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Lundi Mairies : Gatuité, développement... quelles priorités pour la mobilité?

Lundi Mairies : Gatuité, développement... quelles priorités pour la mobilité?

RCF Isère, le 3 décembre 2025 - Modifié le 3 décembre 2025
Focus sur l'actualité en IsèreLundi Mairies : Gatuité, développement... quelles priorités pour la mobilité?

Les transports publics et les mobilités devraient être un enjeu clé des prochaines municipales en mars 2026. Développement des réseaux, tarifs voire gratuité, revirements autour des zones à faibles émissions… les futurs élus devront convaincre des citoyens partagés, avec des pratiques et des réalités différentes selon les territoires.
On en parle avec Emmanuel Colin de Verdière,  président de l’ADTC -  Se déplacer autrement, l’association pour le développement des transports en commun et des mobilités dans le bassin grenoblois.

Projet de RER  métropolitain, développement du vélo, sécurisation des voiries : les leviers activables par les maires sont nombreux (Gwenn Boussard/Wikimedia)Projet de RER métropolitain, développement du vélo, sécurisation des voiries : les leviers activables par les maires sont nombreux (Gwenn Boussard/Wikimedia)

 

RCF Isère : La compétence des transports et des mobilités est aux mains des intercommunalités, des métropoles, des communautés de communes, mais les maires ont un rôle à jouer. Lequel ? 

E. Colin de Verdière : Déjà, ils sont membres des établissements de partenariats à vocation intercommunale, comme la Métropole ou les communautés de communes. C'est là qu'ils pèsent. Ensuite, ils sont membres du syndicat mixte des mobilités de l'aire grenobloise* (SMMAG). Et au-delà de ça il y aussi l'aménagement de l'espace public, donc pour les déplacements à pied, à vélo, en voiture, en transport en commun.

 

Développer l'offre et la tarification des transports en communs

RCF Isère : Sur les transports en communs, quels sont les priorités que vous identifiez aujourd'hui? 

E. Colin de Verdière : Le gros projet, c'est Service Express Régional Métropolitain (SERM), ce qu'on appelle le RER métropolitain. L'idée c'est de développer un service de train continu, au moins toutes les heures, sur toutes les lignes autour de Grenoble, vers Saint-André-Le-Gaz, Saint-Marcelin, Chambéry… En termes d'investissement sur l'infrastructure c'est autour de 1,5 milliard d'euros. Il y a une première partie qui est en cours de réalisation.  Mais dès aujourd'hui, on pourrait mettre plus de trains, au moins toutes les heures. C'est du matériel qui dort dans les ateliers toute la journée et le soir, donc il pourrait tourner un peu plus. 

 

Une priorité importante dans la Métropole : prolonger le réseau de tramway. La ligne A à Sassenage, la ligne D à Grand'Place et la ligne E à Pont-de-Claix. 

 
RCF Isère : L'autre gros point, c'est la tarification.

E. Colin de Verdière : Aujourd'hui avec le SMMAG, on a un tarif unique bus, cars, trams mais pour prendre le train entre Voiron et Grenoble ou entre Pontcharra et Grenoble, vous êtes obligés d'avoir deux titres différents. Ca demande une entente entre les collectivités, le SMAG et la Région. Ca aurait un coût, mais bien moindre que celui des infrastructures. Et c'est un développement de l'offre facile à mettre en place.

RCF Isère : Beaucoup réclament la gratuité des transports. C'était aussi l'un des projets de campagne de l'actuel maire de Grenoble, mais la mesure n'était pas tout à fait entre ses mains. C'est quelque chose qu'on peut attendre ou même souhaiter ? 

E. Colin de Verdière : A l'ADTC, on n'est pas favorable à la gratuité pour l'usager mais plutôt à une tarification solidaire, telle qu'elle existe sur le territoire, à partir de 2,50€ par mois. Les recettes usagers sont quand même non négligeables dans l'équilibre, autour de 30%. 

 

Ce qu'attendent les personnes qui sont en voiture pour prendre les transports en commun, ce n'est pas une question de prix.

 

Ca leur coûte déjà plus cher d'être en voiture plutôt que dans le bus. Ce qu'ils attendent, c'est de la fiabilité, de la rapidité, du confort, de l'amplitude horaire. Aujourd'hui, vous avez des zones sans bus le dimanche, à Voiron, Coublevie, Villard-Bonnot ou au Versoud. Ça serait gratuit, mais pour un service qui n'existe pas.

