« Les Jardins d’à côté » : un projet citoyen pour des légumes locaux à Jambes
À Jambes, rue de Dave, un collectif de citoyens a lancé « Les Jardins d’à côté », un projet de maraîchage bio de quartier. Objectif : produire des légumes locaux et de saison, sauvegarder les terres fertiles de nos villes et retisser le lien entre habitants et agriculture.
©JADACImplanté sur une parcelle de 0,7 hectare, « Les Jardins d’à côté » permettent à de nombreux habitants de Jambes de profiter de légumes bio cultivés à deux pas de chez eux. L’initiative est née de la volonté d’un collectif de citoyens, dont Pierre Bertiaux est co-fondateur, de reprendre en main leur alimentation. Plutôt que de dépendre exclusivement des grandes surfaces et des légumes importés, souvent produits à l’autre bout de l’Europe, ils ont choisi de consacrer du temps et de l’énergie à la culture et à la consommation de légumes locaux et de saison.
Les terres maraîchères de Jambes ont longtemps nourri la ville de Namur. Mais au fil des années, l’urbanisation a grignoté ces espaces fertiles, remplacés par du béton et des immeubles. En conséquence, les habitants se sont retrouvés dépendants des importations pour remplir leurs assiettes. Avec « Les Jardins d’à côté », le collectif entend inverser cette tendance. En soutenant ce projet, chacun contribue à préserver les dernières terres cultivables de la région et à maintenir une activité agricole vivante en plein cœur de Jambes.
Une coopérative solidaire
Au-delà de la simple production de légumes, « Les Jardins d’à côté » fonctionnent comme une véritable coopérative. Les producteurs mettent en commun leurs outils, leur matériel végétal, leurs savoir-faire et même leur main-d’œuvre. Ils partagent également la logistique de distribution et la gestion administrative. Ce système de mutualisation à l’échelle locale, améliore la rentabilité des maraîchers et renforce la viabilité d’un métier souvent fragilisé par la concurrence des prix bas imposés par la grande distribution.
La commercialisation se fait également selon des règles différentes. Ici, l’agriculteur n’est pas contraint de s’aligner sur les prix cassés pratiqués en supermarché. « Un maraîcher ne doit pas vendre ses tomates à un prix qui ne lui permet pas de se rémunérer », rappelle Pierre Bertiaux. Les légumes sont proposés à des tarifs abordables, mais toujours justes, garantissant une rémunération correcte pour le travail fourni. Et surtout, ils sont produits dans le respect de l’environnement et du rythme des saisons. Pas question, par exemple, de trouver des poivrons en plein mois de janvier : la diversité des cultures suit le calendrier naturel.
Une agriculture soutenue par la communauté
Le fonctionnement du projet repose sur un principe appelé « agriculture soutenue par la communauté ». Chaque famille ou habitant qui souhaite participer s’abonne pour dix euros par semaine. En échange, ils peuvent venir chercher directement leurs légumes dans le jardin. Mais le soutien ne se limite pas à une contribution financière : certains habitants s’investissent aussi en mettant la main à la pâte, que ce soit lors des plantations, des récoltes ou pour aider à des travaux collectifs.
Cette organisation brouille volontairement la frontière entre producteurs et consommateurs. Ici, il n’y a pas d’un côté les maraîchers et de l’autre les clients : tous se considèrent comme membres d’un même projet. Cette implication directe des habitants renforce non seulement l’esprit de solidarité, mais aussi le lien à la terre et à l’alimentation. Pour beaucoup, participer aux « Jardins d’à côté » est aussi l’occasion de se reconnecter à des gestes simples, d’apprendre ou de transmettre un savoir-faire, et de redonner du sens à ce que l’on met dans son assiette.
Un modèle concret et local
Au-delà de l’aspect pratique, se nourrir de légumes frais, bio et locaux, « Les Jardins d’à côté » incarnent une manière concrète d’agir sur les grands défis de notre époque : la crise écologique, la perte de biodiversité, la disparition des terres agricoles ou encore la dépendance aux importations. Ici, tout se joue à l’échelle d’un quartier, avec une approche résolument solidaire et citoyenne.
Au final, c’est une façon pour la communauté de reprendre en main sa consommation
En recréant du lien entre habitants, en valorisant des pratiques respectueuses de l’environnement et en préservant un patrimoine agricole menacé, ce projet prouve qu’il est possible d’imaginer d’autres modèles alimentaires. Et que parfois, la solution aux problèmes globaux peut commencer… juste à côté.


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