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Le lien entre les catholiques et les droites en France : naturel ou paradoxal ?

Le lien entre les catholiques et les droites en France : naturel ou paradoxal ?

Un article rédigé par Jeanne d'Anglejan - RCF, le 11 janvier 2023  -  Modifié le 17 juillet 2023
Les Racines du présent Le lien entre les catholiques et les droites en France : naturel ou paradoxal ?

Parfois considérée comme un lien naturel et évident, parfois comme un paradoxe scandaleux, la relation entre les catholiques et les droites est historique. Dans "À la droite du Père - Les catholiques et les droites de 1945 à nos jours" (éd. Seuil, 2022), Florian Michel et Yann Raison du Cleuziou reviennent sur l’évolution des relations entre politique et catholicisme en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

La Manif pour tous à Paris, le 04/09/2021 ©Corinne Simon / Hans Lucas La Manif pour tous à Paris, le 04/09/2021 ©Corinne Simon / Hans Lucas

 

Quel visage pour l’Église au lendemain de la guerre ?

 

Depuis 1945, les visages de l’Église comme des partis politiques ne cesse d’évoluer en France. Mais une constante semble s’imposer : "Les relations entre les catholiques et les droites ont été plutôt bonnes..." Pour François Ernenwein, ancien rédacteur en chef à La Croix, ancien chef du service Politique, les partis de droite sont très attentifs aux revendications des catholiques. Florian Michel, co-auteur du livre "À la droite du Père - Les catholiques et les droites de 1945 à nos jours", approuve cette intime connexion du catholicisme et du vote à droite. Au lendemain de la guerre, l’influence de l’Église sur la société passe par des mouvements de presse ou via les missionnaires, et s'immisce au sein même des partis politiques.

 

Pendant l’Occupation, certains évêques se tournent vers le maréchal Philippe Pétain, qui concède stratégiquement des avantages aux écoles catholiques. Quelques années plus tard, l’émergence du MRP (Mouvement républicain populaire) marque : c’est la première fois que les démocrates chrétiens ont une large assise électorale, accédant de manière durable au gouvernement. Robert Schuman ou Edmond Michelet s’imposent comme les nouvelles figures plus modérées face à une extrême droite nationaliste.

 

 

→ À LIRE : Résistants chrétiens : une face sombre et l'autre lumineuse

 

 

La guerre d’Algérie et mai 68, deux points de bascule

 

La guerre d’Algérie, dès 1964, avive les tensions entre les catholiques et le Général de Gaulle. "L’événement divise les droites mais aussi les gauches", rappelle Yann Raison du Cleuziou. C'est un point de déchirement de la vie politique française. Les partisans d’une extrême droite catholique voient en la guerre l’occasion de se réaffirmer, avec la perception d’une guerre civilisationnelle face à l’islam et au communisme. Florian Michel rappelle quant à lui que c'est aussi et surtout une histoire populaire, notamment pour le million de pieds noir très pratiquant présent en Algérie.

 

En 1977, "69% des prêtres de moins de 40 ans votent à gauche". Ce basculement se note dès 1965, année de triomphe pour la Ve République et pour l’Église qui achève Vatican II. Pourtant, les jeunes se mettent à déserter les églises au profit des manifestations étudiantes. Mai 68 est l’expression des tendances souterraines, d'une volonté de modernisation plus rapide et plus radicale que celle vendue par l’Église ou par les gaullistes. Y est associée une image plus arriérée, associée à une forme de conservatisme. Le jeune clergé apporte son soutien à la gauche politique, plus sociale. Certains catholiques français participent pourtant à une modernisation.

 

Quid des catholiques de droite aujourd’hui ?

 

Indéniablement, les discours des droites se sont transformés ces dernières années, au profit d’un pluralisme politique. Si en 2017, 55% des pratiquants réguliers avaient voté pour François Fillon, les voix sont plus réparties en 2022. Ainsi, 8% des catholiques sondés ont voté pour Valérie Pécresse, 21% pour Emmanuel Macron, 21% pour Marine Le Pen et 16% pour Éric Zemmour.

 

"Un tel éclatement au sein des droites ne s’était jamais vu jusqu’à présent, c’est un changement spectaculaire", souligne Yann Raison du Cleuziou. Pour François Ernenwein, "certains candidats ont joué sur leur hostilité vis-à-vis de l’islam". Pourtant, le message de l’Évangile ne pousse pas à aller vers les extrêmes. Depuis 1945, le pluralisme se maintient dans les droites françaises : les catholiques Français ne semblent pas se fixer sur un vote mais se ventilent assez largement dans les droites.

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Les Racines du présent

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