L’OCS, le bras diplomatique de la Chine
On connaissait l'OTAN, le G7, le G20. Il va falloir maintenant composer avec l'OCS, l'Organisation de coopération de Shanghai, qui réunit une alliance baroque, faite notamment de la Chine, de la Russie, de l'Iran, de l'Inde, du Pakistan. Cette alliance représente à elle seule 40 % de la population mondiale, près du tiers du PIB du globe. L’OCS vient de tenir son 25e sommet en Chine, du 31 août au 1er septembre. Décryptage de la géopolitique chinoise avec Emmanuel Véron, docteur en géographie et spécialiste de la Chine contemporaine et des relations internationales.
Drapeau Chinois © DrDans la foulée, Xi Jinping a organisé, mercredi 3 septembre au matin, une démonstration de force militaire aux côtés de Vladimir Poutine et Kim Jong-un. Les images ont fait le tour du monde.
OCS : une nouvelle forme de relations internationales
Xi Jinping, porté par le Parti communiste chinois, souhaite placer la Chine au centre du monde dans tous les domaines : économique, diplomatique, militaire… Cette stratégie utilise un outil particulier : l’OCS. Outil des relations internationales pour la diplomatie chinoise, cette organisation n’est pas onusienne et est même qualifiée de "non-occidentale", rappelle Emmanuel Véron. "Aucun chef de gouvernement de pays occidentaux n’était présent à l’occasion de ces deux à trois jours de sommet à Tianjin."
Le reste du monde, l'Union européenne comprise, est considéré désormais par la Chine comme étant un pôle secondaire, voire très secondaire du jeu international
L’OCS est un outil qui permet à la Chine de se placer au centre du dialogue stratégique international face à sa grande puissance rivale : les États-Unis. "Le reste du monde, l'Union européenne comprise, est considéré désormais par la Chine comme étant un pôle secondaire, voire très secondaire du jeu international", explique le spécialiste de la Chine. Il est évident, aux yeux d’Emmanuel Véron, que l’OCS est utilisé par la Chine avec l’optique d’asseoir son influence pour dépasser la puissance américaine et réorienter le monde autour de la Chine.
Un outil de lutte contre le terrorisme
Lors de sa création en 2001, l’OCS a été créée avec pour objectif principal de lutter contre le terrorisme. Celui-ci est défini par trois mots par ses membres : séparatisme, fondamentalisme, terrorisme, ou formes d’indépendantisme faisant, par exemple dans le cas de la Chine, référence aux Ouïghours dans le Xinjiang.
Le sujet du terrorisme a été quelque part un moyen de légitimer la création d'une organisation internationale. C'est en fait un produit de la fin de la guerre froide, de la recomposition des territoires, de la recomposition des frontières.
Pour autant, la Chine partage des conflits avec l'Inde et la Russie, tous deux membres de l’OCS. Selon Emmanuel Véron, "le sujet du terrorisme a été quelque part un moyen de légitimer la création d'une organisation internationale. C'est en fait un produit de la fin de la guerre froide, de la recomposition des territoires, de la recomposition des frontières." Ces logiques remontent à celles de la guerre froide : non-alignement et indépendance face à la puissance occidentale représentée par l’Europe et surtout par les États-Unis. "Aujourd'hui, on le voit, la Chine réussit à asseoir les asymétries et à instrumentaliser les dépendances pour avoir à sa table l'Inde, la Russie, la Corée."


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