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Les musulmans d'Angers veulent céder leur mosquée au Maroc
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Les musulmans d'Angers veulent céder leur mosquée au Maroc

Un article rédigé par Thomas Cauchebrais & Marion Bastit - RCF Anjou - RCF Anjou,  -  Modifié le 2 octobre 2020
Faute d'argent pour finir le chantier de la mosquée, l'Association des musulmans d'Angers veut la céder au royaume du Maroc, ce qui ne fait pas l'unanimité. La Ville pourrait s'y opposer.
2020 RCF Anjou - Il manque 4,5 millions d'euros pour finir le chantier de la mosquée d'Angers, lancé en 2014. 2020 RCF Anjou - Il manque 4,5 millions d'euros pour finir le chantier de la mosquée d'Angers, lancé en 2014.

La mosquée d’Angers pourrait bientôt être cédée au royaume du Maroc. Vendredi 25 septembre 2020, l’association des musulmans d’Angers (Ama) a procédé à un vote en ce sens devant un huissier.

Objectif : trouver les 4,5 millions d'euros qui manquent pour terminer cette mosquée de 2 000 m², située sur le plateau des Hauts de Saint-Aubin.

Le financement étranger autorisé en France

Si la loi interdit le financement d'une mosquée par une collectivité publique française, elle n’interdit pas son financement par l'étranger, qu’il s’agisse d’Etats ou de donateurs privés.

Selon un rapport du Sénat, en 2016, le Maroc finançait des mosquées françaises à hauteur de 6 millions d'euros, l'Algérie a versé 2 millions d'euros à la Grande Mosquée de Paris, et l'Arabie Saoudite 3,8 millions d’euros, de 2011 à 2016.

"La mosquée sera gérée en tout indépendance"

A Angers, cela fait plusieurs années que les musulmans peinent à trouver l’argent pour terminer le chantier de la mosquée. Pour Mohamed Briwa, le président de l’Ama, la céder au Maroc est la meilleure des solutions.

Il assure qu’il n’y aura pas d’ingérence du Maroc dans la gestion de la mosquée. « Je tiens absolument à préciser que l’Ama reste l’unique gestionnaire du lieu de culte à Angers, et en toute indépendance », insiste-t-il.

"Une trahison pour les musulmans"

Mais Mohamed El Hourch, l’ex-président de l’Ama, évincé du conseil d’administration il y a un an, s’oppose à cette cession. En procès avec l’actuel président de l’association, il conteste sa légitimité.

Il ne lui reconnaît pas le droit d’entamer cette démarche au nom de tous les musulmans qui ont donné de l’argent depuis 40 ans. « Il a trahi tous les musulmans », estime Mohamed El Hourch.

"Tout le monde doit pouvoir s'exprimer"

« Aucun des anciens présidents [de l’Ama], et il y en a six, n’ont été contactés, dénonce-t-il. Aucune organisation ou association musulmane de la ville, culturelle ou cultuelle, n’a été consultée. »

« Il y a 7 000 donateurs, et ils sont soi-disant 87 à avoir voté. Ça veut dire qu’il y a 1 % des donateurs qui ont décidé. » Mohamed El Hourch demande donc un moratoire pour que tous les musulmans puissent s’exprimer sur le sujet.

"Les grands donateurs sont d'accord"

Mohamed Briwa rejette cette demande. « Premièrement, il faut que ça vienne des vrais donateurs, estime-t-il. Depuis le début de ce projet [de cession] il y a un mois, nous avons consulté les vrais sages, ainsi que les grands donateurs, et ils ont tous exprimé leur position favorable à ce projet-là, dans l’intérêt général. »

A ce jour, l’ambassade du Maroc, que nous avons contactée, n’a pas encore dit si le pays accepterait ou non la donation de la mosquée, mais il est possible que l’Association des musulmans d’Angers soit confrontée à un blocage juridique.

Un blocage juridique

En effet, dans le contrat de vente du terrain où se trouve la mosquée, conclu entre la Ville d’Angers et l’Ama, il est stipulé que le bâtiment ne peut être cédé avant la fin des travaux, sauf autorisation spéciale de la Ville, qui a vendu le terrain.

Selon l’entourage du maire d’Angers Christophe Béchu, la Ville devrait s’appuyer sur cet argument juridique pour s’opposer à la cession de la mosquée au Maroc, mais le maire veut consulter le conseil municipal avant de se prononcer.

Même s’il n’y a pas de cession, le Maroc pourrait quand même décider de financer la fin du chantier de la mosquée. Dans ce cas, la Ville n’aurait pas son mot à dire. Quant au préfet de Maine-et-Loire René Bidal, il n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet.

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