L'horizon européen
Emmanuel Macron, si économe de sa parole, jugeant que son action parlait d’elle-même, semble désormais soucieux de combler son retard d’expression. La fin de la semaine dernière a été dominée par le commentaire présidentiel sur son projet. Elle a montré un président déterminé, indifférent aux critiques et aux contestations. Très sûr de lui.
Il a déployé cette même force de conviction devant le Parlement européen où il s’est exprimé pour la première fois hier à Strasbourg. Depuis son discours de la Sorbonne, il y a huit mois, dont l’ambition proclamée était de « refonder l’Europe », beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de l’Union. Et pas la meilleure. La tâche initiale que s’était donnée Emmanuel Macron s’est révélée plus rude que prévu. Il existait alors un vaste espace où il pouvait déployer son enthousiasme : en Allemagne, Angela Merkel – assez bienveillante pour les audaces de ce jeune président qui s’employait à redresser l’économie en France – devait être réélue sans trop de problèmes.
Depuis, les élections allemandes certes ont permis sa reconduction à la chancellerie. Mais les négociations pour former une coalition ont laissé la chancelière affaiblie. Ailleurs en Europe, en Autriche, en Italie, en Hongrie, en Pologne… le recul de l’esprit européen est devenu la norme
L’Europe doit « résister aux tentations autoritaires » (...) a déclaré la président de La République à Strasbourg. « Je veux appartenir à une génération qui aura décidé de défendre fermement sa démocratie ».
Il n'est cependant pas vain d'afficher un projet ambitieux dans un tel contexte. Il existe une forte cohérence chez le chef de l’État entre ses ambitions réformatrices. Celles voulues pour la France sont, à ses yeux, une condition nécessaire pour peser en Europe et aider à la faire avancer. Restaurer la confiance pour éviter que l’Europe continue de céder aux peurs et aux tentations de repli. « Je ne veux pas faire partie d'une génération de somnanbules » qui s’offre « le luxe d'oublier ce que les prédécesseurs ont vécu», a expliqué Emmanuel Macron à Strasbourg.
La France « est prête à augmenter sa contribution » au budget européen pour la période qui s'ouvrira en 2021, a encore expliqué le chef de l’Etat comme pour témoigner de son engagement. Emmanuel Macron est d’ailleurs attendu jeudi après-midi à Berlin pour s'entretenir avec la chancelière Angela Merkel de l'avenir de la zone euro. En fin de journée mardi, au centre des congrès d'Epinal, Emmanuel Macron a aussi débattu de l'avenir de l'UE avec 200 à 300 personnes.
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