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Migrants - Véronique Fayet est "fière de cette Église en colère"

RCF,  - Modifié le 23 janvier 2018
Le débat actuel sur les migrants suscite la colère de Véronique Fayet. Mais la présidente du Secours catholique salue la position de l'Église qui encourage à "mieux accueillir les migrants".
Secours catholique - Chaque jeudi, l'édito de Véronique Fayet sur RCFSecours catholique - Chaque jeudi, l'édito de Véronique Fayet sur RCF

"En écoutant l’Évangile d’hier j’étais contente d’entendre que Jésus était parfois en colère ! Alors que les juifs l’attendent au coin du bois pour voir s’il va oser guérir un homme à la main atrophiée un jour de sabbat, Jésus les voit venir et «il promène sur eux un regard de colère, navré de l’endurcissement de leur cœur» nous dit saint Marc (Mc 3, 5). Moi aussi je suis en colère quand j’entends les débats sur l’accueil des migrants ; je suis en colère quand on renvoie dos à dos les associations qui seraient bêtement pour l’accueil inconditionnel et les pouvoirs publics qui seraient des gens raisonnables qui veulent organiser l’accueil… Je suis en colère aussi quand je vois qu'un dialogue contradictoire mais honnête est impossible !

L’Église dit des choses fortes en ce moment ! Je veux reprendre les propos de certains évêques car parfois on n’entend pas les paroles qui nous dérangent et on reproche à l'Église de France son silence. Mgr Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France (CEF), a invité la semaine dernière à «accueillir plus et mieux», «à œuvrer à une présentation positive des migrants pour mettre en valeur leurs richesses culturelles…» «J’invite le gouvernement mais aussi tous les Français à plus de générosité.»

Mgr Michel Aupetit, nouvel archevêque de Paris, a tenu une de ses premières réunions diocésaines sur le sujet des migrants, prenant ainsi la suite de Mgr André Vingt-Trois qui, juste avant de partir, a lancé le projet d’une Maison des migrants à Paris : un geste fort et symbolique ! Mgr Aupetit nous invite à nous laisser déranger, liant bioéthique et accueil des migrants : «Un vieillard qui perd la tête dérange, un enfant non désiré dérange, un migrant qui dort sur le trottoir dérange... Tout est lié». Au fond, c’est la même question : «Quelle place laissons-nous à l’homme ? Quelle dignité lui accorde-t-on quel que soit son état ?».

Oui la société que nous voulons construire est fondée sur l’acceptation de la fragilité, toutes les fragilités, et ce qui nous fait humains c’est notre capacité à accompagner les plus fragiles… Mgr Aupetit en tant que médecin malicieux, croit à la contagion ! «Quand les gens verront que l’accueil des migrants rend heureux ils auront envie de s’y mettre», nous dit-il. Et c’est vrai nous le vivons tous les jours au Secours catholique !

Pour terminer, je voudrais citer Mgr Benoist de Sinety qui nous a émus lors de l’enterrement de Johny : «On joue notre âme là-dessus.»

J’aime mon Église et mes évêques quand ils sont en colère, parce que c’est une colère pleine d’amour et de bienveillance, qui ne mâche pas ses mots mais il faut les écouter !

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