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Mission Arménie : "Nous ne devons rien lâcher" affirme Fabrice Pannekoucke

Mission Arménie : "Nous ne devons rien lâcher" affirme Fabrice Pannekoucke

Un article rédigé par Stéphane Longin - le 2 juin 2025 - Modifié le 3 juin 2025
L'invité du 12/13Mission Arménie : "Nous ne devons rien lâcher" réaffirme Fabrice Pannekoucke

En déplacement en Arménie à l’occasion des 5èmes Assises franco-arméniennes de la coopération décentralisée, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes réaffirme l’engagement de la collectivité auprès du peuple arménien, notamment dans la province du Syunik, menacée par ses voisins. Fabrice Pannekoucke explique pour RCF les raisons de ce partenariat engagé en 2016 sous l'impulsion de Laurent Wauquiez.

Fabrice Pannekoucke au cimetière militaire de Goris dans la province du SyunikFabrice Pannekoucke au cimetière militaire de Goris dans la province du Syunik

RCF : Quel est le sens de la collaboration entre la région Auvergne-Rhône-Alpes et l’Arménie ?

Fabrice Pannekoucke : Nous avons cette volonté depuis 2016, et je tiens à rendre hommage à Laurent Wauquiez, qui est à l’origine de ce rapprochement, d’accompagner l’Arménie et le peuple arménien, qui souffre de la volonté de ses voisins d’empiéter sur son territoire et d’effacer une partie de son histoire.
Depuis 2023, nous avons aussi un accompagnement plus appuyé avec le Syunik, autour de plusieurs axes de travail comme la formation professionnelle, la santé ou encore la francophonie. Nous sommes déjà engagés et j’ai pu observer les avancées de ces premières collaborations.
Enfin, la dernière dimension, c’est que nous avons signé le 21 novembre 2024 des engagements entre des collectivités d’Auvergne-Rhône-Alpes et des communes de la province du Syunik. Cette mission en Arménie a été l’occasion pour ces élus, ces maires, de se retrouver.

rencontre entre Fabrice Pannekoucke et le gouverneur de la province du Syunik

 

L’Arménie est un pays chrétien. Est-ce que cette dimension joue un rôle dans l’accompagnement de la région ?

Oui, très clairement. C’est un sujet qui, pour nous, pour moi, est important. Ici, l’Arménie est en proie à ceux qui, de toutes les époques, ont voulu effacer leur histoire et notamment leur dimension cultuelle.
On voit bien que, quand on est coincé entre la Turquie, l’Azerbaïdjan et l’Iran, et que l’on constitue ici une poche de chrétiens, on se retrouve forcément sous la menace de l’oppresseur qui souhaite effacer cette histoire. Quand on visite le Musée du Mémorial du génocide arménien, sur la montagne aux Hirondelles, sur les hauteurs d’Erevan, on voit très bien que, de toutes les époques et avant même le génocide de 1915, il y a eu cette volonté de venir effacer cette dimension cultuelle sur ce territoire. Je crois que c’est de notre responsabilité de soutenir, comme nous le faisons avec la région, ces minorités chrétiennes.

Vous avez, à l’occasion de l’ouverture des 5èmes Assises franco-arméniennes de la coopération décentralisée, réaffirmé le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Comment celui-ci va-t-il se concrétiser ?

Ce partenariat est aujourd’hui cadré par une feuille de route, avec des axes de travail, des échanges de bonnes pratiques, du partage d’expertise et des engagements financiers. J’ai rappelé que nous voulons poursuivre cette collaboration car elle est fructueuse, et que nous pouvons déjà mesurer les fruits sur le territoire. Il reste encore beaucoup à faire, dans un moment où l’Arménie vit avec la crainte de voir l’envahisseur voisin arriver sur son territoire. Nous ne devons rien lâcher, parce que cela nous permet de contribuer à l’attractivité du pays et du Syunik en particulier. Mais cela permet aussi de dire à ceux qui voudraient porter atteinte à l’intégrité de l’Arménie que nous sommes avec le peuple arménien, et qu’en réalité, lorsqu’on veut porter atteinte à l’Arménie, c’est aussi une part d’Auvergne-Rhône-Alpes qui est touchée.

