Mandat

Mandat, voilà un mot tout simple mais qui appartient aux vocabulaires spécialisés, ceux de la politique, de la justice, de la finance, un mot dont les sens différents sont précis et qui, malgré ce caractère spécialisé, est très fréquent, ce qui somme toute en matière de vocabulaire est rare. Et en ce moment il est en effet au cœur des débats et des manifestations en Algérie. Alors à nous de préciser ce matin, quel âge a ce mot et d’où vient-il .

Il faut en vérité remonter au verbe mander et au latin mandare, qui signifie confier à quelqu’un quelque chose, et qui, à l’époque impériale, consiste aussi à charger quelqu’un d’annoncer quelque chose, de le faire savoir. En fait, l’étymologie est encore perceptible dans la forme du mot où on reconnaît la racine man, maus, la main :  "mandare" se rattache effectivement à l’expression manum dare, proprement donner, dare, en main, manus. D’une certaine façon encore aujourd’hui, on dit toujours qu’on donne la main à quelqu’un pour régler une affaire, tout comme on parle de la prise en main d’une situation. Le verbe mandare a donné naturellement aussi en latin mandatum, la mission de remplacer quelqu’une dans une affaire.

À l’origine, il n’était pas question de contrat mais d’une charge, mais ce fut vite une ordonnance de l’empereur. Le mot est ensuite passé dans le vocabulaire religieux, pour devenir un mandat apostolique, c’est-à-dire une lettre papale donnant une mission à quelqu’un. C’est avec ce sens qu’était attesté dans ce sillage en français le mot mandat en 1488. Et dès le début du XVIe siècle, le mot passait dans le domaine juridique, en tant qu’acte par lequel une personne, le mandant, donne à une autre, le mandataire, le pouvoir de faire quelque chose pour elle et en son nom. D’où aussi des 1771, les mandats dits de paiement, postaux par exemple.

Dès 1789, vient le mandat représentatif, la mission confiée par le peuple à des représentants élus. Et vinrent les qualificatifs : mandat législatif, parlementaire, présidentiels. Sans oublier le mandat à la barre, qui existe depuis 1790, le fait de faire comparaître quelqu’un en justice. D’où la formule des verbicruciste pour ce type de mandat : « prélude au violon », le violon, la prison donc… Non, alors surtout pas de confusion entre les mandats !