Avec l'encyclique Laudato si', quel héritage laisse le pape François pour la planète ?

Le pape François aura promu, à travers son encyclique Laudato si', une vision chrétienne de l’écologie qui intègre tous les aspects de la vie. Elle a eu un impact notoire sur l'ensemble du monde puisqu'elle amène à une réflexion et à un constat sur l'écologie intégrale. Elle est l'une des encycliques les plus lues de l'histoire. Elle se résume en une phrase : "Le soin de notre maison commune", comme le souligne Laura Morosini, directrice des programmes Europe du mouvement Laudato si'. 

L'écho de Laudato si' à travers le monde

À travers l'écriture et la publication de Laudato si', le pape François s'inscrivait déjà il y a dix ans dans une vision réformatrice de l'Église sur l'écologie. "Le pape a tout de suite eu une action diplomatique sur les questions écologiques", rappelle Laura Morosini. Avec la rédaction de cette encyclique sur l'écologie intégrale, il a permis de mettre en lumière la priorité d'agir pour notre monde, chose qu'aucun pape n'avait fait avant lui. 

Laudato si’ aura provoqué une prise de conscience ecclésiale

Une ferveur est née autour de cette nécessité d'agir et de prendre soin de notre maison commune. "Les catholiques voulaient se mobiliser, faire une grande pétition, se réunir pour agir, accompagner la parole du pape par de l'action", relate-t-elle. Laudato si’ aura provoqué une prise de conscience ecclésiale : "384 institutions catholiques auront cessé tout investissement dans les énergies fossiles". 

À l'échelle du monde, 20 000 personnes ont été formées par le mouvement Laudato si'

En adéquation avec cette demande du souverain pontife et la volonté des catholiques d'agir, le mouvement Laudato si' est né. Il s'agit d'un réseau global de plus de 900 organisations catholiques fondé en 2015 aux Philippines par le cardinal Tagle.

Sa mission est d'inspirer et de mobiliser la communauté catholique à prendre soin de notre maison commune, comme le demande le pape dans son encyclique. Ainsi que d'aboutir à une justice climatique et écologique. Depuis sa création, à l'échelle du monde, 20 000 personnes ont été formées par le mouvement Laudato si'.  

La naissance du concept d'écologie intégrale 

L'encyclique amène à une réflexion et à un constat sur les pollutions des mers, des sols, du milieu urbain, du climat et de la biodiversité. Après sa publication, François a réalisé une exhortation apostolique qui porte le nom de Laudate Deum. Juste avant la COP28, cette exhortation avait pour but d'alerter et de pousser les pays qui préféraient ignorer la crise climatique à prendre leurs responsabilités. "Il propose le concept d'écologie intégrale, il donne des orientations et il insiste sur une spiritualité écologique", explique la directrice des programmes Europe du mouvement Laudato si'. 

L'encyclique intègre le concept d'écologie intégrale, c'est-à-dire qu'il comprend l'écologie politique, environnementale, économique, sociale et spirituelle. Elle touche tous les individus et toute la société. "C'est une façon entière de voir l'humain, ne le réduisant ni à des gestes individuels ni à un système auquel on contribue malgré soi, quelque chose de négatif qui peut être mortifère." Le pape François insiste sur le fait que l'homme est intégré à la planète, qu'il n'est pas l'ennemi de l'écologie. 

L'Église comme interlocuteur écologique

Grâce à la publication il y a dix ans de Laudato si', l'Église est parvenue à créer une ouverture sur les questions écologiques, faisant d'elle un réel interlocuteur. "Le pape est considéré comme pertinent sur les questions écologiques grâce à ses écrits et ses paroles, insiste Laura Morosini. Le monde écologique est beaucoup plus ouvert au dialogue avec les chrétiens." 

Après la mort du souverain pontife lundi 21 avril, les catholiques du monde entier espèrent que son successeur fasse perdurer son sillon en matière d'écologie : "Je l'espère pour le monde et pour l'Église aussi, parce que c'est un beau souffle que le pape nous a donné".