inscrit ces sujets dans la mission même de l’Évangile. Et cela restera. Un pape n’efface pas ce qu’a fait son prédécesseur : il construit dessus."
Une Église en marche vers un nouveau chapitre
Alors que le conclave approche, l’Église entre dans un temps de discernement, à la lumière du pontificat de François. "Ce temps pascal prend une tonalité particulière, mais l’espérance reste centrale", conclut Mgr Valentin. "Le message de paix, d’écoute et d’ouverture que François nous a laissé est sans doute le plus beau témoignage qu’on puisse recevoir."




