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Mgr Olivier de Germay : « le profil du pape Léon XIV sera un atout pour l’Eglise »

Mgr Olivier de Germay : « le profil du pape Léon XIV sera un atout pour l’Eglise »

Un article rédigé par Jean-Baptiste Cocagne - le 8 mai 2025 - Modifié le 8 mai 2025
Les Voix de l'actu · RCF Lyon et RCF Pays de l'AinMgr de Germay : « le profil du pape Léon XIV sera un atout pour l’Eglise »

Habemus papam ! Les cardinaux réunis en conclave ont choisi ce 8 mai 2025 d'élire le cardinal américain Robert Francis Prevost comme évêque de Rome. Léon XIV devient le nouveau pape et le 266e successeur de Pierre.

Premières réactions après cette nomination de l'archevêque de Lyon Mgr Olivier de Germay, au micro de RCF Lyon.

Mgr Olivier de Germay, archevêque de Lyon © RCF Lyon - novembre 2021Mgr Olivier de Germay, archevêque de Lyon © RCF Lyon - novembre 2021

RCF Lyon (Jean-Baptiste Cocagne) : Quelles sont vos premières impressions sur le nouveau pape Léon XIV ?

Mgr Oliver de Germay : Quand il y a eu la fumée blanche, j'étais en train de célébrer la messe à la Primatiale Saint-Jean, avec tous les servants d'autel du diocèse, donc énormément de jeunes. L'information a fuité pendant la messe. Donc j'ai pu annoncer à la fin de la messe, « Habemus Papam ! » Je ne sais pas si j'ai le droit de le faire, mais enfin je l'ai fait ! (rires). C'était déjà une joie, même si on ne savait pas encore le nom. Et puis ensuite, un peu plus tard, bien sûr, on a su, comme tout le monde, le nom.

Ça a été un peu une surprise, le cardinal Prevost ne faisait pas vraiment partie des pronostics les plus fréquemment cités. Ce qui m'a marqué, c'est la joie qu'on sentait place Saint-Pierre, une grande joie communicative. Cela dit quelque chose de la place du pape pour nous.

C'est vrai que pour nous catholiques, le chef de l'Église reste le Christ, il ne faut pas l'oublier. C'est lui la tête, comme dit Saint-Paul. Mais le Christ lui-même a voulu fonder son Église sur Pierre et donc le successeur de Pierre, qui était aussi l'évêque de Rome. Celui-ci a une place importante pour nous catholiques et en particulier, un ministère d'unité à exercer, ce qui est très important dans une Église très diverse, très multiculturelle, étendue sur le monde entier. 

Ma première impression est très, très positive, c'est vraiment une joie. Cette élection m'a donné de la joie. Bien sûr, maintenant on va voir la suite.

RCF Lyon : Les premiers mots du pape ont été emprunts de paix, le dialogue, créer des ponts. C'est inspirant dans cette période particulière ?

Mgr de Germay : Oui, on a été frappé par cette insistance sur la paix. Il a rappelé que ce sont les premières paroles du Christ ressuscité. « La paix soit avec vous », une paix qui n'est pas simplement une paix entre nous, mais une paix qui est un don de Dieu, à recevoir et à partager.

Il y avait aussi un accent missionnaire dans sa prise de parole. Il nous a dit que cette paix, le monde en a besoin. Nous devons donc en être les artisans, de cette paix. Ensuite, on a bien senti qu'il a voulu montrer qu'il s'inscrivait dans la lignée du pape François. Je trouve ça bon parce que dans l'Église, la notion de continuité est très importante. La tradition catholique a une continuité.

