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Michel Pellé, directeur de l'enseignement catholique d'Ille-et-Vilaine : "Nous ne pouvons qu'encourager la libération de la parole"

Michel Pellé, directeur de l'enseignement catholique d'Ille-et-Vilaine : "Nous ne pouvons qu'encourager la libération de la parole"

Un article rédigé par La rédaction de RCF en Bretagne - le 19 juin 2025 - Modifié le 19 juin 2025

Un nouveau décret, publié en début de semaine, instaure un dispositif de recueil des faits de violences dans les établissements scolaires privés. Alors que six personnes ont signalé des violences physiques et/ou sexuelles commises au sein de l'établissement Saint-Vincent Providence à Rennes, le directeur de l'enseignement catholique d'Ille-et-Vilaine, Michel Pellé réagit.

Michel Pellé, directeur diocésain de l'enseignement catholique d'Ille-et-Vilaine © Alice LétondotMichel Pellé, directeur diocésain de l'enseignement catholique d'Ille-et-Vilaine © Alice Létondot

"Ce décret indique d'abord que l'établissement a obligation de faire remonter les faits", explique Michel Pellé. Le directeur de l'enseignement catholique d'Ille-et-Vilaine, a pris connaissance, comme ses collègues, du décret publié, ce mardi 17 juin, au Journal Officiel. 

Une étape de plus après les annonces de la ministre de l’Éducation, Elisabeth Borne et de son plan "Brisons le silence", visant à lutter contre les violences physiques, morales et sexuelles à l'école. 

"Ce qui va se faire probablement très rapidement maintenant, c'est une obligation pour nos établissements d'utiliser une application nationale, utilisée par les établissements publics et qui s'appelle "Faits établissement", détaille-t-il. 

Il s’agit d’une plateforme destinée à enregistrer et transmettre tous les faits préoccupants comme des phénomènes de violence, d’un établissement scolaire. Elle permet ainsi d’assurer le suivi de ces faits.

Pour Michel Pellé, cela viendra en complément du programme de protection des publics fragiles ( 3pf), mis en place depuis plusieurs années par l'enseignement catholique, qui permet de mettre en avant "la bientraitance que nous devons mettre en place en éducation et dans ce protocole, nous avons aussi toutes les relations que nous nouons avec la police, la gendarmerie, la justice et il y a des process de signalement quand il y a des faits graves en établissement de manière à ce que toute situation puisse être traitée immédiatement"

Un article de presse comme élément déclencheur

Depuis les révélations autour de Notre-Dame de Bétharram, la parole se libère sur le calvaire subi par certains élèves de l'enseignement catholique. 

Cela a été le cas notamment en Bretagne, dans le Finistère au sein de l'ancien collège Saint-Pierre du Relecq-Kerhuon. Et depuis un peu plus d'un mois, l'établissement Saint-Vincent-Providence à Rennes est sous les projecteurs. 

C'est un article paru en mai dernier dans les colonnes de Ouest-France qui a libéré la parole. Un ancien élève du pensionnat de l'établissement catholique rennais y racontait les violences physiques et sexuelles subies par un prêtre dans les années 60.

Six personnes dénoncent des faits de violences

Et puis un mois plus tard, l'enseignement catholique d'Ille-et-Vilaine et le diocèse de Rennes publiait un communiqué conjoint dans lequel il indiquait que désormais "six personnes qui, par différents canaux, ont fait état de violences physiques et/ou
sexuelles commises dans cet établissement pendant leur scolarité, entre les années 1954 et 1963".

Pour Michel Pellé, c'est la "sidération" de découvrir ces "faits abjectes". Les six personnes ont été entendues par la cellule d'écoute du diocèse de Rennes et le directeur diocésain de l'enseignement catholique d'Ille-et-Vilaine affirme avoir été en contact avec ces anciens élèves de Saint-Vincent-Providence."Il s'agit de faits où les abuseurs étaient des religieux ou des laïcs en responsabilité d’Église", précise-t-il

Un changement de paradigme dans l'enseignement catholique?

Y-a-t-il d'autres victimes chez d'anciens élèves de cet établissement rennais ? Michel Pellé et l'Archevêque de Rennes, Pierre d'Ornellas, ont appelé ensemble toutes les personnes ayant subi dans leur enfance des agressions sexuelles dans un
établissement scolaire catholique du diocèse de Rennes à contacter la cellule d’écoute. Et Michel Pellé en est sûr, "on a changé de paradigme : autrefois, on protégeait l'institution avant le jeune. Aujourd'hui, c'est la personne qui compte avant l'institution. Nous ne pouvons qu'encourager la libération de la parole. Faire vérité, c'est la première étape vers la réparation et la reconnaissance".

L'écoute des victimes au centre

Et la prescription des faits n'y change rien pour le directeur de l'enseignement catholique d'Ille-et-Vilaine. "Nous, nous disons aux victimes que ce n'est pas pour autant que les choses s'arrêtent. L'écoute de ces victimes et le fait qu'il puisse y avoir un accompagnement de l'Inirr (instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation) permettent de voir que ce n'est pas terminé et qu'il doit y avoir des actions pour une prise en compte même si la prescription au niveau pénal est passée".

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