Les dimensions de la pauvreté
Le Secours Catholique a participé à une recherche internationale pour affiner la compréhension et la mesure de la pauvreté, pilotée par ATD Quart monde et l’université d’Oxford. Six pays sont concernés : les Etats-Unis, la Tanzanie, le Bangladesh, la France, l'Angleterre, la Bolivie. Six pays aux réalités très différentes. Une recherche très originale car elle est réalisée par des universitaires de chacun des six pays, des centaines de personnes qui vivent la pauvreté et par des professionnels du champ social : tous sont co-chercheurs, à égalité, et croisent leurs savoirs selon une méthode originale mise au point par ATD.
Des découvertes ?
La vérification scientifique , en tous cas , de ce que l’on apprend à l’écoute des personnes pauvres : la pauvreté a de multiple dimensions, qui interagissent entre elles et façonnent la vie des gens. Neuf dimensions de la pauvreté ont été identifiées.
Trois qui concernent les privations: le manque de travail décent, le revenu insuffisant et précaire, et la privation de biens essentiels comme l’eau, la santé, le logement ou l’éducation.
Trois autres concernent les relations, relations aux autres quand les regards vous jugent et stigmatisent ou les relations aux institutions qui peuvent être maltraitantes quand elles ne répondent pas ou nient vos droits et vos compétences.
Enfin trois dimensions que la recherche qualifie de "cœur de l’expérience":
1. Etre privé de son pouvoir d’agir, dépendre des autres pour tout , subir sa vie.
2. Vivre des souffrances physiques et morales auxquelles s’ajoutent la peur constante du lendemain, la honte, le sentiment de culpabilité, le découragement.
3. Se battre tous les jours pour vivre ou survivre, résister avec courage et détermination, être solidaire de plus pauvre que soit, sans que cela soit reconnu.
quelles sont les retombées pratiques grâce à cette étude ?
Si la pauvreté est multidimensionnelle, les politiques de lutte contre la pauvreté doivent l’être aussi et tenir comptent de toutes ces dimensions. Inutile, par exemple d’inviter des parents d’élèves à parler des difficultés de leur enfant si vous n’avez pas compris qu’ils ne viendront pas parce qu’ils sont paralysés par la honte. On les jugera parents indignes sans comprendre...
Donner un toit, un revenu c’est essentiel, mais redonner aux pauvres le pouvoir de maîtriser leur vie et celle de leur famille, de choisir, de donner un avis, de contribuer à la société est encore plus vital de leur point de vue. Les responsables des politiques publiques diraient alors aux personnes pauvres: "plus jamais sans vous !"
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