Avant le conclave, les cardinaux s’emploient à cerner les enjeux du prochain pontificat. Les congrégations générales se poursuivent dans cette perspective. Mardi 29 avril, 183 – dont 124 voteront lors du conclave –, étaient présents à Rome. Chacun d’eux a la possibilité de prendre la parole. Matteo Bruni, directeur de la salle de presse du Saint-Siège, a indiqué qu’une vingtaine d’interventions avaient été prononcées la veille, portant sur les défis auxquels l’Église est aujourd’hui confrontée. Décryptage avec Frédéric Mounier, ancien correspondant permanent de La Croix à Rome.
Parmi les différents sujets abordés figurent les questions sociales, l’individualisme, le relativisme, la solitude, le rôle central de Jésus pour répondre aux besoins du monde moderne, la quête de consolation, l’évangélisation et la responsabilité de l’Église dans la construction de la paix.
Les cardinaux ont reçu hier une première méditation, donnée par Dom Donato Ogliari, pour accompagner leurs réflexions. Il y a dressé le portrait "robot-spirituel" du futur pape, qui "devra porter avec courage et douceur le poids de l’Église, avancer sans peur face aux défis du temps présent et être, pour tous, un signe vivant de la proximité miséricordieuse du Seigneur".
La deuxième méditation, qui sera prononcée le premier jour du conclave, mercredi 7 mai, sera assurée par le cardinal italien Raniero Cantalamessa, ancien prédicateur de la Maison pontificale.
Parce qu’ils ont vécu un ou plusieurs conclaves, ils connaissent par cœur les mécanismes et les intrigues de la Curie
Les discussions se poursuivent entre les cardinaux, chacun cherchant à influer sur les autres selon sa sensibilité. La grande majorité découvre les coulisses d’une élection pontificale et connaît peu les dynamiques internes du Sacré Collège. Sur les 135 électeurs, 108 ont été créés par le pape François.
Selon Frédéric Mounier, ancien correspondant du journal La Croix à Rome, les "poids lourds" du Sacré Collège – y compris ceux qui ne votent pas – conservent une influence importante durant les congrégations générales. "Parce qu’ils ont vécu un ou plusieurs conclaves, ils connaissent par cœur les mécanismes et les intrigues de la Curie", souligne-t-il. Il cite notamment le cardinal Scola, archevêque émérite de Milan, pressenti pour la papauté en 2013 : "Il sera là, et tous les autres l’écouteront".
Certains cardinaux sont arrivés avec un programme affirmé, comme le cardinal Zen, évêque émérite de Hong Kong, qui, à 91 ans, est intervenu très tôt lors des congrégations pour dénoncer les accords diplomatiques entre le Vatican et la Chine.
Jusqu’au début du XXe siècle, certaines grandes puissances pouvaient faire savoir au Sacré Collège qu’elles s’opposaient à l’élection de tel ou tel cardinal. Cette époque est aujourd’hui révolue
Ce type de jeu d’influence ne concerne toutefois plus les chefs d’État, comme le précise Frédéric Mounier : "Jusqu’au début du XXe siècle, certaines grandes puissances – notamment la France et l’Autriche – pouvaient faire savoir au Sacré Collège qu’elles s’opposaient à l’élection de tel ou tel cardinal. Cette époque est aujourd’hui révolue".
Emmanuel Macron a déjeuné à la Villa Bonaparte le dimanche 27 avril, au lendemain des obsèques du pape François. D’après les échos recueillis, il aurait exprimé qu’il serait honoré, avec une certaine fierté naturelle, de voir le cardinal Aveline élu pape. "Mais il ne dispose d’aucune influence", répond Frédéric Mounier.
Quoi qu’il en soit, rien ne filtrera du conclave ni de la chapelle Sixtine. N’espérez ni SMS, ni notifications, ni tweets : le seul signal sera le traditionnel "Habemus papam". Les cardinaux qui révèlent des informations sur ce qui se dit durant les congrégations générales s’exposent à l’excommunication, tout comme ceux qui briseraient le secret du conclave.
La salle de presse du Saint-Siège a publié hier trois communiqués précisant les modalités d’ouverture du conclave. Le 7 mai à 10 heures, les cardinaux se rassembleront dans la basilique Saint-Pierre pour la messe votive Pro eligendo romano pontifice, présidée par le cardinal Giovanni Battistari, doyen du Sacré Collège.
Dans l’après-midi, les cardinaux électeurs se réuniront en prière dans la chapelle Pauline du palais apostolique. À 16 h 30, ils entreront en procession, au chant des Litanies des Saints, dans la chapelle Sixtine, pour entamer le conclave qui élira le prochain pontife de l’Église universelle. Les cardinaux de rite latin revêtiront la soutane rouge avec ceinture, le rochet, la mosette, la croix pectorale suspendue à un cordon rouge et or, l’anneau, la calotte et la barrette. Les cardinaux des Églises orientales porteront leurs propres habits liturgiques.
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