Médiateur de santé pair : « On connaît les symptômes, les traitements, la stigmatisation »
Atteint lui-même de schizophrénie, Maximilien Durant est médiateur de santé pair. Il accompagne les patients souffrant de troubles psychiques. La Normandie compte une quinzaine de pairs-aidants.
Maximilien Durant, 32 ans, est médiateur de santé pair à Caen ©RCFLe diagnostic est tombé lorsqu’il était au lycée : il est atteint de schizophrénie. La psychiatre assure devant lui à ses parents qu’il ne pourra peut-être jamais travailler, ni même se faire un café... Maximilien Durant a déjoué ce pronostic. Après un parcours de rétablissement, il est aujourd’hui médiateur de santé pair, aidant des patients atteints eux aussi de troubles psychiatriques à réaliser leur projet de vie.
Médiateur de santé pair : une profession qui se développe
Les médiateurs de santé pair sont des personnes qui ont elles-mêmes un trouble psychique, qui vont mieux, et qui se servent de leur expérience pour accompagner d’autres dans leur processus de rétablissement. « On a des connaissances non-académiques. Certains ont souffert d’addictions, d’autres ont vécu dans la rue… On sait ce que c’est de vivre certains symptômes, les traitements, la fatigue, la stigmatisation. » Maximilien a découvert la pair-aidance grâce à son ergothérapeute, alors qu’il suivait des cours de psychologie, puis il s’est engagé comme bénévole au sein de l’association La Maison perchée. « Je ne me voyais rien faire d'autre que de partager mon expérience et d’aider les autres. » Il a alors suivi une licence en sciences sanitaires et sociales option médiateur de santé pair à Bobigny. Cette formation existe aussi à Bordeaux. Comme lui, ils sont quinze médiateurs de santé pair en Normandie.
Il exerce actuellement dans l’hôpital de jour au CHU de Caen, où il propose divers ateliers, de photo, théâtre ou encore de peinture. Il anime également des groupes de parole et organise des modules d’éducation thérapeutique pour permettre aux patients de reconnaître les troubles dans la maladie. Par son expérience, il fait régulièrement le lien entre ses collègues soignants et les patients pour leur permettre de se comprendre.
La réhabilitation : un chemin personnel
« Le psychiatre va essayer de faire disparaître les symptômes, avec les traitements, mais cela ne suffit pas, il faut aussi que le patient soit acteur de son rétablissement, trouver ce qui lui fait du bien. Quel est son objectif : est-ce d’avoir un travail, un logement, des amis ? »
Son chemin de réhabilitation à lui est passé par la peinture, le chant, l’écriture et la création de vidéos YouTube parlant de la schizophrénie. Maximilien Durant souligne que le rétablissement est un chemin personnel. «Chaque parcours est unique. Des fois, j’aimerais bien que les personnes que j’accompagne aillent plus vite et évitent certains pièges, mais en même temps l’expérience s’acquiert en faisant des erreurs. Notre rôle, c’est d’accompagner la personne dans son projet, c’est à elle de découvrir ce qu’elle peut faire et ne pas faire. »
On n’est pas des pathologies sur pattes
Maximilien insiste sur l’importance du rétablissement. « Moi, je n’ai pas connu ça dans mon parcours de soins, on ne parlait pas de rétablissement, on me disait : "Vous êtes malade, vous devez prendre tel traitement, trouvez vos stratégies". Or, il est possible d’aller mieux, d’avoir une vie satisfaisante. » Aujourd’hui Maximilien réalise que sa maladie a finalement été une chance, qui lui a permis de s’ouvrir à d’autres choses, de rencontrer d’autres personnes et cela l’a même conduit à trouver un travail. Un beau témoignage pour les personnes qu’il accompagne et pour leurs proches.