 

Quelle place pour la voiture?

 

Les Zones à faibles émissions en questions 

- Votées à l'échelle nationale, elles avaient été mises en place progressivement dans les grandes villes, dont Grenoble. 
- A l'aide des vignettes "Crit'air", elles interdisaient la circulation des véhicules les plus polluants (donc les plus anciens) dans un périmètre donnée de la Métropole.
- Si des aides à l'achat et à la conversion avait été mises en place par la collectivités, la question du coût de la mesure ou du manque d'alternatives à la voiture a conduit les députés à revenir sur la mesure

 

RCF Isère : La tendance actuelle est à faire reculer l'usage de la voiture pour des raisons de coût mais aussi pour des raisons environnementales. Le débat s'est beaucoup crispé ces derniers mois autour des ZFE.

E. Colin de Verdière : Nous on pense que ca revient un peu à réserver la route à ceux qui ont des voitures neuves. On est plutôt favorables à ce qu'on appelle des "Zones à trafic limité", où seuls les riverains ou les livraisons ont le droit d'accéder. C'est un outil qui permet de réduire la circulation automobile. 

RCF Isère : Mais qu'est-ce que vous répondez par exemple aux commerçants qui pointent du doigt les difficultés pour circuler et stationner dans Grenoble?

E. Colin de Verdière : Déjà, ils ont beaucoup de clients qui sont sur Internet et qui, même s'ils pouvaient venir, ne viendraient pas. Ensuite, cette problématique n'est pas qu'à Grenoble. Il suffit de lire la presse pour voir qu'à Vienne, à Saint-Etienne, il y a des gros soucis pour les commerces de centre-ville. Ca montre que ce n'est pas forcément la politique de mobilité qui est en cause.  Et pour certains achats c'est aussi logique d'aller plus proche de chez soi quand on habite à Crolles, par exemple.

 

A Grenoble, on peut toujours venir en voiture et stationner. Il y a de la place dans tous les parkings. Certains vont dire que c'est payant. Mais le bus c'est payant aussi.

 

RCF Isère : Les communes rurales sont moins bien, voire très mal desservies et encore très dépendantes à la voiture. Quel levier un maire peut activer?

E. Colin de Verdière : Quand on regarde les enquêtes de déplacement, on s'aperçoit que la grande majorité des déplacements font moins de 5 km, voire moins de 3 km. Des zones qui sont tout à fait atteignables à vélo ou à pied. Pour que ces modes de déplacement se développent, il faut les favoriser en apaisant la rue, en rendant l'espace public agréable, sécurisé, en réduisant la vitesse. C'est un bon moyen dans la main des élus.

 

Poursuivre la piétonnisation

RCF Isère : Si la majorité des déplacements se font à pied, il y a des efforts à faire de ce côté-là?

E. Colin de Verdière : Dans la métropole, 43 %, des déplacements se font à pied pour aller à l'école, dans leurs commerces de proximité. Il y a eu une forte piétonisation à Grenoble, il y aurait sans doute d'autres petits secteurs à piétoniser. Et notamment pour que les enfants puissent se les réapproprier, jouer dans la rue. C'est le cas avec les "places aux enfants", devant les écoles, où il n'y a plus de circulation automobile. Elles sont en fort développement à Grenoble, à Poisat ou Meylan, par exemple. Ça rend abords beaucoup plus agréables et ça incite les gens à y aller à pied ou à vélo.

 

Accompagner l'essor du vélo

RCF Isère : En ville comme ailleurs, il y a un fort engouement autour du vélo depuis plusieurs années. On peut aller plus loin?

E. Colin de Verdière : C'est le cas avec les Chrono vélo (les "autoroutes à vélo" de la Métropole grenobloise, ndlr) La dernière se termine à Fontaine. Il faut continuer à développer le réseau, pour sécuriser les cyclistes. Ça fonctionne : nos compteurs sont entre 6 et 8 000 passages par jour.

Une autre mesure forte ce serait de créer une rocade à vélo autour de l'hypercentre de Grenoble, pour donner aux cyclistes une alternative aux  rues piétonnes et pour rendre la zone complète aux piétons. Sans interdire l'accès aux vélos, ça serait plus agréable pour les piétons dans le centre-ville. 

 

 

*Le Syndicat mixte des mobilités grenobloises regroupe depuis 2020 les communautés de communes du Pays voironnais, du Grésivaudan, la Métropole Grenoble-Alpes et, depuis Novembre 2025, celle du massif du Vercors.

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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