Ça ne veut pas dire que le pape Léon XIV sera un clone du pape François. On l'a déjà vu dans son style, ne serait-ce que la façon de s'habiller. Le pape François avait un peu laissé tomber le protocole pour cette première prise de parole. Léon XIV a son style à lui, sa culture à lui, il vient des États-Unis. Mais il y a ce discours vraiment de continuité. Il a parlé de la démarche synodale, l'importance de travailler ensemble, d'être une église ouverte. Il a pris l'exemple des deux bras de la place Saint-Pierre qui symbolisent cette ouverture au monde, l'importance d'être en dialogue. Moi, je suis très confiant pour la suite ! 

RCF Lyon : Léon XIV est un pape américain, de parents français et italien, qui a passé la majeure partie de sa vie au Pérou et qui était depuis quelques années au Vatican à la Curie. Est-ce un homme de la synthèse ? Ne serait-ce que dans son profil, incarne-t-il d'une certaine manière l'universalité de l'Église ? 

Mgr de Germay : Indéniablement, c'est l'une de ses caractéristiques. Je pense que ce sera un atout parce que l'Église est universelle. Mais cette diversité sera toujours aussi un défi. Ce n'est pas pour rien que le Christ lui-même prie pour l'unité entre nous, l'unité entre les différents chrétiens, l'œcuménisme, mais déjà entre nous catholiques aussi, c'est toujours un défi. Donc je crois que ce sera effectivement un atout. Il est Américain, mais il connaît bien la problématique de l'Église latine qui est quand même très différente. Il connaît l'Europe, il connaît la Curie. Il était préfet du Dicastère pour les évêques. Tout ça, ce sont autant d'atouts pour cette charge qui lui incombe et qui est une charge très lourde, ne l'oublions pas. N'oublions pas non plus de prier pour lui. 

RCF Lyon : Un mot sur le nom choisi pour son pontifical, Léon XIV ? Il rappelle Léon XIII ?

Mgr de Germay : Oui. Les médias ont tout de suite fait ce lien avec Léon XIII qui, on le sait, a beaucoup développé la doctrine sociale de l'Église. Après, je pense que ce sera à lui, peut-être, d'expliciter, parce qu'il y a eu d'autres papes Léon.Beaucoup ont été canonisés, d'ailleurs. Ce sera à lui aussi de dire qu'elle était son intuition quand il a fait ce choix. Mais certainement que pour une part, il y a cette dimension de doctrine sociale de l'Église qui est très importante.

RCF Lyon : Spontanément, quels sont selon vous les grands chantiers qui attendent ce nouveau pape ? 

Mgr de Germay : Alors, ils sont nombreux parce qu'il y a la question de l'unité qui est toujours un chantier à prendre et à reprendre. Il y a la question du dynamisme missionnaire de l'Église. On sent que dans certains pays, il y a un vrai renouveau missionnaire. C'est le cas d'ailleurs en France. On a la chance - on en a souvent parlé à votre antenne - d'avoir de nombreux catéchumènes. Mais ce n'est pas le cas partout. Il y a des endroits où l'Église est très vivante. Il y a des endroits où elle est un peu à la peine. Il faut donc relancer sans cesse ce dynamisme missionnaire.

Il y a aussi la différence culturelle avec certains diocèses et certains continents, comme l'Afrique, par exemple, où il y a à la fois une vraie vitalité, mais il y a aussi des vraies questions qui se posent. Il y a aussi parfois une approche différente sur un certain nombre de questions, en particulier sur les questions des mœurs, etc. Quand vous parlez, par exemple, de l'influence de la théorie du genre ou des choses comme ça, en Afrique, ils bondissent ! Alors que nous, on n'est pas pour la théorie du genre, bien sûr, mais on a une approche culturelle un peu différente d'eux. Voilà, il y a tous ces défis de faire l'unité entre tout ça et donner un cap à l'Église. 

Je dirais aussi qu'il y a ce que le pape François a commencé avec cette réforme de la Curie qui n'est pas achevée. Un des chantiers du pape Léon XIV sera aussi de poursuivre ce travail de réforme de la Curie.

Mais l'axe principal, je dirais, il l'a dit lui-même, sera de poursuivre cette démarche synodale. 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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