Cérémonie au mémorial du génocide arménien

 

Cela semble dérisoire de parler développement économique lorsque l’enjeu est la souveraineté du pays...

Vous savez, l’organisation des 5èmes Assises ici à Goris (ville principale du Syunik) est un symbole fort que nous envoyons au monde entier, mais surtout aux voisins, pour leur dire que c’est une grande région de l’Arménie, qu’elle est soutenue, qu’elle a de nombreux partenaires français, et notamment la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
Il y a ici une sensibilité particulière, car nous sommes à Goris, coincés entre deux pays qui regardent l’Arménie avec des volontés qui ont été démontrées par le passé. Ici, seulement 26 km séparent les frontières de chacun des voisins. C’est rien du tout ! Être ici, sur ce territoire, avoir en tête que chaque nuit, de 22 heures à 6 heures du matin, il y a des tirs d’intimidation, des impacts sur du matériel, des tirs sur des animaux, comme on me l’a confié dans les villages, ce n’est pas concevable. Il ne faut rien lâcher, il faut que le monde entier ouvre les yeux et exprime son soutien à l’Arménie et au Syunik.

Rencontre avec une habitante déplacée suite à la guerre

Vous allez rencontrer (le mardi 2 juin) lors d’audiences privées, le Premier ministre et le Président arméniens. Qu’attendez-vous de ces échanges directs ?

Déjà, d’avoir un échange en toute transparence sur la situation, telle qu’ils la considèrent aujourd’hui, de l’Arménie. À la fois sur la géopolitique et la géostratégie, mais aussi sur la manière dont le pays s’engage pour rester attractif et permettre aux trois millions d’Arméniens qui vivent sur ce sol de s’y sentir bien et de vouloir y rester durablement.
Pendant ce déplacement, j’ai souvent évoqué le thème de la jeunesse, car s’intéresser aux jeunes Arméniens, c’est considérer l’espérance et la résilience de l’Arménie. C’est la première chose que je veux leur dire.
La deuxième, c’est leur rappeler l’engagement de notre région, qui est majeur, comme le prouve notre soutien à l’université, qui s’élève à 1,5 million d’euros. Et envisager avec eux d’autres partenariats économiques et stratégiques, car nous avons, dans notre grande région, de nombreux sujets sur lesquels nous avons des entreprises qui possèdent de véritables expertises et savoir-faire qui peuvent profiter aux territoires de l’Arménie.
La coopération doit se traduire par les actions que nous avons engagées et que nous allons continuer, mais aussi sur une dimension plus économique.

Certains vous diront que ce n’est pas la place d’un président de région, mais celle de la diplomatie française...

Il y a deux manières de vous répondre. D’abord, des commentateurs, il y en a toujours sur le fait d’être ici et sur chacune de nos décisions. Nous avons une vie courte et je n’ai pas le temps de m’intéresser à ces commentateurs.
En revanche, pour ceux qui s’intéressent vraiment à ce qui se passe ici, il faut savoir que toutes les actions portées par la région font l’objet d’échanges denses et riches avec la diplomatie française.
L’ambassadeur de France en Arménie et l’ambassadeur d’Arménie en France font partie de nos contacts réguliers. Je les ai reçus à Lyon dans mon bureau et je les ai vus ici en Arménie. Nous avons des échanges constants, comme c’est le cas dans l’ensemble de nos collaborations internationales.

Collaboration avec Santé Arménie

 

À titre personnel, je vous ai vu plusieurs fois touché et ému par ce que vous observiez, notamment les ravages de la guerre. Que retenez-vous de cette visite ?

Personne ne peut rester insensible à ce qui nous est raconté. Nous sommes allés au contact de la population, de ceux qui ont été déplacés de la République d’Artsakh (Haut-Karabakh), tout proche d’ici. Ce qu’ils nous disent est accablant et ne peut pas nous laisser indifférents. Au contraire, cela nous invite, et je le dis d’abord pour moi, à continuer à nous mobiliser et à nous dire que nous avons encore beaucoup à faire pour l’Arménie et pour le peuple arménien.

Micros
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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