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Quel héritage politique va laisser le pape François ?

Quel héritage politique va laisser le pape François ?

Un article rédigé par Emmanuelle Gründ - RCF, le 22 avril 2025 - Modifié le 23 avril 2025
L'Invité de la MatinaleQuel bilan géopolitique laisse le pape François ? Jean-Baptiste Noé

Le pape François s'est éteint après 12 ans de pontificat. Il aura été le pape des périphéries, du Sud global tout en restant en contact avec les pays du Nord économique. La veille de son décès, il aura brièvement échangé avec J.D. Vance, le vice-président américain, poursuivant jusqu'au bout la fonction diplomatique du Vatican. Pour revenir sur ce rôle clé de François, Jean-Baptiste Noé, historien et rédacteur en chef de la revue Conflits, est au micro de RCF et Radio Notre-Dame. 

En 12 ans, le pape a rencontré de nombreux dirigeants. Peu de temps avant sa mort, il s'entretenait avec le vice-président des États-Unis, J.D. Vance. © Vatican MediaEn 12 ans, le pape a rencontré de nombreux dirigeants. Peu de temps avant sa mort, il s'entretenait avec le vice-président des États-Unis, J.D. Vance. © Vatican Media

Le pape François est mort le lendemain de la fête de Pâques, comme un symbole. "C'est très beau pour tout chrétien", souligne Jean-Baptiste Noé, historien, rédacteur en chef de la revue Conflits et auteur de Géopolitique du Vatican. Dimanche 20 avril, on a pu le voir, extrêmement fatigué, lors de la bénédiction de Pâques, il a fait un bref salut à la foule, mais n'a pas pu prononcer l'intégralité de la bénédiction. "On a vu quelqu'un qui a été jusqu'au bout de ses forces et qui a ensuite remis sa vie et sa charge à Dieu", poursuit l'historien. 

La dignité humaine et l'écologie au cœur de son pontificat

Son pontificat est marqué par de nombreuses thématiques, comme l'accueil des migrants. "Il a montré qu'il y avait un lien profond avec la foi chrétienne, avec la foi évangélique. Et ce ne sont pas des éléments périphériques, mais ce sont des éléments qui sont au cœur de la dignité de l'homme et au cœur du respect de l'être humain", relève l'historien.

Le saint Père n'a cessé de répéter "Todos, todos, todos", signifiant que l'Église est ouverte à tous. Il a aussi placé l'écologie au cœur de son pontificat à travers son encyclique Laudato si'. Cette thématique a parfois pu cliver certains catholiques français en raison de la dimension politique de son discours.

Il était à la fois progressiste et conservateur, comme tout chrétien

En 12 ans de pontificat, le pape François n'a cessé de rappelé inlassablement ce que dit l'Évangile et l'Église catholique. "Il était à la fois progressiste et conservateur, comme tout chrétien, rappelle l'historien. Son rôle de pape est de conserver le message du Christ et de faire progresser les chrétiens dans la connaissance et dans l'amour du Christ", poursuit-il.

Malgré la beauté et la lumière de son pontificat, les historiens retiennent aussi une part plus "sombre". "Je retiens un autoritarisme qui a fini par lasser y compris au sein de la Curie (l'ensemble des administrations qui constituent le gouvernement pontifical), souligne l'auteur de Géopolitique du Vatican. Au fil des années, il y a une dissociation entre le pape et les Romains", affirme-t-il. 

Le pape François, un pape politique 

Le pape François était un pape politique. De nombreuses personnalités comme Emmanuel Macron ou Donald Trump se rendront à son enterrement samedi 26 avril à Rome en la basilique Sainte-Marie-Majeure. L'action politique du saint Père s'est notamment construite autour de la diplomatie vaticane. C'est-à-dire "mettre la question de la dignité humaine au centre des réflexions politiques et de l'action politique".

"Je retiens notamment, parmi les images fortes, la rencontre avec le patriarche Kirill à Cuba. C'était la première fois que le pape rencontrait le patriarche de Moscou", souligne Jean-Baptiste Noé. Cette rencontre est particulièrement importante car elle met en avant un moment d'œcuménisme et de dialogue entre le monde catholique et le monde orthodoxe. 

François a parlé largement au-delà du monde catholique. Il a contribué à porter la pensée chrétienne au-delà du monde chrétien

Un autre point important du pontificat du pape François a été sa relation avec le monde musulman. "J'ai notamment été très marqué lors de mes différents voyages par le fait que les mondes musulmans ont une vision très positive de François et le voient comme quelqu'un d'important, que ce soit au Kazakhstan, en Égypte, au Maroc", relate l'historien.

Le pape François s'est rendu dans l'ensemble de ces pays et a discuté, dialogué avec les chefs d'État et religieux. En février 2019, il a rencontré Ahmed el-Tayeb, grand imam de la mosquée d'Al-Azhar. Le cardinal français Jean-Louis Tauran a été l'artisan de ce dialogue interreligieux. "Il a façonné ce qu'on appelle la doctrine Tauran de dialogue avec le monde musulman."   

Les mondes musulmans ont une vision très positive de François et le voient comme quelqu'un d'important

Le saint Père entretenait de bonnes relations avec l'Inde. Le premier ministre du pays, Narendra Modī, a d'ailleurs écrit un très beau message de condoléances aux chrétiens du monde entier, alors même que les chrétiens sont minoritaires en Inde. "François a parlé largement au-delà du monde catholique. Il a contribué à porter la pensée chrétienne au-delà du monde chrétien", affirme Jean-Baptiste Noé.

Désormais, qui pour prendre sa suite ?

Début mai se tiendra à Rome le nouveau conclave qui réunira l'ensemble des cardinaux et aboutira à l'élection du futur pape. "C'est un moment de prière pour déterminer qui est le plus apte à occuper la chaire de Pierre", rappelle Jean-Baptiste Noé.

Le futur Saint-Père sera celui d'une nouvelle génération, il devra répondre aux nouvelles problématiques des années à venir. L'un des enjeux majeurs de ce futur pontificat concernera l'Italie, puisque le pays fait face à une déchristianisation importante et à un désintérêt croissant de la population pour la religion catholique. Le nouveau pape devra aussi reprendre les chantiers ouvert par le François. À savoir "la réforme de la Curie, l'amélioration des finances du Saint-Siège, les questions sud-américaines et asiatiques, parler et revenir au Christ", conclut le rédacteur en chef. 

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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