Mobilisation des retraités
La hausse de 1,7 point de la Cotisation sociale généralisée au 1er janvier pour les retraites supérieures à 1289 euros par mois passe mal. Pour six retraités sur dix, cela représente un bond de 25% de la CSG. Les senior se sentent d’autant plus lésés qu’ils sont les seuls à ne bénéficier d’aucune contrepartie : les salariés du privé ont vu leurs cotisation maladie et chômage baisser ce qui a conduit à une hausse de leur salaire net. Et les fonctionnaires n’ont rien perdu, car la hausse de la CSG a été strictement compensée.
Les «quelques dizaines voire de quelques centaines d'euros » prélevés chaque année chez les « plus fortunés », « permet à leur génération de tendre la main à la génération plus jeune » », a expliqué hier le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. « C'est aussi ça la solidarité entre générations » a-t-il lancé. En gros, pour favoriser l’emploi et le pouvoir d’achat des jeunes, le gouvernement assume de faire payer les vieux. Il est d’autant plus à l’aise avec cette idée, exprimée dès la campagne présidentielle par Emmanuel Macron, que les quelque 16 millions de retraités, soit près d’un quart de la population française, sont plus riches que les actifs depuis le milieu des années 90. Leur niveau de vie moyen est supérieur de 6% à l’ensemble de la population.
Mais ce niveau de vie moyen baisse… La hausse de la CSG passe d’autant plus mal que les seniors ont le sentiment d’avoir déjà beaucoup donné durant les quinquennats de Nicolas Sarkozy et surtout de François Hollande. En 2008, le gouvernement Fillon avait décidé la disparition progressive de la « demi part fiscale des veuves », un dispositif permettant aux époux survivants de ne pas voir leur impôt augmenter brutalement du fait de la perte de la part fiscale du conjoint décédé. En 2013, Jean-Marc Ayrault y avait ajouté l’imposition de la majoration de 10% des pensions « familles nombreuses » accordée aux retraités ayant élevé trois enfants. Ces deux mesures avaient rendu imposable un certain nombre de retraités, et les avait conduit à perdre en cascade certaines réductions en matière de CSG et d’impôts locaux.
Pour l’instant, Emmanuel Macron exhorte les retraités à la « patience ». « Je sais que je demande aux plus âgés, que parfois certains râlent, ça ne rend pas forcément populaire, mais je l’assume » avait-il expliqué début mars lors d’une visite à Chalon en Champagne. Il avait toutefois rappelé que plus de huit ainés sur dix - ceux qui gagnent moins de 2 500 euros par mois - bénéficieront à partir de cet automne de la suppression sur trois ans de la taxe d’habitation.
Pour autant, il reste très vigilant et ne perd pas de vue que les retraités sont moins sensibles aux extrêmes que le reste de la population. Plus des trois quart d’entre eux a voté pour lui au deuxième tour de la présidentielle face à Marine Le Pen.
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