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Mobilisation contre les bombes climatiques

Mobilisation contre les bombes climatiques

Un article rédigé par Jean-Baptiste Labeur - RCF, le 25 mai 2022  -  Modifié le 25 mai 2022
Le dossier de la rédaction Un mouvement interreligieux pour le climat s'oppose aux bombes climatiques de TotalEnergie

L'assemblée générale des actionnaires de TotalEnergies a été très perturbée mercredi matin par des activistes pour le climat. Ils dénonçaient les futurs projets d’extraction gaziers et pétroliers du groupe. La réunion s’est tenue dans une salle presque vide. Scientifiques, ONG et militants écologistes partent en guerre contre ces bombes climatiques.

Station essence Totale à Aix-les-Bains, en France. ©Unsplash Station essence Totale à Aix-les-Bains, en France. ©Unsplash

Bombe climatique ou bombe carbone. C’est comme ça que les climatologues nomment les nouveaux grands projets d’extraction d’énergies fossiles : gaz, pétrole voire charbon. 425 ont été listés le 12 mai dernier dans une étude publiée par la revue Energy Policy. S’ils vont jusqu’au bout, ces projets pourraient émettre, à terme, plus de 1 milliard de tonnes de CO2 sur leur durée d’exploitation. Pour les scientifiques, cela ferait voler en éclats les efforts pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C ou 2°C. "Ces compagnies n'ont pas restreint leur nombre de projets" explique Guillaume Pottier chargé au sein de l'ONG Reclaim Finance. "C'est une tendance vraiment préoccupante car si on a encore besoin de gaz et de pétrole pendant quelques années. Il faut engager la transition. L'agence internationale de l'énergie le dit très clairement pour respecter les objectifs de 1,5°C, il ne faut pas exploiter de nouveaux gisements fossiles." 

 

Une vingtaine de ces projets concernent le groupe français TotalEnergies

C’est le cas du champ pétrolier de Tilenga en Ouganda dans le nord-est du pays, sur les rives du lac Albert. Un projet de 9 milliards d’euros avec plusieurs centaines de puits qui nécessitent la création d’un oléoduc baptisé Eacop (Est africain crude oil pipe line) de près de 1500 km jusqu’au port de Tanga en Tanzanie voisine. En vue de l’AG de Total, plusieurs opposants à ce projet, rassemblés au sein d’un mouvement interreligieux accompagné par l’ONG Greenface, sont arrivés en France ces derniers jours. Ils sont venus plaider leur cause auprès de Total et rencontrer aussi des politiques et des citoyens engagés contre le dérèglement climatique. « Pour donner un visage et une voix à ces bombes climatiques » explique l’évêque anglican émérite Nathan Kyamanywa. Les populations locales redoutent les conséquences directes de l'exploitation pétrolière en partie dans un parc naturel. Les zones humides seront affectées par les travaux du pipe line, ce qui aura un impact sur le régime des pluies avec des conséquences sur l'agriculture. 

Ces projets sont loin, mais ne concernent pas que les Africains.

C’est le message que veulent faire passer ces militants. Baracka Alenga se défini comme un activiste justice climatique. Il est Tanzanien et habite une région où va passer l’oléoduc : 

Nous sommes tous concernés. Ce projet représente 36 millions de tonnes de CO2. Le carbone ne respecte aucune frontière et cela aura donc aussi un impact ici en France. Il y a une hypocrisie, ce sont des entreprises qui disent être en transition, mais sur le terrain elle ne le sont pas.

Baracka Alenga a été arrêté à plusieurs reprises dans son pays pour avoir manifesté pacifiquement contre l’oléoduc. Les gouvernements tanzaniens et ougandais exercent une pression contre les opposants à ce projet. Malgré tout, ils sont convaincus que leur mobilisation peut avoir un impact sur des actionnaires ou des investisseurs. 

"C’est encore très marginal, mais cela commence à bouger du côté de certains investisseurs ou actionnaires" explique Guillaume Pottier, citant une société néerlandaise qui a choisi de se désinvestir de Total retirer en raison du projet ougandais.  "D'autres choisissent de rester actionnaire mais d'user de son influence comme investisseur pour accélerer de l'intérieur la transition"

 Malgré tout, le conseil d'administration de TotalEnergies avait refusé d'inscrire à l'ordre du jour de son assemblée générale, une résolution d'actionnaires lui demandant de se conformer à l'accord de Paris sur le climat, la jugeant irrecevable juridiquement. Les militants du groupe interreligieux africains indiquent avoir rencontré Total qui selon eux, se dit ouvert au dialogue, mais n’entends pas stopper le projet. Baracka Alenga lui n’entends pas relâcher la pression ni l’évêque anglican pour qui la lutte contre le réchauffement climatique est aussi un combat spirituel. 

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Le dossier de la rédaction © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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