Mercosur : les agriculteurs de Haute-Loire désabusés après les propos d’Emmanuel Macron
En marge de la COP30 au Brésil, le président Emmanuel Macron a ouvert la voie à une adoption de l’accord du Mercosur. Un choix motivé par la présence de clauses de sauvegarde pour protéger l’agriculture. En Haute-Loire, ce changement de cap ne passe pas.
Emmanuel Macron s’est dit « plutôt positif » à l’idée d’accepter l’accord du Mercosur. © RCF Haute-LoireDepuis plusieurs mois, les syndicats agricoles se battent contre le Mercosur. Cet accord de libre-échange inquiète la profession. Depuis le début, les agriculteurs dénoncent une concurrence déloyale avec l’arrivée de produits ne respectant pas les normes en vigueur en Europe. En ouvrant la voie à l’acceptation du deal, Emmanuel Macron « n’a pas compris le monde agricole, la population et les consommateurs où personne ne veut de cet accord », estime le président de la Chambre d’Agriculture de Haute-Loire, Yannick Fialip.
De son côté, le sénateur altiligérien Laurent Duplomb indique « ne pas être surpris » par ce revirement en raison « des très bonnes relations entre le président Macron et le président brésilien Lula ». Pour justifier ce changement, Emmanuel Macron met en avant des clauses de sauvegarde. Ces dernières doivent permettre de protéger les filières agricoles si les prix dévisent trop. « Une hérésie » pour Laurent Duplomb. Le parlementaire estime qu’elles ne s’appliqueront jamais, « sinon l’Union européenne sera obligée de payer des pénalités aux pays d’Amérique du Sud à cause des clauses de rééquilibrage de l’accord ».
Les clauses de sauvegarde ne sont pas une garantie suffisante non plus pour Yannick Fialip. « Pour le bœuf par exemple, les prix de référence de l’Union européenne sont ceux du début des années 2000. Avec l’inflation, nous n’arriverons jamais à des prix aussi bas, donc les clauses de sauvegarde ne s’activeront jamais. » Il poursuit en estimant qu’une fois la machine lancée, « il est très difficile, voire impossible de l’arrêter ». Le président de la Chambre craint de voir les prix « encore une fois tirés vers le bas ».
Le Mercosur, politiquement difficile à refuser pour Emmanuel Macron selon Laurent Duplomb
La profession s’inquiète de voir arriver des milliers de tonnes de bœuf, de volaille, de maïs ou de sucre produits avec des normes bien moins contraignantes que celles en vigueur en Europe. « En plus, nous savons produire ces produits chez nous, pourquoi vouloir les importer ? » enfonce Yannick Fialip. Ce dernier estime que « nous n’avons rien à gagner avec cet accord, à moins que le président veuille vendre des voitures allemandes ». Avec cette déclaration, le président français semble amenuiser le dernier espoir de la profession, qui espère encore le blocage de l’accord. « On va continuer à se battre », avance le président de la Chambre d’Agriculture, notamment en essayant de convaincre les députés.
Pour Laurent Duplomb, « Emmanuel Macron va accepter l’accord, car politiquement il ne peut plus se permettre d’être une voix dissonante en Europe, au risque d’être inaudible ». Rapporteur de plusieurs textes parlementaires sur le sujet, dont l’explosive loi Duplomb, l’ex-maire de Saint-Paulien craint « la disparition de pans entiers de l’agriculture ».
Pour le moment, les syndicats agricoles n’ont pas annoncé de mobilisations. Mais cela pourrait évoluer dans les jours à venir.
