Loup Besmond de Senneville : "François est allé dans deux pays qui traversent d'énormes difficultés"
Le pape François est rentré dimanche d'un voyage en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud. Un périple éprouvant et émouvant, qui s'est achevé par une bonne nouvelle : l'officialisation par le pape de sa venue en France, le 23 septembre prochain.
La ferveur et l'enthousiasme des fidèles ont fortement marqué le pape au cours de son cinquième voyage en Afrique, surtout en République démocratique du Congo, où François a passé les trois premiers jours de sa visite. "On y sentait une joie très démonstrative", note Loup Besmond de Senneville, correspondant de La Croix à Rome, qui a suivi le voyage. "C'était moins le cas au Soudan du Sud, un pays plus éprouvé par la guerre, mais où les gens sont aussi naturellement plus réservés. Cela tient peut-être à l'influence anglo-saxonne", nuance-t-il. "En tout cas, ça fait longtemps qu'on n'avait pas vu de si grandes foules. À Kinshasa, plus d'un million de fidèles ont assisté à la messe, l'une des plus grandes de ce pontificat" souligne le vaticaniste. Il pense que ce continent sera, avec l'Asie, le cœur battant de l'Église dans les années à venir : "L'Asie et l'Afrique sont les deux poumons de l'Église dans le monde lorsqu'on regarde les chiffres."
"Le pape n'est pas un magicien"
La visite pontificale a revêtu un caractère diplomatique : "Il y a forcément un aspect politique dans un voyage comme celui-ci, d'abord parce que François est allé dans deux pays qui traversent d'énormes difficultés, deux pays en guerre", souligne le journaliste. Les relations intuitu personae comptent aussi. "Il a bâti une relation avec les dirigeants de ces pays. Quand le pape se rend dans un pays, il y a forcément un aspect religieux, mais ces déplacements ont aussi une face politique", estime Loup Besmond de Senneville. "Ce qui est intéressant, c'est que comme chef religieux, il parle aux politiques autrement qu'en homme politique", ajoute-t-il. Il désamorce la critique, parfois faite à François, de faire trop de politique : "La politique, ça n'est pas mal, ça fait aussi partie du job", défend le spécialiste du Vatican.
Une attente presque démesurée de la parole du pape
Le journaliste craint cependant que la population ne déchante après avoir fondé tant d'espoirs dans cette visite. "On a bien senti à Kinshasa et à Juba les attentes énormes que suscitait la parole papale. Il y avait une attente presque démesurée de la parole de cet homme, des gens espéraient qu'ils parlent aux dirigeants, arrête la guerre, que sa visite constitue un tournant. Cette attente démesurée sera sans doute déçue, car le pape n'est pas un magicien", considère-t-il. Mais ce n'est pas une visite en vain pour François : "en même temps, cette parole papale trouve un grand écho dans la sphère politique, car quand vous êtes responsable politique et que le pape vous dit quelque chose, ça vous met la pression".
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Le pape confirme sa venue à Marseille… mais pas en France
Lors de la désormais traditionnelle conférence de presse aérienne, l'évêque de Rome a annoncé dans l'avion du retour sa venue prochaine à Marseille. Un projet dont la rumeur circulait depuis quelque temps. "Le pape viendra à Marseille le 23 septembre participer à une rencontre des évêques du pourtour méditerranéen. Ce ne sera pas une visite d'État, le pape ne se rendra pas à Paris, ce voyage n'a aucune visée politique", prévient le correspondant de La Croix. Invité par l'archevêque de Marseille Jean-Marc Aveline, créé cardinal en août, le pape sera donc de ce forum consacré aux enjeux migratoires. Loup Besmond de Senneville le répète, le pape a été clair : "Pour bien manifester que ce ne serait qu'une étape, il a annoncé que, de Marseille, il irait à Oulan-Bator, en Mongolie... Ce sera sûrement le premier Marseille-Oulan-Bator de l'histoire des liaisons aériennes", souligne malicieusement le journaliste.
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