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Les premières leçons des municipales

Un article rédigé par Pauline de Torsiac - RCF,  -  Modifié le 24 juin 2021
Le dossier de la rédaction Les premières leçons des municipales
Record d’abstention, percée des verts dans les grandes villes. Que nous révèle le second tour de ces élections municipales, marquées par des mois de crise sanitaire ?
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Les électeurs de 4 820 communes étaient appelés à voter hier pour le deuxième tour des élections municipales. Un scrutin sur fond de crise sanitaire. Près de trois mois et demi après le premier tour, l’épidémie de coronavirus, qui a mis le pays à l’arrêt, a incontestablement marqué les esprits. " Les enjeux politiques sont un peu passés au second plan, en revanche si on regarde les préoccupations des Français, les enjeux sanitaires et environnementaux sont passés en tête de leurs préoccupations. Cela crée donc à un niveau politique une évolution possible mais les enjeux de pouvoir d’achat, de sécurité ou de terrorisme sont passés largement au second plan des soucis quotidiens des Français" , analyse Cédric Passard, politologue et enseignant à Sciences Po Lille, au micro de Pauline de Torsiac.

Un taux d’abstention record

Autre enseignement de ce second tour : un taux d’abstention record.  Malgré un net recul de la crise sanitaire ces dernières semaines, 16 millions d'électeurs ne sont pas allés voter hier.
Le taux d'abstention atteignait environ 55 % au 1er tour il y a plus de 3 mois. Hier, on a atteint près de 60% d’abstention.  Jamais la participation n'aura été aussi faible lors d'élections municipales en France. Seuls 4 Français sur 10 se sont rendus dans les bureaux de vote. Ce triste record s'explique par la crise sanitaire qui a sans doute dissuadé un certain nombre d'électeurs. Mais cette abstention massive confirme aussi une défiance et un désintérêt pour le politique. Directeur du service pastorale d'étude politique et aumônier des parlementaires, le Père Marc Lambret  fait un parallèle entre les électeurs et les croyants : " Les Français sont croyants non pratiquants pas seulement pour ce qui est de la vie chrétienne mais aussi pour la vie politique. Peut-être un peu par paresse, en se disant : est-ce que cela vaut la peine que je me dérange pour m’occuper de cela alors que d’autres le font ? On peut dire aussi si l’on est résolument optimiste que c’est une confiance profonde dans les représentations politiques et les institutions. Mais cette confiance les amène à se reposer sur ceux qui veulent bien bouger. Il faudrait une pratique plus sérieuse, plus fidèle, plus ardente et engagée qui la fasse vivre et la garde car c’est une chose fragile qui peut être mise en danger ".

Quelle santé pour notre démocratie ?

Ce taux d’abstention record interroge aussi sur la santé de notre démocratie puisque certains maires ont finalement été réélus alors que le taux de participation était très faible.  Un exemple : celui du  ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin. Il l’a emporté haut la main dès le 1er tour dans son fief de Tourcoing avec plus de 60 % des voix. Alors que la participation n’a été que de 25 %, le maire n’a en fait été choisi que par 15 % des inscrits. Qu’en est-il de la légitimité des maires, dans un  tel contexte ?  " Il peut y avoir un problème en termes de légitimité et de représentativité des maires, estime le politologue Cédric Passard. Au final, des maires peuvent être élus par une très faible partie de la population, 10 % des inscrits". 

Pas de seuil normatif de participation

Dans son avis rendu le 17 juin, le Conseil constitutionnel a rappelé qu’au regard de la constitution, le principe de « sincérité » du scrutin ne s’appréciait pas en fonction d’un seuil normatif de participation. Il rappelle  toutefois qu’en cas de recours, il appartiendrait au juge administratif d’apprécier au cas par cas « si le niveau de l’abstention a pu ou non altérer (…) la sincérité du scrutin ».

Un rôle accru pour les élus locaux

Si le faible taux de participation peut remettre en cause la légitimité des maires, paradoxalement, la crise sanitaire a plutôt renforcé le rôle des élus locaux. L’épidémie de coronavirus a remis les maires sur le devant de la scène. Les édiles se sont en effet retrouvés au front pour gérer la crise et venir en aide à leurs administrés. Alors qu’il y a quelques mois les maires des petites communes avaient le blues, la figure du maire est plus que jamais populaire malgré ce faible taux de participation. " Les citoyens sont attachés à leur maire, assure Cédric Passard. Il y a un lien direct avec le maire qui fait que les citoyens sont largement conscients des difficultés et responsabilités que cela implique. C’est un peu différent dans les grandes villes, avec une certaine professionnalisation de la politique".

Attention aux effets de miroirs

Le second tour des municipales ne doit pas faire oublier l'aspect local et rural de ce scrutin. " On regarde beaucoup les grandes villes mais il ne faut pas qu’elles masquent les tendances de fond plus larges de même que pour la vague de fond écologiste. Les résultats du premier tour montrent quand même que la droite avait bien fonctionné et remporté un certain nombre de succès" , rappelle le politologue.

Vers un remaniement

Au lendemain de ce deuxième tour des élections municipales et de cette poussée des Verts, Emmanuel Macron recevra à 11h à l’Elysée les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat. Il devrait leur annoncer la reprise de certaines propositions. Le président de la République,  qui a également en tête le remaniement ministériel,  devrait dire d’ici la fin de ma semaine s’il décide ou non de garder Edouard Philippe à la tête du gouvernement . Le nouveau gouvernement pourrait être annoncé jeudi ou vendredi, même si le chef de l’Etat pourrait prendre quelques jours supplémentaires pour décider.
 

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Le dossier de la rédaction © RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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