2025 : quoi souhaiter en faveur du handicap ?
En partenariat avec Lemon Adds
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20 ans après la grande loi Chirac sur le handicap de 2005, l'ex Fondation Abbé Pierre, alerte sur les difficultés des personnes handicapées pour se loger. Le 30e rapport sur le mal logement publié ce mardi met l’accent sur la pénurie de logements adaptés et les discriminations.
La France continue de s’enfoncer dans la crise du logement. C'est le constat dressé ce mardi par le 30e rapport sur le mal logement de l’ex fondation Abbé Pierre (rebaptisée Fondation pour le logement des Défavorisés, après les révélations d'agressions sexuelles du prêtre).
Mais cette année le document met en lumière les difficultés des personnes atteintes de handicap pour se loger. 20 ans après la grande loi sur le handicap de 2005, ce sont "toutes les facettes du mal logement en pire" constate la fondation. Le rapport évalue à 4 millions le nombre de personnes mal logées en France. Parmi elles, les handicapés, quels que soient leurs handicaps, sont surreprésentés. "Globalement, 4 % des Français sont mal-logés. Mais quand on prend les personnes en situation de handicap, cela monte à 6 %. 221 000 personnes vivent dans un logement inadapté à leur handicap" relève Manuel Domergue, directeur des études de la fondation pour le Logement des Défavorisés.
Avec une offre réduite pour trouver un logement, les personnes handicapées sont contraintes de rester dans leur famille ou d’être orientées vers des établissements médico-sociaux spécialisés, voire en hôtel. Ce type d’hébergement inadapté ne facilite pas la vie quotidienne. En région Lyonnaise, Amala vit depuis 2017 à l’hôtel avec son mari et ses quatre enfants. "J'ai un fauteuil électrique et c'est un petit espace. Il n'y a pas beaucoup de place pour me déplacer. L'accès à la salles de bain est compliqué pour moi parce que ce n'est pas adapté. C'est très compliqué" témoigne-t-elle. Les structures d’hébergement d’urgence ne prennent pas toujours en compte les problématiques spécifiques des personnes en situation de handicap. Quant aux rares totalement équipées et accessibles, elles sont saturées.
En France seuls 18 % des logements sont considérés comme accessibles, et 6 % accessibles et adaptés. L’accès au marché locatif est beaucoup plus complexe pour les personnes atteintes par un handicap. "Par méconnaissance ou préjugé les propriétaires privés hésitent à louer" explique Manuel Domergue.
D’après, la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), en 2022, les personnes en situation de handicap déclarait deux fois plus de discriminations subies au cours de l’année (8,5 %) que l’ensemble de la population valide.
"Il y a des petites annonces qui ne sont pas accessibles aux différentes déficiences visuelles, ou auditives. Des agences immobilières qui ne sont pas accessibles tout simplement. Il y a aussi des vraies discriminations contre les personnes handicapées, en disant, on n'assure pas par exemple les gens qui touchent, l'Allocation Adulte Handicapé. C'est illégal, mais ça se retrouve assez souvent" énumère Manuel Domergue.
L'accès au logement social n'est pas plus facile. Selon le rapport, seulement 10 % des demandes sont satisfaites chaque année, pour les personnes en situation de handicap. "Elles ont 14 % de chances en moins d'accéder à un logement social, alors que le handicap est censé être un critère de priorité" souligne le directeur des études de la fondation. Un autre facteur entre aussi en compte, c’est le mauvais recensement des logements disponibles aux personnes handicapées. "C'est pourtant une obligation que doivent remplir les communes et intercommunalités de 5 000 habitants et plus. Et comme ce travail n'est pas fait, du coup il y a des logements accessibles, qui se voient attribués à des personnes valides", dénonce Nicolas Mérille, conseiller accessibilité au sein d'APF France handicap. Enfin, les délais pour obtenir des aides à l’adaptation d’un logement peuvent constituer un frein, tant pour les bailleurs que les locataires.
Le marché du neuf n’est pas de nature à améliorer la situation, car les objectifs ambitieux de la loi du 11 février 2005 avaient été révisés par la loi Elan en 2018. "La loi handicap prévoyait que 100 % des logements soient accessibles. Or, la loi Elan en 2018 a fait baisser ce taux à 20 %. C'est dramatique. Le neuf ne concerne que 1 % du parc total. Donc si on applique 20 % à 1 %, chaque année, on augmente le stock de logements accessibles que de 0,2 %. C'est famélique" souligne Nicolas Mérille. Une évaluation de la loi Elan de 2018 préconisait de rendre à nouveau accessibles tous les logements neufs construits.
Par ailleurs, la France avait été épinglée en avril 2023 par le Comité européen des droits sociaux. Il estimait que la France avait violé plusieurs articles de la Charte sociale européenne, à l’égard des droits des personnes handicapées, Notamment que "les autorités n’ont pas adopté de mesures efficaces dans un délai raisonnable" pour le logement.
Sur le plan général, la situation du mal logement en France s'est dégradée en 2024 constate le rapport. 350 000 personnes sont à la rue. 2,7 millions de demandes de logement social ont été effectuée l’an dernier, un record ! 12 millions de personnes sont fragilisées par la crise. Le logement a été négligé par les différents gouvernements ces dernières années et a été "pénalisé davantage par l’instabilité politique de 2024" estime la Fondation pour le logement des Défavorisés.
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