“Marcelle” : un seul-en-scène bouleversant au théâtre Beaux Arts Tabard
Le portrait vibrant de Marcelle Joubert, 96 ans, qui a consacré sa vie aux autres. Un seul-en-scène émouvant interprété par Marie Tartrais, présenté au théâtre Beaux Arts Tabard à Montpellier, ce week-end.
Découvrez l’histoire incroyable de Marcelle Joubert, une Bretonne de 96 ans qui a dédié sa vie aux plus démunis © Marie TartraisLe théâtre Beaux Arts Tabard accueille un seul-en-scène qui a profondément touché le public du Festival d’Avignon : “Marcelle”, interprété et écrit par Marie Tartrais. À travers cette création intime et lumineuse, la comédienne retrace le parcours incroyable de Marcelle Joubert, une Bretonne de 96 ans qui a consacré sa vie entière à aider ceux que le monde avait abandonnés.
Une vie donnée aux autres
“Le bonheur des autres fait mon bonheur, leur malheur m’empêche de dormir” : ces mots résument à eux seuls l’existence de Marcelle. Née en Bretagne, dotée d’une énergie aussi inépuisable que contagieuse, elle a construit, avec son mari Jean, une vie centrée sur l’accueil et la bienveillance.
Le couple élève d’abord douze enfants, dont huit biologiques et quatre adoptés. Lorsque les aînés quittent la maison, Marcelle et Jean choisissent d’ouvrir leur foyer à ceux dont personne ne veut : sans-abri, personnes en grande détresse, familles en rupture, jeunes marginalisés.
Un geste au départ modeste, qui devient peu à peu engagement humanitaire : ils achètent d’autres maisons, accueillent jusqu’à 60 personnes simultanément, offrent nourriture, chaleur, écoute, dignité, et créent, sans l’avoir vraiment planifié, une communauté de survie et d’espérance.
Un sujet devenu théâtre : l’évidence d’un seul-en-scène
Marie Tartrais connaissait intimement cette histoire : elle est la petite-fille par alliance de Marcelle. Mais pendant longtemps, elle ne s’était jamais imaginé en faire une pièce.
Comédienne depuis l’enfance, habituée aux spectacles collectifs et aux écritures contemporaines, elle se lance un jour un défi : faire un seul-en-scène. Elle cherche un texte, sans succès. Rien ne l’inspire pleinement. Jusqu’à ce réflexe presque banal et pourtant décisif : “Et si j’écrivais moi-même ?”
Très vite, la figure de Marcelle s’impose : “J’avais un sujet devant moi, une matière immense, une femme hors norme. C’était évident.”
Écrire sur Marcelle, c’était se confronter à une histoire vraie, dense, parfois rude mais profondément lumineuse. Marie Tartrais plonge alors dans les souvenirs, les témoignages, les archives familiales. Elle glane, assemble, sculpte. Elle découvre aussi que, derrière l’image d’une femme forte, se cachent doutes, fatigue, humour, obstination et coups de cœur.
Le spectacle devient à la fois un hommage, un récit, une transmission, et un questionnement sur ce que signifie aider à hauteur d’être humain.
Une exigence d’authenticité
Marcelle, aujourd’hui encore très lucide, a suivi le projet dès ses débuts. Lorsqu’on lui propose de raconter sa vie sur scène, elle pose une seule condition : ne pas être sanctifiée.
Je te fais confiance et je ne m’appartiens pas. Mais je ne veux pas être mise sur un piédestal. Je veux que ce soit vrai.
Toutes les anecdotes racontées dans la pièce sont donc authentiques, parfois bouleversantes, parfois drôles, toujours profondément humaines. Marie Tartrais restitue sur scène cette parole simple, directe, sans artifice, qui semble traverser les générations.
Lorsque Marcelle découvre enfin le spectacle, l’émotion est immense.
Elle confie à la comédienne être enchantée : “J’ai l’impression de me voir et de voir ma vie défiler sur scène.”
Une performance portée par la tendresse et la précision
Sur scène, Marie Tartrais habite le rôle avec une sobriété qui fait mouche. Pas de grands effets, pas d’excès : simplement une voix, un corps, un texte, et ce fil invisible qui relie une femme de 96 ans à un public contemporain.
La mise en scène joue sur la proximité : une chaise, quelques objets, un espace presque nu où la parole devient décor.
La force du spectacle réside dans son intelligence sensible : il ne s’agit jamais de glorifier, mais de comprendre comment une femme ordinaire peut accomplir l’extraordinaire lorsqu’elle décide de se laisser toucher par le monde.
À Montpellier, un spectacle qui résonne profondément
Après l’accueil chaleureux du public à Avignon, “Marcelle” arrive au théâtre Beaux Arts Tabard. Le lieu, intime et convivial, se prête parfaitement à cette histoire qui appelle l’écoute et l’émotion.
Au-delà du portrait biographique, la pièce interroge chacun. Que faisons-nous pour les autres ? Quelle place laissons-nous à la compassion ? Peut-on encore changer le monde à hauteur d’une maison, d’un geste, d’une main tendue ?
“Marcelle” n’apporte pas de réponses toutes faites. Elle transmet simplement l’exemple d’une femme qui a choisi, toute sa vie, de ne laisser personne dehors.
A voir et revoir, ce vendredi 14 novembre à 20h30, samedi 15 novembre à 19h et une dernière fois ce dimanche 16 novembre à 14h30, au théâtre Beaux-Arts Tabard, 17 Rue Ferdinand Fabre, 34000 Montpellier.


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