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Médecins généralistes en grève : à Lille les jeunes aussi sont contre une régulation coercitive

Médecins généralistes en grève : à Lille les jeunes aussi sont contre une régulation coercitive

Un article rédigé par Eva Grandvaud - le 30 avril 2025 - Modifié le 30 avril 2025

Depuis lundi 28 avril, les médecins généralistes et les étudiants sont en colère contre la proposition de loi Garot, visant à réguler l’installation des médecins la profession. À Lille comme dans de nombreuses villes, des manifestations et une grève contre l’obligation d'installation ou d’exercice dans les déserts médicaux.

« Garantir une liberté d’installation pour tous les internes et étudiants, c’est essentiel », résume Chloé, interne en médecine générale à Lille. ©RCF/EG« Garantir une liberté d’installation pour tous les internes et étudiants, c’est essentiel », résume Chloé, interne en médecine générale à Lille. ©RCF/EG

Partout en France, les médecins et les étudiants en médecine ont fait grève et ont manifesté les 28 et 29 avril contre la proposition de loi Garot. Elle prévoit de réguler l’installation des médecins afin de lutter contre les déserts médicaux. Les députés à l’origine de la proposition de loi veulent imposer deux jours par mois de consultations dans les zones sous-dotées aux professionnels de santé. Les députés sont également amenés à se prononcer sur l’interdiction pour les généralistes de s’installer dans des zones déjà suffisamment pourvues en médecins.

« Il faut plus de médecins en France »

Pour les syndicats et les représentants de la profession, cette coercition risque surtout de détourner les jeunes médecins du modèle libéral, de les pousser vers le salariat ou même à quitter la profession, aggravant ainsi la crise de l’accès aux soins.
 

Les manifestants, en blouse blanche, dénoncent une mesure « contre-productive ». Pour eux, la coercition risque surtout d’aggraver la crise, sans résoudre le cœur du problème : la pénurie de médecins et la dégradation des conditions d’exercice.

« Garantir une liberté d’installation pour tous les internes et étudiants, c’est essentiel, résume Chloé, interne en médecine générale à Lille. On veut pouvoir choisir où on travaille. Cette loi va aggraver la pénurie de médecins et sa répartition. » Elle trouve cette mesure « antinomique » avec la nature libérale de leur métier.

Charlène Leydier, interne et secrétaire générale de l’Association des internes de médecine générale de Lille, rappelle « qu’on a autant de médecins qu’en 1970, avec 13 millions d’habitants en plus et une espérance de vie qui a augmenté. Ce n’est pas en étalant le peu de médecins qu’on comblera les déserts médicaux. Il faut plus de médecins en France. »

La région Hauts-de-France n’est pas épargnée

La région Hauts-de-France fait partie des territoires les plus touchés par la pénurie de médecins généralistes, avec une densité de 118 praticiens pour 100 000 habitants, inférieure à la moyenne nationale de 123 pour 100 000 habitants. Et il existe des disparités importantes selon les zones du territoire, cela peut aller jusqu’à 50 médecins généralistes pour 100 000 habitants.
 

Le journal normandDéserts médicaux : Que pensent les étudiants de Caen de la proposition de loi ?

Le cas du Canada : régulation et résultats mitigés

La France n’est pas la seule à s’interroger sur la régulation de l’installation des médecins. Le Québec, province du Canada, a mis en place depuis vingt ans un système de quotas régionaux obligeant les jeunes médecins à s’installer dans des zones sous-dotées à la sortie de leur formation. Plus récemment, un projet de loi prévoit de contraindre tous les médecins formés au Québec à exercer cinq ans dans le secteur public, sous peine de lourdes amendes.

Malgré ces mesures, les résultats sont mitigés : les régions éloignées de la ville de Québec souffrent toujours d’un manque d’accès aux soins, et le système de quotas rencontre de fortes résistances chez les jeunes médecins. Beaucoup cherchent à contourner les obligations ou attendent la fin de la période imposée pour revenir dans les zones attractives. Face aux critiques, le gouvernement québécois a d’ailleurs annoncé des assouplissements, laissant plus d’autonomie aux régions dans la répartition des postes.
 

Le journal régional - RCF Hauts de France
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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