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Les impayés de pension alimentaire : une violence conjugale oubliée

Les impayés de pension alimentaire : une violence conjugale oubliée

Un article rédigé par A. Dagba - RCF Alsace, le 24 novembre 2025 - Modifié le 4 décembre 2025
Le grand témoin en Alsace LorraineLes impayés de pension alimentaire : une violence conjugale oubliée

En France 1 famille sur 4 est une famille monoparentale ; dans plus de 80% des cas, les enfants vivent principalement chez la mère qui devient parent gardien. Et dans ce cas, le refus ou la suspension du paiement de la pension alimentaire peut avoir des conséquences lourdes sur l’ensemble de la famille. 
 

DR Angélique GasmiDR Angélique Gasmi

40% des pères solvables refusent de payer la pension alimentaire” affirme Angélique Gasmi, fondatrice du fonds Femmes et avenir qui soutient les familles monoparentales. Cette contribution à l’éducation et l’entretien de l’enfant est une obligation légale dans le cas où la séparation résulte d'un divorce. Son montant moyen est de 190 euros par mois et par tête. Une somme qui paraît dérisoire lorsqu'elle est comparée au coût moyen d'un enfant, estimé à 750 euros par mois par le Sénat. Le mode du calcul de cette somme, en partie basé sur le revenu du parent débiteur, provoque en plus, une précarisation du parent gardien renforcée par l'écart salarial entre les hommes et les femmes. En effet, la mère (généralement désignée parent gardien), doit veiller aux besoins matériels de l'enfant, que la pension soit payée ou non et ce, quel que soit son salaire. 

Poussées à bout

Cette forme de violence économique constitue une violence conjugale dont les impacts, multiples, se répercutent également sur la santé mentale des femmes et des enfants. "Cette violence impose une pression mentale permanente : devoir demander, devoir justifier, devoir négocier... 

...C'est une manière de maintenir le contrôle même à distance 

énumère, émue, l’obernoise installée à Paris. Face au sentiment de solitude et afin d'éviter les conflits, de nombreuses mamans solos renoncent à cette pension. "35% d'entre elles renoncent par peur de subir des violences de l'ex-conjoint ou les enquêtes [judiciaires visant la famille] ", explique Angélique Gasmi.

Le logement, premier marqueur de précarité

Après une séparation les femmes perdent 20% de leur niveau de vie

rappelle, en s'appuyant sur les données de l'INSEE, Angélique Gasmi. Les hommes, eux, n'en perdent que 3%.  “Le non paiement de la pension expose à des difficultés financières qui empêche les femmes de se loger", poursuit Angélique Gasmi. Une majorité des cheffes de familles sont locataires et dans les villes, 40% d'entre elles résident dans les quartiers prioritaires. 

Pour lutter contre ces violences et éviter le déclassement des familles monoparentales, le fonds Femmes et Avenir milite pour la création d’un nouveau statut juridique : celui de "parent assurant seul les responsabilités parentales”. Il pourrait ouvrir des places préférentielles à ces familles au sein des logements sociaux. En 2024, le Sénat recommandait la création de ce statut à titre expérimental. Moins ambitieux, il visait à donner "des avantages et tarifs préférentiels, mis en place par les employeurs, les collectivités et les services publics".  

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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