Retour sur l'actualité de la semaine. Stéphanie Gallet et ses invités commentent la victoire d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen, la difficile mise en place du front républicain, les stratégies des deux adversaires et la décomposition du paysage politique français.
Finalement ce n’était une surprise pour personne, vue la relative indifférence dans laquelle s’est déroulé l’arrivée de Marine Le Pen au premier tour. Pour ceux qui se souviennent de 2012, le contraste est saisissant. On a beaucoup parlé de l'entreprise de "dédiabolisation" du FN: est-il devenu un parti comme les autres? "Non, répond Frédéric Casadeus, le FN n'est pas comme les autres, il reste différent par ses pratiques et son objectif. Le fond c'est quand même le rejet de l'autre."
De son côté, Anne Ponce (Pelerin) livre son analyse du vote FN "ça n'est pas un vote de protestation comme cela a pu l'être." Il faut donc s'intéresser aux électeurs, et la différence par rapport à 2002, c'est "qu'il est plus difficile aujourd'hui pour les gens qui n’ont pas leur candidat au 2e tour de voter Macron, que voter Chirac en 2002." Depuis Rome, on regarde cette élection avec une certaine inquiétude explique Monique Beaujard. Car la victoire du Front National pourrait remettre en cause la construction européenne.
Leur défaite annoncée, Benoît Hamon et François Fillon ont aussitôt appelé à voter pour Emmanuel Macron. Pour les autres c’est plus compliqué et le front républicain a bien du mal à s’imposer. Du côté des syndicats, à la différence de 2002 il n’y aura pas de défilé unitaire pour le 1er mai.
La Conférence des Evêques de France a publié un communiqué au soir du 1er tour, sans consigne de vote. "ça n’est pas très satisfaisant comme texte" dit François Euvé. "Les débats sur la famille ont polarisé les choses" regardons plutôt le programme rappelle-t-il, avant de poser une question: "Le FN est-ce un parti fidèle à l’évangile?"
Auteure d’une tribune publiée sur La Croix, Monique Baujard explique que pour elle "les évêques ne donnent pas de consignes de vote, ils respectent la conscience de chacun." Pour autant, elle rappelle que certains évêques ont pris la parle individuellement pour expliquer pourquoi ils ne voteront pas pour Marine Le Pen.
Anne Ponce veut nuancer le propos "on voit ce que les éveques ont voulu faire, mais les gens dont les chrétiens ont besoin de parole claires." La journaliste a pris position dans l’edito du Pèlerin "On ne donne pas de consigne de vote" rappelle-t-elle "j’ai beaucoup réfléchi, il y a des moments où il faut dire non. Et là, c’est le moment."
Mais comment comprendre que certains électeurs refusent de voter pour Emmanuel Macron ? "On élit pas un monarque mais un président pour 5 ans, et le gouvernement relève du Parlement, rappelle François Euvé (Etudes), on élit un président pour 5 ans. Ensuite il va y avoir des législatives, avec des débats sur les grandes questions. Or qui permet la tenue de ces débats? Quand on compare, là aussi il n'y a pas d'hésitation!"
A la lecture du programme du candidat Macron, Frédéric Casadesus note "pour les protestants il y a une sorte de familiarité. On voit un candidat qui dit « le problème n’est pas la France mais le manque de confiance ». oui il est très libéral sur le plan économique mais il se veut protecteur sur le terrain social." Pour Frédéric Casadesus, si Emmanuel Macron s'inspire bien de l'Europe du Nord pour "tisser un filet de sécurité" il ne pourra pas l'appliquer pleinement en France, "il aura des aménagements."
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