Les influenceurs catholiques à Rome pour leur premier jubilé
Ils viennent des quatre coins du monde : plus d’un millier de missionnaires numériques convergent vers Rome ce week-end pour un événement inédit dans l’histoire de l’Église catholique. Pour la première fois, un jubilé leur est consacré, signe fort de reconnaissance institutionnelle pour ceux qui évangélisent à travers les réseaux sociaux.
Frère Paul-Adrien d'Hardemare, prêtre dominicain Crédit photo chaîne you tube @frerePaulAdrienC'est le temps fort qu'attendaient près d'un million de jeunes catholiques, de 18 à 35 ans. Du 28 juillet au 3 août, Rome accueille les pèlerins du jubilé des jeunes. Au cœur de ce rassemblement le plus important de l'Année sainte aux faux airs de JMJ, se tient le premier jubilé des "missionnaires digitaux" ou influenceurs catholiques, les 28 et 29 juillet.
Ce qu'on attend, c'est une certaine forme de reconnaissance institutionnelle, de dire que ce monde-là existe, que l'Église en prend acte et qu'elle va l'accompagner et l'encourager
Un premier jubilé pour les influenceurs catholiques
Ils sont jeunes pour la plupart, passionnés de foi et de communication. Qu’ils viennent d’Italie, d’Amérique latine, des Philippines ou de France, les « influenceurs catholiques » se retrouvent à Rome à l’invitation du Saint-Siège. Parmi eux, Frère Paul-Adrien d'Hardemare, dominicain français devenu figure incontournable de l’évangélisation en ligne.
Depuis la création de sa chaîne YouTube en 2019, le prêtre attire chaque semaine des dizaines de milliers de fidèles. Sa communauté compte désormais plus de 500 000 abonnés. Ce jubilé, il l’attend avec espérance : "Ce qu'on attend, c'est une certaine forme de reconnaissance institutionnelle, de dire que ce monde-là existe, que l'Église en prend acte et qu'elle va l'accompagner et l'encourager."
Le numérique : une opportunité et des enjeux pour l'évangélisation
La présence massive de ces créateurs de contenu chrétiens à Rome traduit une prise de conscience croissante : l’environnement numérique est aujourd’hui un véritable champ de mission. Les défis, toutefois, sont nombreux estime Frère Paul-Adrien. "Le prochain enjeu est de trouver des modèles institutionnels pour réguler et encadrer la parole." Si chez les dominicains, il existe des référents théologiques, il va falloir trouver un cadre pour ceux qui se lancent seuls.
Autre enjeu pour Frère Paul-Adrien, le modèle financier. Produire du contenu de qualité, être présent, former les consciences… Tout cela nécessite des ressources. "Nous, on a fait le choix de la mendicité apostolique, c’est-à-dire qu’on ne vit que de petits dons" précise le religieux, mais d’autres devront inventer d’autres modèles. Ce sera l’un des grands chantiers des dix prochaines années."
On a besoin d’être soutenu
L’exposition médiatique, un risque spirituel
Avec la notoriété viennent aussi les attaques, les remises en question, la fatigue. Derrière les écrans, ces missionnaires digitaux restent vulnérables. "Je suis devenu certainement une proie, confie Frère Paul-Adrien. Le danger, ce n’est pas tant d'avoir des grandes chevilles que de me protéger psychologiquement contre les insinuations, les attaques… Il faut tenir. Et pour cela, on a besoin d’être soutenu."
Pour lui, l’exposition ne doit jamais prendre le pas sur l’essentiel : la mission. Il porte en ce moment un projet qui lui tient particulièrement à cœur : le podcast La Bible en un an, une lecture et méditation quotidienne des Écritures. "C’est une manière de nourrir ma propre foi tout en la partageant avec les autres."
Ce jubilé marque un tournant : celui de l’officialisation d’une nouvelle génération de missionnaires, à la croisée de la tradition et de l’innovation numérique. À Rome, l’Église pose un geste fort en les reconnaissant comme des artisans à part entière de l’évangélisation contemporaine.


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