Si le chantier du tunnel franco-italien est depuis ses débuts source de débats, récemment c’est son impact sur l’accès à l’eau potable dans la vallée qui est au cœur des discussions et oppose associations et société de construction.
À la fin du mois de septembre, les associations “Vivre et Agir en Maurienne” et “Collectifs contre le Lyon-Turin” lançaient un cri d’alerte : les captages d’eau potable seraient menacés par le chantier.
Dès 2006, le rapport européen COWI estimait que 60 à 125 millions de m3 d’eau seraient consommés, chaque année, pour le creusement du tunnel. Près de vingt ans plus tard et à l’heure où l’accès à la ressource est de plus en plus difficile, certains habitants craignent que le chantier mette la Maurienne à sec.
“Nous ce qui nous inquiète, ce n'est pas vraiment l’utilisation” explique Martine Noraz, présidente de Vivre et Agir en Maurienne. “C’est le fait que de creuser un tunnel en fond de vallée va vider les nappes phréatiques, les sources… On a des films des eaux d'exhaures qui partent directement dans l’Arc. Ce qu’on craint le plus, c’est que cette eau parte avant même d’avoir été utilisée par les habitants de la Maurienne”.
Une situation qui, si elle se répète dans le temps, pour mener à un tarissement selon les opposants au projet.
De son côté, la société Telt (Tunnel Euralpin Lyon Turin) que nous avons contactée, affirme faire de la ressource en eau “une priorité absolue” et rappelle qu’à ce jour “aucune réduction sur les réseaux d’eau potable des communes n’a été relevé”. L’opérateur du chantier a, par ailleurs, lancé plusieurs appels d'offres pour renforcer le dispositif de suivi des ressources et mettre en place la livraison d’eau en bouteilles ou citernes, en cas d’urgence.
Un bon respect des règles souligné également par la Préfecture de la Savoie. Dans un communiqué, diffusé le 2 octobre, François Ravier précisait “qu’il n’existe aujourd’hui aucun risque sur la quantité comme sur la qualité d’eau identifié par TELT et les services de l’État sur la ressource en eau.”
Samedi 5 octobre, les opposants au chantier se mobiliseront à Saint-Jean-de-Maurienne où se dérouleront, dans le même temps, les Journées Portes Ouvertes du Lyon-Turin.
Si les services de l’Etat veulent se montrer rassurants, plusieurs députés, à l’instar de Jean-François Coulommes (LFI/Savoie) et Gabriel Amard (LFI/Rhône) demandent un arrêt du chantier pour freiner une “catastrophe environnementale depuis longtemps identifiée.”
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