Les femmes, principales victimes de la pauvreté en France
En Alsace, près de 20 000 foyers ont sollicité l'aide de Caritas en l'espace d’un an en 2024, soit 7000 de plus que l’année précédente. Des chiffres mis en exergue par la publication du 30e rapport sur la pauvreté en France. En cause de cette augmentation : l’apparition de nouveaux profils dont une majorité de familles et de mères isolées.
PixabayBien que le taux de pauvreté reste globalement stable au niveau national en 30 ans (14,4 % en 2022, contre 14,5 % en 1996), Caritas Alsace observe depuis quelques années l’arrivée et la stabilisation d’un nouveau profil.
Les femmes et les enfants d’abord
En 2024, près de 7000 foyers supplémentaires ont sollicité l'aide de Caritas en l'espace d'un an, avec également une évolution marquée des profils accompagnés, la précarité : plus de la moitié sont désormais des familles avec enfants, dont 24,8 % des mères isolées. Une tendance particulièrement inquiétante qui révèle un affaiblissement des dispositifs de protection sociale pour les familles les plus vulnérables.
2 500 enfants dormiraient dehors en France, 200 dans l'Eurométropole de Strasbourg selon le Collectif Pas d'enfants à la rue qui demande que les gymnases soient réquisitionnés pour mettre à l’abri les familles lors de la trève hivernale. "On imagine le stress que cette situation représente pour les enfants concernés, s'indigne Louis-Marie Perrin qui tire la sonnette d'alarme. Beaucoup d'enfants portent également la responsabilité de leurs familles. A cinq, huit, dix ou douze ans, ils commencent à être porte-parole de leurs parents, surtout pour ceux qui ne sont pas à l'aise avec le français. C'est très courant parmi nos accueillis. Leur développement s'accompagne de violence, de difficultés psychologiques, et de relation avec l'autre. Ce sont des enjeux qui sont pour nous difficiles à appréhender."
Une précarité administrative grandissante
Les dispositifs d’aide existent pourtant, mais le rapport du Secours catholique montre que près de 38 % des personnes éligibles au RSA ne le touchent pas, la tendance s'élève à 23 % pour les allocations familiales. “La réalité, c'est qu'il y a de plus en plus de difficultés pour remplir les dossiers, explique Louis-Marie Perrin, directeur de Caritas-Alsace. Il y a de plus en plus d'informatisation de mails, de mots de passe, de capacité à écrire et à comprendre. Il y a des algorithmes qui disent si oui ou non, en cochant telle case ou telle autre, vous vous retrouvez exclus du dispositif.”
C'est une difficulté aussi pour beaucoup de nos accueillis de comprendre et de pouvoir accéder aux dispositifs d'aide, parce que c'est devenu de plus en plus complexe.
Arrivé en poste il y a un an, le jeune directeur exprime l’impuissance de son organisme à ce niveau d’accompagnement : “On fait beaucoup d'accompagnement administratif pour aider les personnes à pouvoir être soutenues par l'Etat, puisque c'est d'abord l'État qui est le premier soutien des personnes en précarité et qui tient bien son rôle sur ces aspects-là. Quant à la complexification administrative, il s’agit de choix stratégiques qui ne m'appartiennent pas. Mais il faut les accompagner.”


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