Mgr Kalist : "Je veux réinvestir Clermont Nord"
L'archevêque de Clermont évoque pour RCF les sujets liés à l'actualité du diocèse et revient sur le contexte de crise politique en cette rentrée. "L'Eglise a une pierre à apporter dans l'édifice social" plaide le prélat. Entretien.
Mgr François KalistParmi les chantiers que vous reprenez en cette rentrée, l’accueil des catéchumènes dans l’Eglise alors que, ces dernières années, les demandes de baptême, de confirmation, de première communion, augmentent. Qu’est ce qui va changer, qu’est ce qui doit changer dans l’accueil, la pédagogie ?
On peut toujours effectuer des regroupements. C’est une manière d’économiser les accompagnants mais, après, c’est aussi toute la qualité de la relation, du dialogue qui se trouve remise en cause. On n’a pas la même disponibilité, la même discrétion, la même écoute quand on accompagne une personne que lorsqu’on en accompagne huit ou dix. Il faudra multiplier les appels peut-être, revoir nos méthodes. C’est pour cela que j’ouvre comme un chantier dans notre diocèse. Il faut que le service de catéchuménat invente une autre manière de faire, d’accueillir et d’accompagner. Il faut faire autrement, avec beaucoup plus de personnes à accompagner.
Dans le cadre de l’année jubilaire, nous avons proposé d’avoir une journée dédiée à la catéchèse au sens large, qui aura lieu le 5 octobre prochain. Cette question de l’accueil sera évidemment, parmi d’autres, évoquée. C’est l’échange d’expériences, de projets qui peut nous amener à trouver les moyens les plus adaptés, afin d’accompagner tous les candidats au sacrement de l’initiation.
Une nouvelle étape du Synode de l’Eglise est lancée, dans les diocèses, jusqu’en 2026. Comment cela va-t-il se passer localement ?
Puisque le Synode avait donné lieu à un document final, il s’agit à présent de lire ce document, et de voir comment nous pouvons l’appliquer et mettre en place les principales intuitions dans les églises. La bonne nouvelle est que nous aurons deux années pour travailler, pour lire les textes. Chaque paroisse ira à son rythme mais je souhaite que les choses se fassent. C’est pour cela que je nommerai rapidement une équipe de coordination au niveau du diocèse.
La rentrée est marquée par un contexte politique et social tendu en France. Un pays où on se fait face, des institutions en panne….qu’est ce que cela vous inspire ?
Nous avons beaucoup de mal à nous écouter dans la vie en général, dans la vie politique en particulier. Une des conséquences de l’individualisme. Chaque tendance, chaque parti revendique sa vérité et l’affirme haut et fort. Modestement, certains débats ont été proposés dans notre diocèse. Je pense à ceux proposés par la Mission ouvrière, sur la question des retraites qui n’est d’ailleurs pas encore résolue. Il me semble que c’est là un appel pour l’Eglise, qui a une pierre à apporter dans l’édifice social, qui a des lieux à proposer, des lieux de rencontres, des lieux apaisés où on ne fait pas de propagande, mais où on peut s’écouter. C’est une condition indispensable pour vivre dans une démocratie.
On a peut-être un peu oublié Clermont Nord les années précédentes
Puisqu’on parle de cohésion, il y a des territoires en proie à des souffrances, et à des violences. Vous avez décidé de prendre le chemin de visites pastorales en direction de Clermont Nord, pour quelle raison ?

D’abord, il ne faut pas stigmatiser un quartier plutôt que d’autres. La violence n’est pas confinée à quelques endroits. Mais on ne doit pas l’ignorer.
Je vais effectivement effectuer des visites pastorales dans les trois paroisses de Clermont Nord, mais cette décision n’est pas directement liée aux événements de cet été et la spirale du narcotrafic. Un nouveau prêtre modérateur a été nommé en cette rentrée pour les paroisses de Clermont Nord. Il y aura d’autres personnes que je souhaite nommer. On a peut-être un peu oublié Clermont Nord les années précédentes. Je veux réinvestir Clermont Nord et, une bonne manière de réinvestir est d’y aller soi-même. Pour écouter, encourager. Je n’ai pas de solution miracle à apporter, mais j’ai pour mission de mettre en évidence sur place ce qui se fait déjà, les choses positives. L’Eglise a quelque chose à dire et à faire.
