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Les acteurs de la lutte contre la pauvreté tirent la sonnette d'alarme

Les acteurs de la lutte contre la pauvreté tirent la sonnette d'alarme

Un article rédigé par LD - RCF, le 2 juillet 2025 - Modifié le 3 juillet 2025
L'Invité de la MatinalePauvreté en France : le bilan avec Didier Duriez, président du Secours Catholique

Ce jeudi 3 juillet, François Bayrou rencontre les acteurs sociaux à Matignon. Le collectif ALERTE, groupement de plusieurs associations, est particulièrement mobilisé au cours de la canicule. La discussion permettra aussi d'aborder des dossiers plus long terme avec l'exécutif. Une urgence réactivée par le décès hier à Besançon d'un sans-domicile fixe. 

Didier Duriez, président du Secours Catholique © RCFDidier Duriez, président du Secours Catholique © RCF

Après les députés proches de la ligne présidentielle ce soir, François Bayrou reçoit ce jeudi, en compagnie des ministres Catherine Vautrin et Valérie Létard, les représentants du collectif ALERTE, né de l'union de 34 fédérations œuvrant dans le domaine social. L'occasion pour les acteurs de la solidarité d'alerter sur la situation des plus pauvres en France, face à la canicule mais plus largement au quotidien en France. 5,1 millions de personnes sont considérées comme pauvres aujourd'hui en France selon l'Observatoire des Inégalités. 

Alerte rouge pour les plus précaires face à la chaleur

Pendant l'été, le Secours catholique est encore plus sollicité qu'à l'accoutumée. Didier Duriez, président du Secours catholique, raconte : Marseille, on a environ deux fois plus de personnes qui frappent à notre porte à 6 heures du matin parce qu'elles sont victimes de déshydratation, parce qu'il y a des effets secondaires liés à la chaleur, qu'ils soient dermatologiques ou autres, parce qu'elles ont besoin de soins d'hygiène..." L'été est parfois plus compliqué que l'hiver pour les personnes à la rue. Face à cela le Secours catholique se mobilise, pour lutter parfois contre des situations qu'il n'avait pas anticipé. "Il faut mobiliser des personnes pour pouvoir répondre aux besoins que l'on voit arriver chaque jour, et auxquels on ne s'attendait pas forcément", à l'instar des mycoses, favorisées par la chaleur et la sudation. 

Pour autant le Secours catholique n'est pas appelé uniquement que pour des personnes à la rue. Les membres de la fondation doivent aussi se porter au secours des habitants des "chaudières thermiques", ces bâtiments mal-isolés qui ne permettent pas de trouver de la fraîcheur, et pour qui "la climatisation est totalement hors de portée."

Déstigmatiser la pauvreté

Les profils des personnes bénéficiant de l'aide du Secours catholique sont diverses. Pour autant toutes font face selon Didier Duriez à un discours de "stigmatisation galopante"." Les pauvres sont aidés et dépensent l'argent que nous leur donnons généreusement pour regarder Netflix sur leur canapé. Il y a des discours, y compris politiques, qui ressemblent beaucoup à ça" pointe le président du Secours catholique.

Lors de sa rencontre avec l'exécutif, le collecitf ALERTE entend donc faire entendre un appel à "lutter contre la stigmatisation" d'une part et "lutter contre la suppression des allocations" d'autre part. Menacées par le budget 2026 en préparation dans les couloirs de Bercy et Matignon, les allocations pourraient se voir réduites pour combler le déficit public. Des projets qui ne collent pas avec la réalité du terrain selon Didier Duriez : "à court terme, on fait des économies. À moyen terme, on crée un énorme problème qu'on aura beaucoup de mal à résoudre en quelques années".

J'ai eu la chance de rencontrer Paul Christophe, alors ministre des Solidarités, pour lui présenter notre rapport statistique en novembre. Je suis venu avec notre responsable de l'action en justice et deux personnes en situation précaire. Le rendez-vous devait durer 45 minutes, nous y sommes restés une heure et demie.

Face à un premier ministre qui a peu parlé du sujet de la pauvreté, le collectif ALERTE espère pouvoir faire prendre conscience au gouvernement du quotidien des plus précaires. "J'ai eu la chance de rencontrer Paul Christophe, alors ministre des Solidarités, pour lui présenter notre rapport statistique en novembre. Je suis venu avec notre responsable de l'action en justice et deux personnes en situation précaire. Le rendez-vous devait durer 45 minutes, nous y sommes restés une heure et demie. Et je peux vous dire que le ministre les a regardés et écoutés. Notre responsable et moi n'avons presque rien dit."

Un élan de solidarité

Si, pour Didier Duriez, le sujet de la grande précarité n'a pas encore bien pénétré les sphères du pouvoir, il engage une large frange de la population. "Si l'on regarde les statistiques de France Générosité, qui est un peu comme notre syndicat, on constate toujours une augmentation du nombre de personnes souhaitant s'engager bénévolement, avec un profil un peu différent de celui que l'on connaissait avant la Covid." Une impression confirmée par une étude de l'Institut Jean Jaurès. Si les jeunes sont statistiquement de moins en moins nombreux à s'engager dans des associations, ceux qui franchissent le pas sont globalement plus investis. Le Secours Catholique a par exemple pu compter sur des volontaires réunionnais pour se déplacer jusqu'à Mayotte après le passage du cyclone Chido.

Alors que la rencontre des acteurs de la lutte contre la pauvreté avec Michel Barnier avait dû être annulée, le collectif ALERTE espère pouvoir faire appel à la solidarité de l'actuel locataire de Matignon.

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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