Les défis de Rennes pour replacer l’arbre au centre de la ville
Le CNRS, l’Université de Rennes 2 et la ville de Rennes ont lancé un laboratoire destiné à comprendre la place des arbres en ville et leur rôle dans l’adaptation au changement climatique. Quelle est l’approche pour l’avenir de la ville et de la métropole. La réponse avec son directeur des jardins et de la biodiversité, Bertrand Martin.
Collecte de feuilles d'un chêne d'Amérique situé sur un substrat laissant s'infiltrer l'eau, en ville, à Rennes © Jean-Claude MOSCHETTI / LETG / CNRS ImagesDes arbres, il y en a dans la capitale bretonne : environ 30 000 arbres. Mais vont-ils résister avec l’augmentation des températures, les périodes de sécheresse ? Pour répondre à ses questions le laboratoire commun "RENNAT : Rennes, Nature et adaptation territorial" sera précieux. Pour Bertrand Martin, c’est "un moyen de travailler plus efficacement dans le foisonnement des réflexions et des recherches qu’on peut avoir". D’autant que pour le directeur des jardins et de la biodiversité de la ville et de la métropole de Rennes, l’enjeu est simple mais de taille : "réduire la vulnérabilité du territoire".
L’objectif est donc d’augmenter la place de l’arbre dans la ville mais comment faire face au manque de foncier ? Il faut à la fois concilier les déplacements, les stationnements, les logements. "Un système racinaire a besoin de place, lance Bertrand Martin, et dans la ville il n’y en n’a pas beaucoup. Donc on ne va pas planter partout mais où ce sera efficace et pérenne".
Rogner sur la voirie pour laisser la place à l’arbre en ville
Aujourd’hui, la voirie et les parkings représentent 20 % de la surface du territoire rennais. C’est "exactement la même surface des espaces verts de la ville de Rennes", rappelle le directeur des jardins et de la biodiversité.
Des choix s’imposent, comme celui de rogner sur les stationnements ou de passer des rues à sens unique pour libérer de la place : "c’est revendiqué. Même si c’est difficile à titre individuel et je le comprends, mais l’intérêt collectif c’est de pouvoir planter et là où il y a de la place, c’est sur la voirie".
Les projets de réaménagements dans l’hyper-centre permettent également d’envisager de nouvelles plantations. Cet été démarre le chantier Découverte de la Vilaine. 200 arbres seront alors plantés le long des quais.
Privilégier des essences d’ailleurs
"Un arbre n’est efficace que s’il apporte de l’ombre et s’il joue le rôle de climatiseur", rappelle Bertrand Martin. La réflexion sur l’adaptation au changement climatique par la place de l’arbre en ville, passe aussi par le choix des essences plantées.
La clé selon Bertrand Martin, c’est la diversification : "on ne connaît pas les ravageurs de demain, quelles seront les maladies qui vont arriver, on sait que le climat sera plus sec et plus chaud donc on diversifie et on va chercher ailleurs". Plutôt que de continuer avec le chêne pédonculé, qui devrait disparaître dans les endroits les plus chauds de Bretagne, il faudra se tourner vers d’autres arbres. "Nous le remplaçons par le chêne hispanica qui vient d’Espagne, le chêne liège qui vient du Portugal ou le chêne du Mexique", égrène-t-il.
Un suivi de l’évolution des arbres par satellite
Une stratégie tournée vers l’expérience de pays plus chauds couplée à un travail sur la flore locale. Celle des vieilles haies bocagères où "il y a une diversité génétique, dans laquelle on a des chênes, des tilleuls, du cormier et au sein des cormiers, certains vont s’en sortir et pas d’autres. On va planter massivement en espérant que certains s’en sortent".
Tous ses arbres seront ensuite scrutés grâce à des nouveaux outils qui devraient être déployés, notamment via satellite.
Un suivi sera mis en place pour identifier des arbres "qui se comportent différemment des autres". Le but : détecter en temps réel de potentiels enjeux en termes de sécurité ou de problématiques sanitaires qui empêcheront les arbres de limiter les îlots de chaleur dans la ville.


Ils font l'actualité de cet été en Bretagne et sont chaque jour les invités de RCF. Des hommes et des femmes invités de la rédaction chaque jour à 7h.
