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Lycée Averroès : l’État plus dur avec les établissements musulmans que catholiques ?

Lycée Averroès : l’État plus dur avec les établissements musulmans que catholiques ?

Un article rédigé par Aurélien Vurli - RCF Hauts de France, le 3 juillet 2025 - Modifié le 3 juillet 2025
Le journal régional • Hauts de FranceLa commission d'enquête Bétharram rend son rapport - journal du 3 juillet

La commission d’enquête dite Bétharram a rendu public son rapport mercredi 2 juillet. Les rapporteurs constatent un manque de contrôles des établissements privés sous contrat avec l’État, un constat qui ne s’applique pas aux établissements musulmans. Exemple avec le lycée Averroès à Lille.

Y a-t-il un deux poids, deux mesures dans le contrôle de l’État vis-à-vis de l’enseignement catholique et musulman en France ? ©unsplashY a-t-il un deux poids, deux mesures dans le contrôle de l’État vis-à-vis de l’enseignement catholique et musulman en France ? ©unsplash

Ce qu'il faut retenir :

  • Contrat rompu pour Averroès : Le lycée musulman Averroès a perdu son contrat avec l'État en 2023 suite à des irrégularités comptables et pédagogiques, malgré des améliorations notées. Un livre controversé enseigné en classe de seconde a été un facteur clé de cette décision, bien que contestée par le tribunal administratif.
  • Contrôles inégaux : La commission d’enquête Bétharram a révélé un manque de contrôles des établissements privés sous contrat avec l’État, particulièrement pour les établissements catholiques. Entre 2017 et 2023, seulement trois établissements catholiques ont été contrôlés dans les académies de Lille et d’Amiens, alors que les établissements musulmans font l'objet d'une vigilance accrue.
  • Stanislas : La commission d'enquête relève que, contrairement au lycée Averroès, le collège-lycée catholique Stanislas à Paris n'a jamais été menacé de résiliation de contrat malgré des manquements significatifs relevés par l’Inspection générale de l’Éducation, illustrant un traitement différencié.

Un constat de deux poids, deux mesures

Y a-t-il un deux poids, deux mesures dans le contrôle de l’État vis-à-vis de l’enseignement catholique et musulman en France ? C’est ce que semble pointer une partie du rapport de la commission d’enquête concernant le contrôle de l’État sur les établissements scolaires.

Les rapporteurs Violette Spillebout, députée macroniste du Nord, et Paul Vannier, député insoumis, ont présenté le rapport au public mercredi 2 juillet. Ils pointent un manque de contrôle des établissements privés sous contrat catholiques avec l’État. Entre 2017 et 2023, sur les 688 établissements catholiques, seulement trois ont été contrôlés dans l’académie de Lille et d’Amiens.

Si les rapporteurs ont constaté « une extrême rareté des contrôles menés dans les établissements privés sous contrat », ce constat ne « s’applique pas aux établissements relevant du réseau musulman ».

Si la lutte contre l’islamisme et la radicalisation justifie une action résolue et la vigilance de l’ensemble des services de l’État, la commission d’enquête estime avoir mis en évidence l’existence d’un ‘deux poids deux mesures’ de l’État qui ne sont pas mises en œuvre de manière identique à l’égard des différents réseaux d’enseignement. 

L'exemple du lycée Averroès

Les rapporteurs s’étendent sur l’exemple du lycée Averroès à Lille. En 2023, le préfet du Nord a mis fin au contrat de l’État avec ce lycée musulman. Cette décision fait suite à plusieurs inspections et à un rapport de la chambre régionale des comptes (CRC) publié le 30 juin 2023. Le rapport mentionne des irrégularités comptables, sans pour autant parler de fraude. Il souligne des retards dans le renouvellement du conseil d’administration et des faiblesses dans la gestion comptable, tout en notant une amélioration dans ce domaine.

Cependant, le rapport alerte également sur la gestion pédagogique de l’établissement, un domaine qui ne relève pas normalement des compétences de la CRC. Le rapport cite un livre étudié en classe de seconde, qui contient des règles sociales et politiques controversées. Par exemple, le livre interdit à une femme malade de se faire ausculter par un homme si une femme peut le faire, et commande aux hommes et aux femmes d’éviter la mixité au travail. Il parle aussi de la prohibition de l’apostasie, punie de mort. C’est principalement sur cette analyse, qui sera largement contredite par le tribunal administratif, que le préfet s’est appuyé pour résilier le contrat.

Tribunes chrétiennesFermeture du lycée Averroès à Lille, au delà de la polémique

Comparaison avec l'établissement Stanislas

L’enquête des parlementaires compare Averroès avec Stanislas. Dans le cas du collège-lycée catholique parisien, « la résiliation du contrat n’ayant, à la connaissance des rapporteurs, jamais été envisagée pour cet établissement en dépit de manquements significatifs », relevés par l’Inspection générale de l’Éducation, du sport et de la recherche dans un rapport sur l’établissement.

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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