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Mgr Renauld de Dinechin nommé évêque de Luçon

Mgr Renauld de Dinechin nommé évêque de Luçon

Un article rédigé par Auberi Maitrot - RCF Vendée, le 16 septembre 2025 - Modifié le 17 septembre 2025
Ils font l'actu en Vendée Mgr Renauld De Dinechin, nouvel êveque de Luçon

Ce 16 septembre 2025, Mgr Renauld de Dinechin vient d’être nommé évêque de Luçon. En Picardie depuis 10 ans en tant qu’évêque du diocèse de Soissons, Laon et St Quentin, il a répondu aux questions d’Auberi Maitrot

Mgr Renauld de DinechinMgr Renauld de Dinechin

Auberi Maitrot : Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter de devenir évêque de Luçon en Vendée ?

Mgr Renauld de Dinechin : Mon projet était de poursuivre dans le diocèse de Soissons, où je vis des aventures et collaborations intenses, et que ce n’était pas un projet personnel de partir en Vendée. C’est l’appel de l’Église, c’est l’appel du Saint-Père, le Pape Léon XIV. Je me rends disponible dans la joie de pouvoir venir faire connaissance des Vendéens et me mettre en marche, tout d’abord avec les collaborateurs du diocèse, les prêtres, les diacres, les laïcs en mission et puis les membres de la vie religieuse.

Auberi Maitrot : Comment avez-vous réagi quand on vous a proposé le diocèse de Luçon ?

Mgr Renauld de Dinechin : C’est l’autre bout de la France ! Donc, c’est un grand départ. Il ne faut pas se le cacher : c’est un pays de vacances, une destination touristique où de nombreux français se rendent pour la détente et forcément c’est présent à l’esprit quand on quitte un diocèse. Je réagis avec un pincement au cœur de quitter le diocèse de Soissons, qui est particulièrement attachant, et auquel j’ai noué un fort attachement. Mais voilà, il y a dix ans que je suis en mission à Soissons et c’est très bien de pouvoir vivre une grande et nouvelle étape en rencontrant les chrétiens de l’Eglise de Vendée. J’ai tout à découvrir.

Auberi Maitrot : Vous vous apprêtez à quitter un diocèse situé entre les Ardennes et l’Oise. À quoi ressemble votre diocèse de Soissons ?

Mgr Renauld de Dinechin : C’est un terroir extrêmement rural une terre agricole de production céréalière, le maïs, le blé, les orges, le colza, les légumes et les betteraves. (NDLR : le département de l’Aisne est le premier producteur de betteraves en France). L’agriculture tient donc une place importante. C’est aussi une région qui a été extrêmement détruite durant les deux guerres, avec le célèbre Chemin des Dames. Un territoire qui a payé un très lourd tribut pour la France, et un terroir qui reste marqué avec des cimetières militaires, avec des lieux de bataille.

 

L’appel à servir le Christ

 

Auberi Maitrot : Quand avez-vous reçu l’appel du Seigneur ?

Mgr Renauld de Dinechin : Personnellement, quand j’étais adolescent et jeune adulte, je n’y pensais pas. Et c’est à l’âge de 23 ans que j’ai fait une rencontre avec le Christ à travers la lecture d’un livre que m’avait laissé une amie qui était elle-même agnostique. Il s’agit d’un roman du début du XXe siècle du romancier Huysmans. Le livre s’appelle « En route » et raconte l’histoire d’un homme agnostique et qui raconte sa propre conversion, à travers sa pérégrination dans les monastères et dans l’architecture religieuse. Un chemin pour mettre le Christ au centre qui a été pour moi tout à fait décisif. Et une rencontre avec le Christ qui fait qu’Il a pris sa place dans ma vie. J’ai remis les choses en ordre, mis de l’ordre dans mes priorités. Après deux ans de cheminement, engagé avec le Christ dans la prière, avec un accompagnateur spirituel, j’ai fait le saut à 25 ans pour entrer au séminaire pour le diocèse de Paris, qui est mon diocèse d’origine, et accueilli par le cardinal Lustiger qui m’a ordonné prêtre.

