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RCF Les défis à venir d'Olaf Scholz, le nouveau chancelier allemand
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Les défis à venir d'Olaf Scholz, le nouveau chancelier allemand

Un article rédigé par Clotilde Dumay - RCF, le 8 décembre 2021  -  Modifié le 8 décembre 2021
Le dossier de la rédaction Les défis à venir d’Olaf Scholz, le nouveau chancelier allemand

Après 16 ans à la tête de l’Allemagne, Angela Merkel laisse sa place à Olaf Scholz. Le nouveau chancelier va diriger une coalition inédite, qui entame sa législature dans un contexte sanitaire inquiétant.

Porte de Brandebourg, Berlin, Allemagne. ©Unsplash Porte de Brandebourg, Berlin, Allemagne. ©Unsplash

Elle sera restée 5.860 jours au pouvoir, soit neuf de moins que le record détenu par son mentor, Helmut Kohl. Ce mercredi 8 décembre, Angela Merkel quitte la chancellerie, et laisse sa place à Olaf Scholz. À 63 ans, le social-démocrate va diriger une coalition inédite, qui doit d’ores et déjà faire face à une urgence : la situation sanitaire. Les restrictions viennent d’être durcies, en Allemagne, pour les personnes non vaccinées contre le Covid-19. Mais Olaf Scholz veut aller plus loin, et prévoit de faire adopter un projet de loi pour mettre en place une obligation vaccinale dans les prochains mois, malgré une certaine opposition. "La question de l’action de l’État sur tout ce qui est lié à la personne et au libre choix de pouvoir disposer de son corps est extrêmement sensible en Allemagne, au regard de l’Histoire du pays, note Eric-André Martin, secrétaire général du Comité d’études des relations franco-allemandes (Cerfa), à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Cela génère des oppositions dans une partie de la population, ce qui pourrait redonner de l’élan à l’Alternative pour l'Allemagne (AfD), d’autant que l’épidémie s’est particulièrement développée dans les territoires où ce parti d’extrême droite est traditionnellement fort."

 

Modernisation et environnement

 

Le nouveau gouvernement va donc être jugé, d’entrée, sur sa gestion de la crise sanitaire. Mais la coalition dirigée par Olaf Scholz s’est, plus largement, accordée sur un vaste programme de 177 pages, qui a officiellement été approuvé, ces derniers jours, par les sociaux-démocrates, les libéraux et les verts. Cet accord donne, justement, une place importante à l’environnement, notamment pour développer les énergies renouvelables, et sortir du charbon dès 2030, et non plus dès 2038. "L’idée qu’Angela Merkel n’a pas suffisamment investi dans l’avenir et les infrastructures, c’est un constat partagé par tous les partis, souligne Alexandre Robinet-Borgomano, responsable du programme Allemagne à l’Institut Montaigne. Mais ce qui fait la particularité du nouveau gouvernement, c’est la nécessité d’accompagner, dans la durée, les catégories ou régions les plus fragiles qui vont être impactées négativement par cette transformation. La singularité des sociaux-démocrates, c’est d’éviter un progrès à marche forcée, quitte, éventuellement, à ralentir ce progrès."

 

Un gouvernement pro-européen

 

Le programme validé par la coalition contient aussi d’importantes mesures sociétales : droit de vote dès 16 ans, légalisation du cannabis ou encore salaire minimum horaire à 12 euros, contre 9,6 actuellement. En politique étrangère, les négociations ne seront sans doute pas faciles avec ce nouveau gouvernement, concernant le pacte de stabilité qui prévoyait de limiter le déficit des États européens à 3% du PIB, avant d’être suspendu pour faire face à la situation sanitaire. Mais cette nouvelle coalition est malgré tout très pro-européenne. "Reste à savoir comment elle va matérialiser cet engagement sur des questions relativement difficiles, d’après Eric-André Martin. Par exemple, il peut y avoir un conflit avec certains pays, dont la France, autour du nucléaire, car le modèle allemand est singulier. Et puis, il y aura de potentielles tensions avec la Pologne et la Hongrie sur l’État de droit."

 

Une coalition inédite qui va devoir tenir

 

La politique européenne allemande dépendra donc, aussi, des autres partenaires, et notamment du prochain président français… Et puis de la survie-même de cette coalition inédite, surnommée "feu tricolore" : rouge pour les sociaux-démocrates, jaune pour les libéraux et vert pour les écologistes. Trois partis qui ne gouvernement pas ensemble, habituellement. "C’est une coalition de bonne volonté, pour avancer ensemble et ne pas freiner l’Allemagne, reconnaît Alexandre Robinet-Borgomano. Mais c’est un unanimisme de façade, une juxtaposition des différentes visions qui n’est pas exempte de contradictions. On peut considérer que les sujets problématiques ont été mis sous le tapis, notamment concernant le gazoduc Nord Stream 2. C’est un sujet de tensions car il est soutenu par les sociaux-démocrates, alors que les libéraux et les verts s’opposent à sa mise en service." Les égos des différents leaders des partis pourraient aussi fragiliser cette entente. Mais pour l’instant, c’est bien le social-démocrate, Olaf Scholz, qui s’installe à la chancellerie.

 

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Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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