Violences sexuelles : vers un temps mémoriel organisé au printemps
L'enseignement catholique a annoncé, en mai dernier, le lancement d'une campagne d'information et de sensibilisation sur les violences en milieu scolaire dans tous ses établissements, après le scandale de Notre-Dame-de-Bétharram qui a entraîné une libération de la parole sur le sujet. On a appris cet été que l'un des des plus anciens établissements privés catholiques nantais était visé par un scandale et des révélations. Quelles initiatives avez-vous pris sur le sujet, en lien avec l'enseignement catholique ?
L’enseignement catholique a sa propre organisation, ses initiatives. Il est vrai qu’il y a des révélations récentes qui poussent à faire davantage de prévention, de répression, mais ce n’est pas récent. L’enseignement catholique a tout un ensemble de supports, de parcours pour promouvoir la bientraitance. J’ai eu l’occasion de le redire aux chefs d’établissements qui étaient réunis avant la rentrée ici à Clermont-Ferrand. Ce n’est pas le tout de lutter contre la maltraitance, évidemment qu’il faut le faire, mais il faut aussi promouvoir quelque chose de positif. Et souvent la manière de faire reculer la malveillance, je pense aussi au harcèlement et les violences physiques, c’est de promouvoir une vision positive de la personne et un respect de la personne humaine à tout âge. Il y a une volonté de promouvoir un programme positif pour la personne, en particulier les plus jeunes et les plus fragiles.
Au printemps dernier, il y a eu une session à Lourdes où la CEF a dressé un bilan de l’action menée, trois ans après la publication du rapport Sauvé. L’action doit continuer, c’est le message que j’ai répercuté localement ici, puisqu’après cette assemblée plénière j’avais invité tous les acteurs de notre pastorale au Centre diocésain à Clermont.
Vous le referez ?
Pas forcément sur cette forme-là. Il était bon, après cette session de Lourdes, de traduire tout cela pour le diocèse. Nous avons fait un panorama intéressant de toutes les mesures prises et qui, j’insiste, ne doivent pas nous amener à considérer qu’il n’y a plus rien a faire. L’action doit continuer. Nous ne sommes pas dans une actualité du passé. Bien évidemment que nous aurons a porter ce message cette année. Mais d’une manière un peu différente. Le calendrier n’est pas encore fixé mais, autour d’un temps de prière et d’un temps mémoriel évoquant toutes les personnes victimes de violences, nous aurons un temps fort à bâtir dans le diocèse, au printemps. Et contribuer au refus de toute forme de maltraitance. C’est ce que nous essayerons de faire cette saison.
Un moment fort en prévision les 15 et 16 novembre prochain, vous présiderez un pèlerinage à Notre-Dame de Paris…
L’événement de la réouverture a été colossal et depuis, des foules se pressent à Notre-Dame. Le vice-recteur, que j’ai rencontré pendant les vacances, me parlait de 35000 personnes par jour …. C’est un événement en continu ! Il fallait que nous puissions trouver un créneau pour nous insérer dans ce vaste mouvement international. Le moyen sûr était de trouver l’organisation d’un pèlerinage le temps d’une rapide visite, et d’une célébration avec des pèlerins venus de toute l’Auvergne. Il y aura aussi des Auvergnats déjà présents sur Paris, ainsi que des participants qui viendront du Puy-de-Dôme, du Cantal, de l’Allier, de la Haute-Loire, de la Lozère, de l’Aveyron. Je sais que ce qui a été proposé a été accueilli avec enthousiasme. Maintenant, il ne suffit pas de satisfaire une curiosité pour voir les murs de Notre-Dame restaurés, mais de participer à un pèlerinage, et nous ressourcer dans ce lieu où Notre-Dame est vénéré depuis des siècles.
Retrouvez Mgr François Kalist sur RCF ce vendredi 12 septembre à 12h45 et ce samedi 13 septembre à 9h dans votre magazine Vitamine C, l'actualité des chrétiens en Auvergne, présenté par Jérémi Coulon.
