Mobilier urbain anti-SDF: la Fondation Abbé Pierre décerne ses "Pics d'or"
La Fondation Abbé Pierre organise mercredi 13 février au soir la cérémonie des pics d’or, au cours de laquelle on va 'récompenser' les dispositifs urbains qui empêchent les personnes les plus démunies de s’abriter ou de prendre un peu de repos.
Quelles sont les raisons qui ont poussé la Fondation Abbé Pierre à monter cette opération ?
'Cela fait des années que l’on dénonce les dispositifs urbains anti-SDF de manière générale, y compris les arrêtés contre la mendicité, toutes les politiques qui rendent la ville hostile aux personnes sans-abri. On l’a dénoncé par le passé, et on était un peu désespéré par le fait que cela ne bougeait pas beaucoup. On s’est dit que pour toucher on allait utiliser l’arme de l’humour, et faire un palmarès du mobilier urbain anti-sdf. Cette soirée des pics d’or sera suivie par une campagne d’affichage pour montrer cette intolérance envers cette catégorie de population jugée indésirable' explique Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé Pierre.
Quel genre de dispositifs pointez-vous du doigt ?
'C’est à la fois les municipalités, mais aussi les copropriétés, les commerçants, les centres de soin etc. Cela reflète le fait que l’on est souvent ambivalent par rapport aux personnes sans-abri. On essaie à la fois de trouver des solutions et en même temps on n’a pas envie de les voir près de chez nous. C’est une remise en cause générale. Et on essaie de montrer toute la panoplie qui existe. Cela va des mobiliers les plus décomplexés avec des pics très pointus aux dispositifs les plus subtils. Les élus locaux ont tendance à protéger les centre-villes, mais aussi des espaces sans intérêt urbain ou touristique' ajoute-t-il.
Au-delà de ces pics d’or, il y a une réalité : le fait que le nombre de personnes sans-abri ait augmenté de 50% en 10 ans. Comment expliquez-vous cela ?
'C’est la rencontre de plusieurs phénomènes. Il y a une dégradation des conditions de vie, du niveau de revenus, de la stabilité de l’emploi en bas de l’échelle sociale avec une précarisation des couches populaires. Et de l’autre côté des prix du logement à la location et à l’achat qui ont augmenté. Cette équation devient impossible pour un grand nombre de personnes, et à côté de cela, les dispositifs publics ne sont pas à la hauteur des besoins' conclut Manuel Domergue.
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