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RCF "Les frères Sisters" de Jacques Audiard
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"Les frères Sisters" de Jacques Audiard

RCF,  -  Modifié le 19 septembre 2018
Ce mercredi Valérie de Marnhac parle du dernier film de Jacques Audiard.

Avec Les Frères Sisters, nous avons enfin notre grand film de la rentrée, celui qu’on attend après la pause de l’été ! Il a déjà subjugué de nombreux festivaliers à Deauville, à Toronto, à la Mostra de Venise où son réalisateur Jacques AUDIARD vient de remporter le Lion d’argent, 4 ans après sa Palme d’Or à Cannes pour DHEEPAN. Son film donc, si vous n’avez pas encore vu l’affiche de ces deux silhouettes de cow-boys à cheval, sur fond rouge flamboyant, est un pur western, pour les amateurs du genre. L’action démarre en 1851, dans l’Oregon, en pleine conquête de l’Ouest et ruée vers l’or. Deux frères, tueurs à gage, sont envoyés à la poursuite d’un homme à abattre, et d’un détective déjà à ses trousses.  Coups de feu, saloons, prostituée au grand cœur, tout y est !
Bande annonce +

On a été plus habitués ces derniers temps à de mauvais remakes ou au mieux à de bonnes copies du genre western. Mais là, Audiard ne renouvelle pas seulement le western, il le sublime. Il en garde les dimensions intemporelles : les grands paysages, le road-movie l’attrait des richesses et son danger. Mais il emploie pour cela deux voies totalement nouvelles. La première, contenue dans le titre, est au centre de l’histoire et elle nous parle de fraternité. Plutôt qu’un héros solitaire, seul contre tous, Eli et Charlie SISTERS sont deux frères au passé familial violent et dont la relation est marquée par la culpabilité et la domination. Mais ils se protègent mutuellement, se parlent beaucoup, et c’est en explorant le cœur et la psyché des deux bandits que le film nous livre progressivement une réflexion profonde sur leur humanité.

Rares en effet sont les westerns où le héros pleure la mort de son cheval ou respire le parfum de sa bien-aimée ! Jacques Audiard a déclaré dans une interview : « le masculin devient intéressant lorsque la virilité tombe ». Ce qui l’intéresse ici justement, c’est comment, à partir de leurs failles et de leurs fragilités, ils n’en deviennent pas moins des hommes.

Deuxième nouveauté, elle touche au thème de la violence. A l’âge d’or d’Hollywood, elle faisait partie intégrante des westerns et de la lutte des cow-boys contre les indiens, une sorte de mal nécessaire dans cette quête de la Terre promise, épopée fondatrice de la nation américaine. Et c’est justement ce que dénonce Audiard aujourd’hui :  la transmission de la violence par les pères et la difficulté d’en sortir.
Sans vous dévoiler le dénouement, c’est à travers le magnifique travail sur les couleurs, du chef opérateur Benoit Derbie, que nous passons des ténèbres à la lumière. Et d’une première séquence hypnotique d’éclats de feu en pleine nuit, de cheval enflammé au galop, nous passons à la douceur quasi onirique d’une fin apaisée.

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