Auberi Maitrot : Vous avez été ordonné pour le diocèse de Paris, où vous avez fait toute votre sacerdoce de prêtre avant de devenir évêque auxiliaire. Durant ces années les jeunes ont occupé une place particulière dans les missions qui vous ont été confiées.

Mgr Renauld de Dinechin : De fait, dès mon ordination sacerdotale, j’ai été envoyé en mission auprès des jeunes, des adolescents : pour l’Aumônerie de l’Enseignement Public, en écoles catholiques, chez les Scouts de France... Je ne peux pas dire que j’étais à l’aise au départ et nous avons en fait vécu des expériences intenses, de nombreux week-ends de jeunes, camps de vacances, randonnées, etc. Autant d’expériences dans lesquelles je me suis beaucoup donné, mais dans lesquelles j’ai beaucoup reçu. Et c’est vrai que ça a inscrit dans ma personnalité, dans mon ministère de prêtre, de fortes convictions et relations, avec des jeunes et avec des adolescents. J’en tire la certitude que c’est une génération qui a quelque chose à dire et à apporter. Ça a développé aussi pour moi un esprit de créativité pour aller à la rencontre de ceux qui ne viennent pas forcément, donc un esprit missionnaire, un esprit d’évangélisation.

 

« J’ai soif » comme devise épiscopale

 

Auberi Maitrot : Vous avez été ordonné évêque en 2008 et avez choisi comme devise épiscopale « J’ai soif » (Jn 19, 28), les paroles prononcées par le Christ sur la Croix. Pourquoi avez-vous choisi cette devise ?

Mgr Renauld de Dinechin : Il s’agit de la devise de Mère Teresa de Calcutta, qui est écrite dans toutes les chapelles des sœurs de Mère Teresa soit en anglais « I thirst », soit en latin « Sitio », soit en français « J’ai soif ». Parce que Mère Teresa, en revenant d’une retraite où elle avait contemplé le cri du Christ en Croix, dans la gare où elle se trouvait, a entendu un SDF qui criait « J’ai soif ». Elle a reconnu Jésus dans ce cri qui lui adressait cette parole. Et c’est ce qui l’a mise en route pour aller vers les plus pauvres. Il se trouve qu’en 2008, quand j’ai été appelé pour devenir évêque, j’étais en train de lire le texte les écrits intimes de Mère Teresa de Calcutta et j’ai été très habité par cette parole qui me faisait vivre, qui donnait sens à mon ministère. L’appel à être évêque a été comme un coup de bambou et cette parole m’a beaucoup accompagné. Par ailleurs elle trouve un écho dans la conversation entre Jésus et la Samaritaine (Jn, 4, 7) quand Jésus s’adresse à la Samaritaine et qu’Il lui dit « Donne-moi à boire », en quelque sorte, « J’ai soif, donne-moi à boire ». Cette conversation de Jésus et de la Samaritaine a été, pour la Samaritaine, déterminante. Elle qui était marginalisée, la rencontre de Jésus lui a donné la force, le courage d’aller dans son village vers les hommes pour annoncer « J’ai vu quelqu’un, il m’a dit tout ce que j’avais fait, ne serait-il pas le Messie ? ». Elle a été libérée de ses freins intérieurs pour aller vers l’autre. C’est une parole qui à la fois nous connecte avec le Christ en Croix et le drame de la Rédemption, et en même temps vers la rencontre missionnaire.

Auberi Maitrot : Le blason d’un évêque est aussi porteur de sens. A quoi ressemble le vôtre ?

