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L'impasse parlementaire "ne remet pas en cause les institutions", selon Hervé Gaymard

L'impasse parlementaire "ne remet pas en cause les institutions", selon Hervé Gaymard

Un article rédigé par Constantin Gaschignard - RCF, le 21 février 2023  -  Modifié le 22 février 2023
L'Invité de la Matinale Hervé Gaymard, ancien ministre, et président du conseil départemental de Savoie

Dans une ambiance animée, l'Assemblée est sortie vendredi d'une séquence révélatrice. Le débat sur la réforme des retraites a mis en évidence les limites d’un gouvernement privé de majorité absolue. Si Jean-Luc Mélenchon souhaite l’avènement d’une Sixième République plus parlementaire, pour le gaulliste Hervé Gaymard, la Constitution de 1958 renferme en ses lignes la clé de son succès.

Hervé Gaymard est président de la fondation de Gaulle. Hervé Gaymard est président de la fondation de Gaulle.

Entre invectives et obstruction, les députés ne se sont pas distingués par la qualité de leurs débats sur la réforme des retraites. "Ce n'est pas parce que quelques députés et responsables pervertissent nos institutions qu'il faut jeter le bébé avec l'eau du bain", juge pourtant Hervé Gaymard, président du conseil départemental de la Savoie et ancien ministre. "L'année prochaine, la Constitution de la cinquième République va dépasser en durée le record absolu qui était la troisième République, ce qui montre ses capacités d'adaptation", estime-t-il. "Il y a suffisamment de ressorts cachés dans ces institutions pour qu'elles fonctionnent."

 

Il faut dire qu'elles n'en sont pas à leur première tempête. "Elles fonctionnaient pendant les cohabitations, rappelle-t-il, là nous avons, compte tenu de la composition de l'Assemblée nationale et du comportement irresponsable de certains parlementaires, ce très désolant spectacle, mais ça ne remet pas en cause les institutions."

 

Le parlementarisme rationalisé au cœur de la Constitution de 1958

 

Le scrutin législatif de juin 2022 avait fait espérer que l'absence de majorité absolue profiterait, dans l'hémicycle, au sens de la conciliation. Hervé Gaymard ne s'étonne que les espoirs de compromis aient cédé à la réalité du blocage. "La France n'a jamais été un pays de compromis", soutient-il. "Quand on regarde l'histoire de France sur la longue durée, au moins depuis deux siècles, et qu'on la compare avec l'histoire de l'Angleterre, de l'Allemagne, des États-Unis, on se rend compte que notre pays fait peu de réformes mais beaucoup de révolutions", analyse-t-il. 

 

 

Notre pays fait peu de réformes, mais beaucoup de révolutions 

 

 

Conçu par le général de Gaulle pour éviter la paralysie parlementaire constatée sous les précédents régimes, l'article 49-3 de la Constitution permet au gouvernement de faire adopter un texte sans vote. Pour l'avoir utilisé à dix reprises en neuf mois d'exercice, Élisabeth Borne est accusée par beaucoup de contourner le processus démocratique. "Ce n'est pas une idée de de Gaulle, c'est ce qu'on appelle le parlementarisme rationalisé", réplique le président de la Fondation Charles-de-Gaulle, qui récuse le procès en abus de pouvoir intenté à la locataire de Matignon. "Ça fait partie des outils qui sont à la disposition du gouvernement, et moi ça ne me choque pas du tout qu'il soit utilisé", balaie-t-il. "Dans la vie il faut débattre, mais il faut décider".

 

"Trouver des nouvelles formes de consultation"

 

Les conventions citoyennes régulièrement tirées au sort, hier pour le climat, aujourd'hui pour la fin de vie, ne sont pas du goût d'Hervé Gaymard. Elles n’offrent pas selon lui de solution efficace à la méfiance institutionnelle. "À partir du moment où on a des députés et des sénateurs régulièrement et démocratiquement élus, il n'est pas utile de multiplier les autres instances puisque ça brouille complètement le débat", soupire-t-il.

 

"Il y a une montée époustouflante et désolante de l'abstentionnisme électoral, peut-être davantage d'individualisme qu'auparavant", observe avec inquiétude le ministre des années Chirac. "Il faut vraiment trouver de nouvelles formes de consultation", s'alarme-t-il. Quoi de mieux, pour dépasser l'impasse actuelle, que de puiser dans les racines du régime ? "Chaque fois qu'il y avait un référendum, de Gaulle se mettait en jeu", relève Hervé Gaymard. "Et d'ailleurs, après le dernier référendum, qu'il a perdu, il est parti immédiatement".

 

 


 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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