Qui ne s'est pas exprimé sur Notre-Dame-de-Paris, d'abord pour s'affliger, puis pour s'extasier ? Autant de points de vue qui mettent en évidence un répertoire de valeurs. La sociologie n'est pas indifférente à la Dame de pierre. L’EHESS dispose d’un atelier sur la modélisation des valeurs, dans le cadre du Centre de recherche sur les arts et le langage (CRAL). Cet atelier a réuni des chercheurs de plusieurs disciplines pour analyser la profusion des jugements recueillis sur l’édifice, qui, depuis une quinzaine de jours, propose une lumière chaude et intimiste, rappelant celle des bougies. Décryptage avec Nathalie Heinich, sociologue au CNRS et membre de l’Observatoire des idéologies identitaires, qui publie Notre-Dame des valeurs aux Presses universitaires de France.
Depuis sa réouverture le 8 décembre dernier, il y a 100 jours, Notre-Dame de Paris qui a accueilli plus de 2 millions de visiteurs. Elle peaufine son nouvel éclairage modulable 2000 micro projecteurs font varier l'ambiance en fonction des offices et des moments liturgiques. Eclairage sociologique avec Nathalie Heinich, sociologue au CNRS et membre de l’Observatoire des idéologies identitaires, qui publie Notre-Dame des valeurs aux Presses universitaires de France.
"Le propre de Notre-Dame, est que c'est un objet universel", rappelle Nathalie Heinich. Pourtant, deux visions s'opposent pour catégoriser Notre-Dame. D'une part, elle est vue comme un lieu de culte et d'autre part comme un lieu patrimonial. Néanmoins, malgré ces divergences de points de vue, la cathédrale demeure un lieu de rassemblement universel, qui accueille des non-croyants comme des croyants venus du monde entier.
Le propre de Notre-Dame, est que c'est un objet universel.
Notre-Dame de Paris est un véritable symbole de grandeur et de patrimoine français. "Beaucoup de non-croyants sont fortement émus, parce que encore une fois, pour eux, Notre-Dame, c'est avant tout un symbole d'ancienneté, de beauté, de savoir-faire technique, d'universalité ", relate la sociologue.
En écrivant son livre: Notre-Dame des valeurs, Nathalie Heinich était particulièrement étonnée de voir que parmi les personnes les moins affectés par l'incendie étaient les responsables cléricaux. "Parce que leur discours consiste à dire finalement une cathédrale ce ne sont que des pierres, ce qui compte c'est le lieu de culte et que ce dernier ait lieu", explique l'auteur. En revanche, pour ceux qui voient dans Notre-Dame avant tout un objet de patrimoine, "la perte de ces pierres, de leur authenticité, de leur beauté, de leur ancienneté est une catastrophe", souligne-t-elle. Nathalie Heiniche observe une sorte de front renversé entre les plus croyants qui sont apparemment les moins affectés et les moins croyants qui sont les plus affectés.
A travers son livre sur Notre-Dame des valeurs, Nathalie Heinich distingue trois types de valeurs. Tout d'abord, une valeur est quelque chose d'important, qui a de la grandeur. Puis, un objet auquel a été affectée de la valeur. Enfin, ce sont les principes au nom desquels sont accordés de la valeur au premier sens et qui font de cet objet une valeur au deuxième sens. Pour la sociologue, la valeur est une "grammaire axiologique" ce qui veut dire relative aux valeurs que tous partagent, mais qui n'est pas mise en évidence de la même manière.
Avec ce roman, l'auteur livre aux lecteurs une série de recommandations à l'Église catholique notamment. Par exemple, elle devrait plus prendre en compte la dimension patrimoniale de Notre-Dame-de-Paris. "Elle a parfois tendance à ne pas respecter ce qu'on appelle la charte de Venise. Qui a été édictée au début des années 1960 et qui stipule qu’en cas d'endommagement, on doit restituer un édifice patrimonial dans le dernier état connu", relate la sociologue.
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