Mgr Renauld de Dinechin : Le blason que j’ai choisi porte en fond d’image la Croix de Jésus-Christ, où son côté a été transpercé par la lance du soldat romain, et donc la Croix d’où coule l’eau du côté du Christ, l’eau et le sang. Au pied de la Croix, il y a un cerf, en mémoire du psaume qui dit « Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche, toi mon Dieu ». C’est la soif de l’âme qui cherche Dieu, symbolisée par le cerf, qui boit à la source de la rédemption en Christ. Cette source du côté de Jésus donne lieu à un ruisseau qui devient une rivière pour désaltérer tous ceux qui iront au bord de cette rivière. Il y a également un pont qui symbolise la mission de l’évêque comme médiateur de la communion qui relie. C’est une des dimensions importantes de la mission de l’évêque, de relier les personnes, de relier les communautés, d’être un pont entre eux, d’être au service de la communion.

 

La spiritualité du Carmel et de St Louis-Marie Grignion de Montfort

 

Auberi Maitrot : Vous être membre de l’institut Notre Dame de Vie, qui tient une place particulière dans votre parcours spirituel.

Mgr Renauld de Dinechin : Ce qui me mis sur la piste de Notre Dame de Vie, c’est la découverte que j’ai faite de Thérèse de Lisieux au cours du séminaire. La rencontre que j’ai eue avec cette sainte Normande m’a mis sur le chemin de la confiance : de la confiance dans la simplicité, de la confiance en Jésus-Christ. C’est ce qu’on appelle la petite voie de Sainte Thérèse. Elle est devenue un compagnon de route pendant mes années de séminaire et mes premières années de sacerdoce. C’est par Thérèse de Lisieux que je suis venu à Notre-Dame-de-Vie, cette communauté qui est fondée dans l’esprit du Carmel. J’ai eu un appel à mettre l’oraison au centre de ma vie, c’est-à-dire la prière du cœur à cœur au centre de chacune de mes journées. Après sept années de mon ministère de prêtre, j’ai quitté Paris pendant un an pour une année contemplative, une année où j’ai vécu le cycle complet de la culture de la vigne. Une année pendant laquelle j’ai eu le rythme de la vie du Carmel et la découverte de l’enseignement des maîtres du Carmel. Ce lien avec Notre-Dame-de-Vie s’est concrétisé et c’est ma famille spirituelle qui continue d’être un lieu de ressourcement, un lieu de compagnonnage. Il est vrai que, comme prêtre et comme évêque, c’est une belle grâce de pouvoir trouver un lieu de fraternité et de ressourcement qui accompagne mon ministère.

Auberi Maitrot : Il y a un lien particulier à la Vierge Marie dans cette spiritualité et elle tient une place importante dans votre vie.

Mgr Renauld de Dinechin : Absolument ! Elle est centrale. Le Christ est central, mais la médiation de la Vierge Marie est très importante. J’éprouve une grande joie à venir en Vendée, car je vais y retrouver Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, qui a eu une place importante dans ma propre expérience à suivre le Christ. J’ai très fréquemment offert le petit livre du secret de Marie à des chrétiens qui sont en chemin de croissance avec le Seigneur. On a là une vraie source de spiritualité mais tout simplement une source pour suivre le Christ qui est très concrète, simple et forte. J’aurai beaucoup de joie à venir confier mon nouveau ministère à Saint-Laurent-sur-Sèvres à l’intercession de Louis-Marie Grignion de Montfort et de la Vierge Marie.

Auberi Maitrot : Vous avez aussi, Monseigneur, cet amour de la marche. D’où vient-il ? Qu’est-ce que ça vous apporte ?

Mgr Renauld de Dinechin : Je crois que c’est venu de mon service militaire où j’ai fait de longues marches de jour et de nuit. Ce n’est pas forcément romantique, mais c’est un chemin de contact avec la Création. C’est une respiration au rythme de la nature, avec la beauté de la végétation, avec le chant des oiseaux, avec les ciels qui sont changeants. Et quand on marche, tous les ciels sont beaux, qu’ils soient bleus ou gris. C’est aussi un dépassement physique. Quand on marche des heures, il y a de la fatigue, et ce moment de dépassement physique, c’est un moment de décharge mentale : on est calmé, reposé, apaisé. Et puis, la marche, pour un croyant, c’est aussi marcher vers un but. C’est l’image de notre vie sur la terre qui est un pèlerinage entre la famille et le terroir où nous sommes nés, et la destinée vers laquelle nous marchons, qui est la vie éternelle.

