L’État jugé « passif » dans le traitement de l’affaire Riaumont
La commission d’enquête parlementaire mandatée par la commission des affaires culturelles et de l’éducation a présenté ce 2 juillet, à l’Assemblée nationale, son rapport sur les modalités du contrôle par l’État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires. Elle est notamment revenue sur les violences commises au sein de l’institution religieuse de Riaumont, pointant du doigt « un demi-siècle de violences, sur fond d’inaction coupable des pouvoirs publics ».
Beaumanoir, second foyer du village d'enfants de Riaumont, est devenu un bâtiment scolaire en 1998 © Usquequo2 / Wikimedia CommonsLa commission d’enquête parlementaire, qui a principalement travaillé sur l’affaire Bétharram, s’est aussi penchée dans une dizaine de pages sur le cas de l’institution religieuse de Riaumont, près de Liévin.
Celui-ci est cité comme un autre exemple de violences systémiques. Autrement dit, un cas où les sévices seraient causés pour « redresser » les « enfants difficiles ».
Des violences qui passent aussi par un endoctrinement idéologique
Cependant la commission souligne une particularité, pour Riaumont. Celle d’avoir eu une forme de violence psychologique plus insidieuse que d’autres établissements, à savoir l’endoctrinement idéologique.
Pour ce point, elle s’appuie sur l’engagement politico-religieux du père Albert Revet, le fondateur du village d’enfants de Riaumont, « qui n’a jamais caché son ambition d’éduquer les pensionnaires selon une éducation traditionaliste ». Toujours selon le rapport, des professeurs y évoqueraient « un système d’embrigadement complet qui nie complètement l’individu et ne laisse aucune place à l’autonomie ».
Une indifférence que la commission peine à comprendre
D’après le document, Riaumont aurait fonctionné pendant plusieurs années avec « une relative indifférence de l’Etat » à la situation des enfants qui étaient envoyés dans l’institution. Les rapporteurs - les députés Violette Spillebout et Paul Vannier - disent ne pas comprendre la réaction des pouvoirs publics, pourtant sollicités plusieurs fois au fil des ans.
Ils écrivent que les alertes sont accueillies « avec scepticisme », et que « l’attitude des services de l’Etat pose problème ». Notamment au sujet de la régularisation du statut de l’établissement, validée par les services en dépit de « son passif et des réserves émises par les inspections ».
La commission regrette donc principalement un manque d’attention de la part de l’administration. Elle constate cependant aujourd’hui une véritable prise de conscience.
La communauté traditionaliste de Riaumont réagit
Après la publication du rapport, la communauté traditionaliste de Riaumont a affirmé n’avoir jamais été entendue par la commission, et déplore une atteinte « au principe du contradictoire et à l’indépendance de la justice, les faits évoqués étant toujours en cours d’instruction ».
Elle a annoncé lancer prochainement plusieurs actions judiciaires. L’association Notre-Dame de Riaumont entend ainsi obtenir l’insertion forcée dans le rapport d’un droit de réponse en réaction au compte rendu de l’audition de la journaliste Ixchel Delaporte. En parallèle, elle réclame que le bureau de l’Assemblée nationale s’engage à poursuivre la journaliste indépendante pour délit de parjure, en raison de déclarations jugées mensongères devant la commission d’enquête parlementaire.


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