L'impuissance des ONG face à la famine à Gaza
Dans la bande de Gaza, la situation est alarmante. Une famine touche les habitants. Le blocus israélien se poursuit. Très peu de vivres parviennent à entrer alors que les ONG attendent de pouvoir amener des camions de marchandises. Myriam Abord-Hugon est directrice régionale Moyen-Orient pour Handicap International. Elle nous explique faire face à la pire situation humanitaire de sa carrière.
Distribution d'aide humanitaire / crédit : Julia CameronSelon le ministère de la Santé de Gaza, au moins 217 personnes sont mortes de faim dans la bande de Gaza. Parmi elles, 98 enfants souffrant de malnutrition sévère, dont 37 depuis le 1er juillet 2025.
Une situation désespérée
La situation dans la bande de Gaza était déjà décrite comme catastrophique par les instances humanitaires. Entre les bombardements incessants et les manques criants de médicaments et de soins médicaux, depuis deux mois, la famine s’est ajoutée à l’enfer que vivent les Gazaouis. Pour Myriam Abord-Hugon, la situation est inédite et effarante.
Les signes ne trompent pas aujourd’hui.
L’état de famine est un état médical caractérisé par des critères très précis. Il est tout d’abord visuel, comme en témoignent les images relayées par la presse internationale d’enfants décharnés, mais il est confirmé par l’ensemble de la communauté humanitaire et médicale, qui rapporte plus de 200 décès liés à la malnutrition et à la famine. « Les signes ne trompent pas aujourd’hui », alerte la directrice régionale Moyen-Orient pour Handicap International.
L’aide humanitaire bloquée
Cette situation est le résultat direct du blocus contre l’aide humanitaire exercé depuis plusieurs mois par l’armée israélienne. Myriam Abord-Hugon travaille pour Handicap International depuis près de 30 ans et n’a jamais été témoin d’une situation aussi dramatique. « On a une population gazaouie qui est totalement prisonnière. On a un blocus humanitaire total depuis le mois de mars, il n'y a absolument rien qui rentre. Les quelques largages, c’est presque anecdotique ces dernières semaines. »
On a un blocus humanitaire total depuis le mois de mars, il n'y a absolument rien qui rentre. Les quelques largages, c’est presque anecdotique ces dernières semaines.
Le mardi 5 août, le gouvernement israélien a annoncé dans un communiqué réautoriser l’entrée partielle de marchandises privées dans la bande de Gaza. Pour l’instant, la mesure est encore très peu suivie, avec seulement une vingtaine de camions qui entrent par jour, contre les 500 à 600 camions dont aurait besoin la population gazaouie, souligne la directrice. « Il y a des contrôles très importants sur les matières qui peuvent rentrer, et puis tout simplement parce que les fournisseurs, aujourd'hui, n'ont pas encore tout à fait confiance dans cette capacité de pouvoir amener les biens jusqu'au bout. »
La famine impacte directement l’action de Handicap International dans la bande de Gaza. Bien qu’encore en capacité de délivrer des soins de kinésithérapie et d’orthopédie, les patients se sentent souvent trop faibles pour faire le déplacement jusqu’au centre. Les équipes médicales, bien que disposant d’unités mobiles, ont annoncé également ces derniers jours se sentir trop faibles pour se déplacer, en raison de l’absence de nourriture.


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