 

Crise, résilience et Espérance

 

Auberi Maitrot : Vous venez de publier un livre, « Priez 15 jours avec Jérémie ». Pourquoi est-ce que vous avez choisi de vous intéresser à ce prophète ?

Mgr Renauld de Dinechin : Pour cela il faut remonter à l’année 2020 et à la crise du Covid, puis le rapport de la Ciase en 2021. Ces événements difficiles m’ont fragilisé personnellement, moralement. Ce qui m’a amené à prendre des moyens, j’ai été aidé par une psychothérapeute pour faire le point. À ce moment-là j’ai cherché un guide qui sache que c’était qu’une crise et c’est comme ça que je suis arrivé à Jérémie que j’ai beaucoup travaillé depuis ces cinq dernières années. Au fur et à mesure des prédications que j’ai données sur Jérémie, j’ai perçu à quel point il était un prophète de la résilience et à quel point il rencontrait les croyants d’aujourd’hui, eux-mêmes confrontés à de nombreuses questions sur l’avenir du monde, sur l’avenir de l’Eglise. J’ai aussi trouvé en lui un maître pour une spiritualité au cœur de l’adversité. C’est ce qui m’a conduit à rédiger ce livre et je suis très reconnaissant à cette maison d’édition de l'avoir accueilli (NDLR : Nouvelles Cités), puisqu’ils n’ont pas d’autres personnages bibliques, si ce n’est Saint Paul. Je suis heureux de pouvoir présenter une petite biographie du prophète Jérémie, accessible au grand public avec quelques-uns des fondamentaux de son héritage spirituel.

Auberi Maitrot : En cette année jubilaire pour l’Eglise, quelle est la définition que vous donneriez à l’Espérance ?

Mgr Renauld de Dinechin : Il faut bien se dire que l’Espérance, c’est autre chose que l’espoir qui porte sur des attentes terrestres, humaines. L’Espérance, c’est autre chose que l’optimisme qui est un trait de caractère. L’Espérance porte sur ce qui est au-delà du terrestre ou au-delà des tempéraments personnels. Elle est liée aux épreuves de la vie, au moment où il faut aller chercher des ressources plus profondes que simplement le tempérament. Et en Christ, nous avons les ressources infinies de l’Espérance. J’aime beaucoup cette parole de Bernanos qui dit « L’Espérance, c’est une victoire sur la désespérance ». Quand le pape François a lancé l’année jubilaire, j’ai été très frappé par le titre qu’il a donné à la bulle d’indiction : « L’Espérance ne déçoit pas ». C’est-à-dire qu’on est confronté à la question de la déception et il y a là quelque chose d’universel. Il n’y a pas d’homme et de femme qui ne soient pas, à certains moments de leurs vies, confrontés à la déception. Déception de l’adolescent, déception dans les études, dans les diplômes, déception amoureuse, déception dans la conjugalité même pour un couple stable, déception dans les liens familiaux, etc. C’est quelque chose qui fait partie de nous et c’est très beau que le pape affirme « L’Espérance ne déçoit pas ». Nous avons là quelque chose qui nous permet de traverser les déceptions et purifier ce qu’il peut y avoir de rancœur. Parce que la rancœur, les murmures intérieures, sont un mauvais ferment dans le cœur de l’homme. Cette année de l’Espérance, je le constate, est porteuse de beaucoup de grâces. J’arriverai d’ailleurs juste à la fin de l’année de l’Espérance en Vendée.

 

Mgr de Dinechin sera installé le dimanche 14 décembre à 15h30 en la cathédrale de Luçon.

 

 

 

 

 

 

 

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